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vendredi 13 mars 2015

Ecoute François et Benoît.

Evangile : « Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur : tu l’aimeras » (Mc 12, 28b- 34)

Ecoute d'abord le Seigneur ton Dieu qui veut passer par François, Benoît, JeanPaul II et par chaque baptisé. Les lectures de ce matin, psaume compris, mentionnent 8 fois le nom de Dieu, + le Seigneur et les dieux. L'Evangile nous a relaté la rencontre de Jésus et d'un scribe fort savant et studieux. Le dialogue a ce grand mérite de nous donner pour ainsi dire un condensé de la Révélation dans la première Alliance, une sorte de "digest". L'intention du scribe est délicate à discerner, mais il recherchait la vérité, ce qui lui vaut un compliment de Jésus. Il aime les chercheurs de vérité. Il ne lui manque qu'un pas à franchir : reconnaître celui qui est en face de lui, et poser un acte de foi : "Tu es le Fils de Dieu".

"Ecoute Israël" aime le Seigneur ton Dieu, soit connecté avec lui (le mot est à la mode).

Notre Pape François a fait une excellente "audience" (il ne s'agit pas de l'audimat, mais de l'audience du mercredi), dans laquelle il relevait l'importance des personnes âgées. Les anciens doivent aimer les plus jeunes dit saint Benoît dans sa règle. Le pape les invite à faire de même et à prier pour eux, à l'exemple de l'ancien pape Benoît. Pourquoi pas aussi leur apprendre à "se connecter" à Dieu, à prier, à l'écouter? A écouter sa parole? Elle agit par elle-même mais Dieu veut avoir besoin d'une médiation humaine. La formulation est curieuse, mais c'est bien lui qui pose les règles de son action, sa toute-puissance va jusque là et même jusqu'à l'Incarnation. Il veut fonctionner dans les limites de sa création pour la conduire au-delà, jusqu'à son ultime migration qui sera une complète transformation. "Ecoute Israël"... Il veut t'amener à devenir presque comme Lui. Pas à passer dans le virtuel, mais en Lui, avec Lui.

L'encyclique Lumen Fidei parle longuement de cette fameuse écoute et de sa relation avec la vision. Un peu de lecture si le coeur nous en dit  :

La foi comme écoute et vision

29. Parce que la connaissance de la foi est justement liée à l’alliance d’un Dieu fidèle, qui noue une relation d’amour avec l’homme et lui adresse la Parole, elle est présentée dans la Bible comme une écoute, et elle est associée à l’ouïe. Saint Paul utilisera une formule devenue classique : fides ex auditu, « la foi naît de ce qu’on entend » (cf. Rm 10, 17). Associée à la parole, la connaissance est toujours une connaissance personnelle, une connaissance qui reconnaît la voix, s’ouvre à elle en toute liberté et la suit dans l’obéissance. C’est pourquoi, saint Paul a parlé de « l’obéissance de la foi » (cf. Rm 1, 5 ; 16, 26) [23]. La foi est, en outre, une connaissance liée à l’écoulement du temps, dont la parole a besoin pour se dire : c’est une connaissance qui s’apprend seulement en allant à la suite du Maître ( sequela). L’écoute aide à bien représenter le lien entre la connaissance et l’amour.

Au sujet de la connaissance de la vérité, l’écoute a été parfois opposée à la vision, qui serait propre à la culture grecque. Si, d’une part, la lumière offre la contemplation de la totalité à laquelle l’homme a toujours aspiré, elle ne semble pas laisser, d’autre part, de la place à la liberté, car elle descend du ciel et arrive directement à l’œil, sans lui demander de répondre. En outre, elle semblerait inviter à une contemplation statique, séparée du temps concret dans lequel l’homme jouit et souffre. Selon cette conception, l’approche biblique de la connaissance s’opposerait à l’approche grecque, qui, dans sa quête d’une compréhension complète du réel, a lié la connaissance à la vision.

Il est clair, au contraire, que cette prétendue opposition ne correspond pas aux données bibliques. L’Ancien Testament a concilié les deux types de connaissance, parce qu’à l’écoute de la Parole de Dieu s’unit le désir de voir son visage. De cette manière, il a été possible de développer un dialogue avec la culture hellénique, dialogue qui est au cœur de l’Écriture. L’ouïe atteste l’appel personnel et l’obéissance, et aussi le fait que la vérité se révèle dans le temps ; la vue offre la pleine vision de tout le parcours et permet de se situer dans le grand projet de Dieu ; sans cette vision nous disposerions seulement de fragments isolés d’un tout inconnu.

