25 août au Carmel, 30 août en France (à cause de S. Louis), ou 26 août (sa mort).
Homélie du Pape François pour sa canonisation :
Un aspect essentiel du témoignage à rendre au Seigneur ressuscité est l’unité entre nous, ses disciples, à l’image de celle qui subsiste entre Lui et le Père. Et la prière de Jésus à la veille de sa passion résonne encore aujourd’hui dans l’Évangile : « Qu’ils soient un comme nous-mêmes » (Jn 17, 11). De cet amour éternel entre le Père et le Fils, qui se répand sur nous par l’Esprit Saint (cf. Rm 5, 5), notre mission et notre communion fraternelle prennent de la force ; de là jaillit toujours nouvelle la joie de suivre le Seigneur sur la voie de sa pauvreté, de sa virginité et de son obéissance ; et ce même amour appelle à cultiver la prière contemplative. Sœur Marie Baouardy l’a expérimentée de manière très élevée, qui humble et illettrée, a su donner des conseils et des explications théologiques avec une grande clarté, fruit du dialogue continuel avec le Saint Esprit. La docilité à l’Esprit Saint l’a rendue aussi instrument de rencontre et de communion avec le monde musulman.
SAINTE MARIE
DE JÉSUS CRUCIFIÉ, vierge.
Mémoire facultative
Mariam Baouardy est
née dans un village de Galilée en 1846. Fiancée de force à 12 ans, son refus
lui vaut une blessure mortelle au cou. Guérie miraculeusement, elle devient servante
dans des familles d’Alexandrie, Jérusalem, Beyrouth; après un court essai
infructueux de vie religieuse à Marseille, elle entre comme sœur converse au Carmel
de Pau à 21 ans sous le nom de Marie de Jésus Crucifié. Elle participe à la
fondation du Carmel de Mangalore (Inde) puis à celui de Bethléem. Les nombreux
phénomènes "mystiques" qui émaillent sa vie ne doivent pas nous
cacher l'essentiel: une merveilleuse humilité une très grande charité
fraternelle, une totale remise de soi entre les mains de l'Esprit Saint.
ANTIENNE D'OUVERTURE cf. Ct 4, 8, 9
Viens du Liban, mon épouse, viens du Liban. Tu as séduit mon
cœur, ma sœur, mon épouse, tu as ravi mon cœur.
PRIÈRE
Dieu, Père des miséricordes et de toute consolation, tu as
conduit sainte Marie de Jésus Crucifié, humble fille de la Terre
Sainte, à la contemplation des mystères de ton Fils et tu as fait d'elle le
témoin de l'amour et de la joie de l'Esprit Saint; Par son intercession,
accorde-nous, en communiant aux souffrances du Christ, d'exulter de joie dans
la révélation de ta gloire. Par Jésus Christ.
PRIÈRE SUR LES OFFRANDES
Accepte, Seigneur, nos humbles hommages ; nous te les
offrons en mémoire de sainte Marie de Jésus Crucifié ; Par le
sacrifice de ton Fils, transforme-nous en ardents apôtres de ton amour. Lui qui.
ANTIENNE DE COMMUNION cf. Lc 10, 42
La vierge sage a choisi la meilleure part, elle ne lui sera
pas enlevée.
PRIÈRE APRÈS LA COMMUNION
Renouvelés par la participation au mystère divin, nous te
prions, Seigneur notre Dieu, Qu'à l'exemple de sainte Marie de Jésus
Crucifié, en portant dans notre corps mortel la passion de ton Fils, nous nous
efforcions de ne nous attacher qu'à toi seul. Par Jésus.
LA DOCUMENTATION CATHOLIQUE • 18 décembre 1983 • N° 1864
La « petite arabe », signe de réconciliation sur la Terre sainte
Homélie pour la béatification de la carmélite Mariam
Baouardy
Le dimanche 13
novembre, le Pape a procédé dans la basilique Saint-Pierre à la béatification
de Sœur Marie de Jésus Crucifié (Mariam Baouardy), née le 5 janvier 1846 à
Abellin (Zabulon), entre Nazareth et le Mont Carmel, dans une famille d'Arabes
chrétiens de rite grec-melchite, entrée au Carmel à Pau en 1867, et morte le 26
août 1878 au Carmel de Bethléem, dont elle avait animé la fondation. Parmi les
concélébrants se trouvaient le patriarche melchite d'Antioche Maximos V Hakim ;
le patriarche latin de Jérusalem, Giacomo Beltritti ; le cardinal Ballestrero,
ancien supérieur général des Carmes et son successeur actuel, le P. Felipe
Sainz de Baranda. Le Pape a prononcé l'homélie suivante (1) :
1. « Écoute, ma
fille... » (Ps 44-45),
Aujourd'hui, l'Église applique cette parole du psaume à Sœur
Marie de Jésus Crucifié, carmélite déchaussée, née sur la terre qui vit le
déroulement de la vie de Jésus de Nazareth, terre située dans une région qui
continue ces temps-ci d'être au centre de très graves préoccupations et de
douloureuses tensions.
