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samedi 27 février 2016

En attendant le saint jour de Pâques




Comment se fait-il que Noël survienne un 25 décembre, l'Annonciation un 25 mars et que cette année le Vendredi Saint et l'Annonciation se chevauchent pour ainsi dire ? En Occident et en particulier en Afrique du Nord, les Pères à commencer par Tertullien paraissent être les auteurs réfléchis de cette expression des premiers calendriers liturgiques. Il en est un qui à Rome remontant à la fin du 3ème siècle fixe la mort du Christ un 25 mars. Hippolyte de Rome (interpolation ancienne?), à la même époque mentionne la date du 25 décembre comme étant celle de Noël et le 25 mars la mort de Jésus. Le Christ est venu en notre chair, a donné sa vie et est ressuscité à des dates précises. A notre humble niveau ne pouvant que les conjecturer, mieux vaut alors se consacrer et s'intéresser à la symbolique, au sens spirituel des dates. Le Père Roland Bresson dans une brochure de présentation du Jubilé du Puy, après d'excellentes et savantes explications nous offre cette synthèse.

En un seul jour : celui de sa conception et celui de sa mort, Jésus assume exactement la condition humaine. En cette coïncidence des deux mystères fondamentaux du projet de Dieu, l’homme peut contempler l’Emmanuel qui a pris chair de sa chair pour lui. Il est né comme nous, pour que nous renaissions dans le baptême comme lui, et il est mort comme nous, pour que nous ressuscitions comme lui. Il s’est fait homme pour que nous devenions des dieux… L’Incarnation est tout entière pour la déification de l’homme qui se réalise par la mort et la résurrection du Christ. Cette entrée historique dans la vie et la mort humaines, fait de Jésus-Christ non pas un héros hors d'atteinte et seulement admirable. Il est le Dieu qui affronte l’ennemie héréditaire de l’homme : la mort. Et il affronte celle-ci sur son terrain : en mourant dans la souffrance et le don total de lui-même, pour que sa divinité triomphe de la mort et ouvre à tout homme le chemin de sa victoire sur la mort.
Comment une telle mystique de la date du 25 mars, un si saisissant rappel du cœur du message chrétien, se sont-ils conservés dans un seul lieu au monde : la cathédrale du Puy? Cela reste mystérieux... 

Ce que dit saint Augustin dans le de Trinitate et Questions sur l'Exode à propos de cette date :

CHAPITRE V.
LE NOMBRE SIX ET LE TEMPLE DE JÉRUSALEM.

9. On peut encore, et avec raison, appliquer ce même nombre à la résurrection du Sauveur. Car il a dit lui-même, en faisant allusion au temple de Jérusalem : « Détruisez ce temple, et je le rebâtirai en trois jours ». Mais ici le jour est pris pour l’année, selon que lui répondirent les Juifs : « On a mis quarante-six ans à bâtir ce temple (Jean, II, 19, 20 )». Or, quarante-six fois six font deux cent soixante-seize, c’est-à-dire neuf mois, et six jours qui sont eux-mêmes comptés pour un mois entier. C’est ainsi que nous disons que la mère porte l’enfant dans son sein pendant dix mois, quoique ce ne soit réellement que neuf mois et quelques jours. Tous les enfants en effet ne naissent point exactement au bout de neuf mois et six jours; mais cela arriva pour le divin Sauveur, comme nous l’atteste la tradition que l’Eglise a sanctionnée. Il fut donc conçu et il mourut le huit des calendes d’avril, en sorte que le sépulcre neuf où il fut enseveli, et où personne n’avait été mis, et qui depuis ne reçut personne, est en parfait rapport avec le sein (408) qui l’avait porté, et qui toujours resta vierge. On s’accorde également à mettre la naissance de Jésus-Christ au huit des calendes de janvier, ce qui nous donne à partir de sa conception le nombre de deux cent soixante-seize jours, nombre où six est répété quarante-six fois. Qui ne voit maintenant le rapport de ce nombre avec les années que l’on mit à bâtir le temple, puisque ce fut pendant un égal espace de jours que se forma dans le sein de Marie ce corps du Sauveur Jésus qui devait mourir sur la croix et puis ressusciter le troisième jour? Car l’évangéliste saint Jean observe expressément que « Jésus-Christ parlait du temple de son corps (Jean, II, 21 ) ». Nous entendons encore dans saint Matthieu le divin Sauveur s’exprimer avec non moins de force et d’évidence, quand il dit : « Comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine, ainsi le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (Matt., XII, 40 ).

Questions sur l’Exode, Lib. VII, II, 90: CCI 33,115-116

Or, la conception et la passion du Christ ont eu lieu dans le même mois, comme l'attestent la célébration de la Pâque et le grand jour, si connu dans les églises, consacré à la fête de sa Nativité. Venu au monde au terme des neuf mois, le huit de calendes de Janvier, il a été conçu nécessairement vers le huit des calendes d'Avril; or ce fut aussi dans ce temps qu'eut lieu sa passion, dans le lait de sa mère, c’est-à-dire au temps ou sa mère vivait encore.


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