30. La connexion entre la vision et l’écoute, comme organes de connaissance de la foi, apparaît avec la plus grande clarté dans l’Évangile de Jean. Selon le quatrième Évangile, croire c’est écouter et, en même temps, voir. L’écoute de la foi advient selon la forme de connaissance qui caractérise l’amour : c’est une écoute personnelle, qui distingue la voix et reconnaît celle du Bon Pasteur (cf. Jn 10, 3-5) ; une écoute qui requiert la sequela, comme cela se passe avec les premiers disciples qui, « entendirent ses paroles et suivirent Jésus » (Jn 1, 37). D’autre part, la foi est liée aussi à la vision. Parfois, la vision des signes de Jésus précède la foi, comme avec les juifs qui, après la résurrection de Lazare, « avaient vu ce qu’il avait fait, crurent en lui » (Jn 11, 45). D’autres fois, c’est la foi qui conduit à une vision plus profonde : « si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jn 11, 40). Enfin, croire et voir s’entrecroisent : « Qui croit en moi (…) croit en celui qui m’a envoyé ; et qui me voit, voit celui qui m’a envoyé » (Jn12, 44-45). Grâce à cette union avec l’écoute, la vision devient un engagement à la suite du Christ, et la foi apparaît comme une marche du regard, dans lequel les yeux s’habituent à voir en profondeur. Et ainsi, le matin de Pâques, on passe de Jean qui, étant encore dans l’obscurité devant le tombeau vide, « vit et crut » (Jn 20, 8) ; à Marie de Magdala qui, désormais, voit Jésus (cf. Jn20, 14) et veut le retenir, mais est invitée à le contempler dans sa marche vers le Père ; jusqu’à la pleine confession de la même Marie de Magdala devant les disciples : « j’ai vu le Seigneur ! » (cf. Jn 20, 18).

Comment arrive-t-on à cette synthèse entre l’écoute et la vision ? Cela devient possible à partir de la personne concrète de Jésus, que l’on voit et que l’on écoute. Il est la Parole faite chair, dont nous avons contemplé la gloire (cf. Jn 1, 14). La lumière de la foi est celle d’un Visage sur lequel on voit le Père. En effet, la vérité qu’accueille la foi est, dans le quatrième Évangile, la manifestation du Père dans le Fils, dans sa chair et dans ses œuvres terrestres, vérité qu’on peut définir comme la « vie lumineuse » de Jésus[24]. Cela signifie que la connaissance de la foi ne nous invite pas à regarder une vérité purement intérieure. La vérité à laquelle la foi nous ouvre est une vérité centrée sur la rencontre avec le Christ, sur la contemplation de sa vie, sur la perception de sa présence. En ce sens, saint Thomas d’Aquin parle de l’oculata fides des Apôtres — une foi qui voit ! — face à la vision corporelle du Ressuscité[25]. Ils ont vu Jésus ressuscité avec leurs yeux et ils ont cru, c’est-à-dire ils ont pu pénétrer dans la profondeur de ce qu’ils voyaient pour confesser le Fils de Dieu, assis à la droite du Père.

31. C’est seulement ainsi que, à travers l’Incarnation, à travers le partage de notre humanité, pouvait s’accomplir pleinement la connaissance propre de l’amour. La lumière de l’amour, en effet, naît quand nous sommes touchés dans notre cœur ; nous recevons ainsi en nous la présence intérieure du bien-aimé, qui nous permet de reconnaître son mystère. Nous comprenons alors pourquoi, avec l’écoute et la vision, la foi est, selon saint Jean un toucher, comme il l’affirme dans sa première lettre : « (…) ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux (…) ce que nos mains ont touché du Verbe de vie » (1 Jn 1, 1). Par son Incarnation, par sa venue parmi nous, Jésus nous a touchés, et, par les Sacrements aussi il nous touche aujourd’hui ; de cette manière, en transformant notre cœur, il nous a permis et nous permet de le reconnaître et de le confesser comme le Fils de Dieu. Par la foi, nous pouvons le toucher, et recevoir la puissance de sa grâce. Saint Augustin, en commentant le passage sur l’hémorroïsse qui touche Jésus pour être guérie (cf. Lc 8, 45-46), affirme : « Toucher avec le cœur, c’est cela croire » [26]. La foule se rassemble autour de Lui, mais elle ne l’atteint pas avec le toucher personnel de la foi, qui reconnaît son mystère, sa Filiation qui manifeste le Père. C’est seulement quand nous sommes configurés au Christ, que nous recevons des yeux adéquats pour le voir.

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