« Écoute, ma fille. » Voici que dans la mémoire du Peuple de
Dieu s'inscrit profondément la voie de Sœur Marie vers l'Époux divin.
Aujourd'hui, l'Église la couronne dans l'acte de la béatification. Cet acte
veut rendre témoignage à la particulière « beauté » spirituelle de cette fille
de la Terre sainte : une « beauté » qui a mûri dans l'éclat du mystère de la
Rédemption : dans le rayonnement de la naissance et de l'enseignement, de la
croix et de la résurrection de Jésus-Christ.
La liturgie dit à la nouvelle bienheureuse : « Il est ton
Seigneur, prosterne-toi devant lui. » (Ps 44-45, 12.)
Et dans le même temps, avec les mots du même psaume, la
liturgie manifeste la joie pour l'élévation aux autels de l'humble servante de
Dieu.
« La fille du roi est toute splendeur, vêtue de pierreries
et de tissu d'or. » (Ps 44-45, 14.) Tissu d'or de la foi, de l'espérance et de
l'amour ; des vertus théologales et morales qu'elle a exercées à un degré
héroïque comme fille du Carmel.
2. En cette Année que l'Église vit comme Jubilé
extraordinaire de la Rédemption, bien des fois nous nous sommes réunis autour
de personnages qui sont parvenus à la gloire des autels. C'est un signe
particulier de la puissance inépuisable de la Rédemption, qui opère dans les
âmes des serviteurs et des servantes de Dieu, leur permettant de progresser
avec ténacité sur la voie de la vocation à la sainteté.
Cette vocation a son commencement éternel dans le dessein
salvifique de la Sainte Trinité, dont parle la deuxième
(1) Texte italien dans
l'Osservatore Romano des 14-15 novembre. Traduction, titre, sous-titres et note
de la DC. Orpheline à 2 ans, Mariam Baouardy fut emmenée en Égypte par un de
ses oncles. Elle servit très jeune comme domestique dans des familles de chrétiens
à Alexandrie, à Jérusalem, à Beyrouth, et enfin à Marseille où elle arriva à
l'âge de 17 ans. Presque illettrée, elle entra à 21 ans cornme Sœur converse au
Carmel de Pau, où elle prit le nom de Sœur Marie de Jésus Crucifié. Trois ans
plus tard, en 1870, elle fit partie d'un groupe de Sœurs envoyées pour fonder
le Carmel de Mangalore, en Inde. Revenue à Pau en 1872, elle repartit en 1875
pour la fondation du Carmel de Bethléem, dont elle choisit l'emplacement,
l'architecture, et dirigea la construction. Elle œuvrait pour la fondation du
Carmel de Nazareth, lorsqu'elle mourut à la suite d'un accident. Toute sa vie a
été marquée par des phénomènes mystiques extraordinaires.
1145
lecture de la messe : « Ceux que d'avance il a connus, il
les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, afin que
celui-ci soit le premier-né d'une multitude de frères ; ceux qu'il a
prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu'il a appelés, il les a aussi
justifiés ; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés. » (Rm 8,
29-30.)
Cette grandiose vision paulinienne nous fait pénétrer, pour
ainsi dire, dans l'intimité de la pensée de Dieu, saisissant en quelque façon
la logique du plan de salut, dans l'enchaînement des actions mystérieuses qui
conduisent à sa pleine réalisation.
Ainsi donc, la vocation à la sainteté est le dessein éternel
de Dieu envers l'homme : aujourd'hui, envers notre sœur Marie de Jésus
Crucifié.
La sainteté des
petits de l'Évangile
3. La vocation à la sainteté, en outre, est un fruit de la
Révélation et de la connaissance. L'Évangile d'aujourd'hui en parle en termes
pénétrants, Jésus dit : « Je te bénis, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre,
parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et les as
révélées aux plus petits. Oui, Père, c'est ainsi que tu en as disposé dans ta
bienveillance. Tout m'a été remis par mon Père. Nul ne connaît le Fils, si ce
n'est le Père : et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils et celui à qui le
Fils veut le révéler. » (Mt 11, 25-27.)
La véritable sagesse et intelligence suppose la « petitesse
», comprise comme docilité à l'Esprit-Saint. Elle seule rend possible, dans le
Fils, par le Fils et avec le Fils, de connaître les mystères du Père, qui
restent par contre ignorés des savants et des intelligents de ce monde,
aveuglés par la folie et l'orgueil (cf. 1 Co. 1, 18-21).
La vocation à la sainteté est accomplie par ces « petits »
de l'Évangile qui acceptent de tout leur cœur la Révélation divine. Grâce à
cela, ils « connaissent le Fils », et grâce au Fils ils « connaissent le Père
». Une telle connaissance en fait, est en même temps l'acceptation de la
vocation : « Venez à moi... Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi... »
(Mt 11, 28-29).
Et voilà comment on va au Christ, précisément comme est
venue à lui Sœur Marie de Jésus Crucifié : en prenant sur soi son joug, en
apprenant de lui, parce qu'il est doux et humble de cœur, et en trouvant le
repos de son âme (cf. Mt 11, 28-29).
4. Et tout cela est l'œuvre de l'amour. La sainteté repose,
avant tout, sur l'amour. Elle en est le fruit mûr. Et dans la liturgie
d'aujourd hui, l'amour est exalté de façon particulière :
— « L'amour fort comme la mort » ;
— « L'amour que les grandes eaux ne peuvent éteindre » ;
— « L'amour, en échange duquel il faut donner toutes les
richesses de sa maison. » (Cf. Ct 8, 6-7.)
Ainsi en parle l'auteur du Cantique des Cantiques.
Et saint Paul, dans l'épître aux Romains, enseigne que «
tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28 ).
Précisément, cette coopération trace la voie de la sainteté,
jour après jour, dirais-je, pendant toute la vie. Sur cette voie se réalise la
sainteté comme vocation éternelle de ceux « qui ont été appelés selon le
dessein de Dieu » (cf. Rm 8, 28).
5. Les lectures de la liturgie d'aujourd'hui sont un
splendide commentaire de la vie de Sœur Marie, née près de Nazareth et morte au
Carmel de Bethléem à 33 ans. Son amour pour le Christ a été fort comme la mort
; les épreuves les plus douloureuses ne l'ont pas éteint, mais au contraire
l'ont purifié et renforcé. Et elle a tout donné pour cet amour.
Toute la vie de la petite Arabe, remplie d'extraordinaires
dons mystiques, a été, dans la lumière de l’Esprit-Saint, la réponse consciente
et irrévocable à une vocation de sainteté, c'est-à-dire à ce projet éternel de
salut, dont parle saint Paul, que la miséricorde divine a déterminé pour chacun
de nous.
Toute sa vie est fruit de cette suprême « sagesse »
évangélique dont Dieu se plaît à enrichir les humbles et les pauvres, pour
confondre les puissants. Dotée d'une grande limpidité intérieure, d'une vive
intelligence naturelle, et de cette imagination poétique qui caractérise les
peuples sémites, la petite Marie n'eut pas l'occasion d'accéder à de hautes
études, mais cela ne l'empêcha pas, grâce à ses vertus éminentes, d'être
remplie de cette « connaissance » qui revêt la plus haute valeur, car le Christ
est mort en croix pour nous la donner : la connaissance du mystère trinitaire,
perspective si importante pour cette spiritualité chrétienne orientale, dans
laquelle la petite Arabe avait été éduquée.
Le don d'un peuple
souffrant à l'Église universelle
6. Comme on le lit dans le décret de béatification, «
l'humble servante du Christ, Marie de Jésus Crucifié, appartenant par la race,
par le rite, par sa vocation et par ses pérégrinations aux peuples de l'Orient,
et en étant en quelque façon la représentante, est comme un don fait à l'Église
universelle par ceux qui, dans les tristes conditions de luttes et de sang dans
lesquelles ils se trouvent, recourent spécialement maintenant avec au cœur une
grande confiance, à sa fraternelle intercession, dans l'espérance qu'aussi,
grâce aux prières de la servante de Dieu, seront enfin rétablies la paix et la
concorde sur ces terres où « le Verbe s'est fait chair » (Jn l, 14), lui qui
est lui-même notre paix » (2).
La bienheureuse Marie est née en Galilée. C'est pourquoi
notre pensée priante veut aller aujourd'hui de façon spéciale vers la terre où
Jésus a enseigné l'amour et est mort pour que l'humanité obtienne la
réconciliation. « Cette terre — comme je le rappelais déjà en une autre
occasion — voit depuis des dizaines d'années deux peuples s'opposer dans un
antagonisme jusqu'à présent irréductible. Chacun d'eux a une histoire, une
tradition, une condition propre, qui semblent rendre un accord difficile. »
(Allocution à Y Angélus du dimanche 4 avril 1982.)
Aujourd'hui plus que jamais les menaces qui pèsent nous
incitent à faire de l'amour et de la fraternité la règle fondamentale des
rapports sociaux et internationaux, dans un es-
(2) Une des intentions de la prière universelle était ainsi
formulée : « Prions pour les persécutés, pour ceux qui n'ont pas de maison, de
nourriture, de travail, pour ceux qui souffrent dans leur âme et dans leur
corps, pour les prisonniers et pour tous ceux qui souffrent les horreurs de la
guerre, particulièrement au Proche-Orient : afin que leur passion, unie à celle
du Christ, hâte l'avènement d'une paix véritable et durable. » À l'offertoire,
l'un des dons faits au Pape était une crèche sculptée dans du bois d'olivier de
Bethléem.
1146
esprit de réconciliation et de pardon, en nous inspirant du
style de vie dont la bienheureuse Marie de Jésus Crucifié donne l'exemple, qui
vaut non seulement pour son peuple mais pour le monde entier. Puisse ce nouveau
style de vie nous donner une paix fondée non plus sur la terreur mais sur la
confiance réciproque.
7. Nous nous réjouissons aujourd'hui, près de l'autel de la
Confession de saint Pierre, pour la béatification de Sœur Marie. Nous inscrivons
cette joie au compte de l'Année jubilaire de la Rédemption.
Avec le Christ, nous louons le Père parce qu'il a révélé le
mystère de la vérité et de l'amour devant les yeux de l'âme de Sœur Marie de
Jésus Crucifié, et l'a fait participer à la gloire de son royaume.
Prions avec le psalmiste la nouvelle bienheureuse, afin que
le Seigneur accorde la paix à sa terre : « Demandez la paix pour Jérusalem :
paix à ceux qui t'aiment, paix dans tes murs, sécurité sur tes remparts. Pour
mes frères et mes amis je dirai : la paix soit sur toi. À cause de la maison du
Seigneur notre Dieu, je demanderai pour toi le bonheur. » (Ps 121/122, 6-9.)
Fruit de la Terre sainte et fille de l'Église
Allocution aux pèlerins des patriarcats d'Antioche et de
Jérusalem
Le lundi 14 novembre,
le Pape a reçu en audience les pèlerins venus de Terre sainte, de Jordanie et
du Liban pour participer à la liturgie de béatification de la Sœur Mariam
Baouardy, conduits par le patriarche grec-melchite d'Antioche Maximos V, le
patriarche latin de Jérusalem Giacomo Beltritti, et plusieurs évêques des deux
rites. Il leur a adressé l'allocution suivante (1) :
BÉATITUDES,
CHERS FRÈRES ET SŒURS,
1. La béatification de Sœur Marie de Jésus Crucifié, qui
vous a réunis à Rome de tous les pays du Proche-Orient, a sûrement été pour
vous tous un grand moment de joie, une source de réconfort, une invitation au
courage. Ce n'est pas une jubilation passagère : c'est une source de grâces qui
demeure ouverte. L'Église qui est à Rome a participé à cette joie et, j'ose
dire, l'Église universelle, en regardant avec émotion cette petite fleur de la
Terre sainte parvenue en peu de temps à l'épanouissement mystique, à la
sainteté. Je suis heureux de me retrouver ce matin au milieu de vous, pour vous
saluer encore avec toute mon affection, pour converser avec vous, comme en
famille, tout en méditant encore sur le
(1) Texte français
dans l'Osservatore Romano des 14-15 novembre. Titre et sous-titres de la DC.
sens de cette béatification, pour en recueillir les fruits.
La vie et les vertus de Mariam Baouardy vous sont maintenant
suffisamment connues et je les ai évoquées dans la solennelle liturgie d'hier.
Mais il est bon de nous redire ce matin à quel point cette « petite Arabe », a
été un témoin privilégié de Jésus, de l'amour de l'Église, de l'action pour la
paix. Et vous comprendrez mieux encore le prix que l'Église attache à la vie de
vos communautés chrétiennes en Terre sainte et autour de la Terre sainte.
La petite sœur de
tous
2. Mariam est le fruit de cette Terre sainte. En elle, tout
nous parle de Jésus. Et d'abord les lieux où elle a vécu : Nazareth, près de
laquelle elle est née, Bethléem où elle a consommé son sacrifice, le Mont
Carmel, symbole de la vie de prière solitaire qui a fourni le cadre de sa vie
religieuse. Mais surtout, elle nous rend proches du Calvaire, puisqu'elle n'a
cessé de porter dans sa vie la croix de Jésus, tout en choisissant son nom de
crucifié. Les béatitudes trouvent en elle leur accomplissement. À la voir, on
croit entendre Jésus nous dire : bienheureux les pauvres, bienheureux les
humbles, bienheureux ceux qui ne cherchent qu'à servir, bienheureux ceux qui
font la paix, bienheureux ceux qui sont persécutés. Toute sa vie traduit une
familiarité inouie avec Dieu, l'amour fraternel des autres, la joie, qui sont
les signes évangéliques par excellence.
3. Sœur Marie de Jésus Crucifié se montre en même temps une
fille hors pair de l'Église. Elle reflète les différents visages de l'Église :
l'Église grecque-melkite dans laquelle elle a été baptisée et élevée, l'Église
latine où elle a été initiée à la vie carmélitaine. En dehors de son pays
natal, elle s'est insérée dans les communautés chrétiennes du Liban, de
l'Égypte, de la France, de l'Inde. Elle a partagé l'ardeur missionnaire de
l'Église, sa soif d'unité, l'attachement à ses pasteurs et notamment au Pontife
romain Pie IX. Car l'Église doit être une dans la diversité et dans la richesse
des langues, des cultures et des rites.
4. Enfin, elle qui a été souvent malmenée par les événements
et par les gens, elle n'a cessé de semer la paix, de rapprocher les cœurs. Elle
se voulait « la petite sœur de tous ». Comme son exemple est précieux dans
notre monde déchiré, divisé, qui sombre si facilement dans l'injustice et la
haine, sans tenir compte des droits des autres à une existence digne et
paisible !
L'Église entière doit
vous soutenir
5. Voilà, chers amis, celle qui intercède maintenant pour
nous auprès de Jésus. Aujourd'hui dans les divers pays du Proche-Orient, vous
vivez dans un état de paix très fragile, et parfois même de guerre. C'est une
grande détresse pour tous les habitants de cette région, et le monde entier
s'inquiète de leur sort, sans parvenir à les aider efficacement en respectant
leur liberté.
Je ne veux pas aborder ce matin les aspects politiques du
problème. Mais à vous, catholiques grecs-melkites, latins ou d'autres rites qui
partagez les épreuves de tous vos compatriotes,
1147
chrétiens, juifs ou musulmans, je veux redire la sollicitude
du Saint-Siège, et ses fervents encouragements. Comme au temps où saint Paul
plaidait pour les « saints de Jérusalem », l'Église entière doit vous soutenir.
C'est un devoir d'amour fraternel envers vous. C'est une nécessité pour la vie,
le témoignage et l'honneur de l'ensemble des chrétiens.
Car, si importants que soient en Terre Sainte les vestiges
de l'époque de Jésus, les souvenirs historiques, les monuments de l'art sacré
que les communautés chrétiennes ont édifiés ou reconstruits au cours des
siècles, ce qui importe le plus, c'est qu'y resplendisse l'Église vivante, le
temple qui est fait des membres du corps du Christ témoignant aujourd'hui même
de la foi, de la prière et de l'amour, selon le message de Jésus de Nazareth,
ou plutôt assurant par là même la présence du Christ Jésus, mort et ressuscité.
Être au premier rang
des artisans de paix
6. C'est là votre honneur. Et je vous encourage à garder et
à manifester votre attachement indestructible à cette terre qui est vôtre, où
vous avez vos racines, comme Mariam Baouardy qui y est revenue pour fonder un
Carmel à Bethléem et en projeter un autre à Nazareth. Cela entraîne une
exigence particulière, évangélique. Vous devez être au premier rang des
artisans de paix, animés des sentiments d'ouverture, d'estime, d'amour, de
pardon, de réconciliation envers tous les hommes qui sont liés eux aussi à
cette terre, chrétiens, juifs et musulmans. En ce pays, ne l'oubliez jamais,
vous représentez Jésus et son amour universel.
Que la bienheureuse Marie de Jésus Crucifié vous accompagne
sur ce chemin difficile ! Que la très sainte Vierge Marie, mère de Jésus, vous
aide à devenir chaque jour davantage des disciples de son divin Fils ! Et que
Dieu tout-puissant vous bénisse, Père, Fils et Saint-Esprit, qu'il vous garde
dans la paix, qu'il permette à chacune de vos patries de trouver le chemin de
la véritable paix et qu'il aide chacune de vos communautés chrétiennes,
grecque-melkite et latine — dont je salue avec joie les patriarches et les
évêques — à épanouir le don de Dieu qui leur a été confié !
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