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mardi 22 mars 2016

Mardi Saint


Evangile : « L’un de vous me livrera… Le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois » (Jn 13, 21-33.36-38)

“Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. » « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ;
tu me suivras plus tard. » Une pensée de début de commentaire : «  Ne pas se laisser arrêter ou démonter par ses propres limites, lorsque nous y sommes confrontés, par son péché même… Attendre avec confiance et persévérance le temps de Dieu et de sa miséricorde. « Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu » dit saint Benoît en finale de ses instruments des bonnes œuvres.

Quelques mots en préambule pour le mardi saint. A Rome lors des stations de carême l’Eucharistie était célébrée par le pape ce jour-là à sainte Prisque, première église sur l’Aventin, dont le titre appartint un temps à celui qui allait devenir saint Jean XXIII.
C’était la passion selon saint Marc qui était lue dans l’ancienne liturgie. Mardi Saint jour de pénitence et de célébration du sacrement de réconciliation là-bas.
C’est un jour modeste que ce troisième jour de la semaine, jour où dans la Genèse Dieu dit : Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi. Nous nous le rappellerons durant la veillée pascale.
En contraste, le mardi saint est un jour de déconstruction à lire l’Evangile d’aujourd’hui, tout paraît aller jusqu’à la mort de Dieu lui-même, dans trois autres jours.
Les camps paraissent se former pour ce dernier combat, Juda se laisse saisir par l’Esprit du mal. Saint Augustin dans son commentaire sur saint Matthieu concluait : On parle par la pensée. A-t-il été influencé par saint Jean ?
Est-ce que tout s’est passé dans un échange de regard entre Jésus et Judas? Augustin imagine ailleurs un échange de regard sauveur entre le bon larron et Jésus qui l’amène à se convertir. « Les Prophètes ne m'ont rien annoncé; mais le Seigneur, qui était devant moi, m'a regardé, et son regard a percé jusqu'au fond de mon coeur. »

Judas ne croit pas en Jésus… au contraire de Pierre, habité par une foi qui n’est pas encore purifiée.

Est-ce que Juda a seulement compris que  c’était mu par une sorte d’intuition humaine que Jésus s’était exprimé ? Était-il un de ces réalistes qui regardait Jésus comme un doux rêveur manquant de sens du concret et d’habileté ? Avait-il ressenti les paroles et l’attitude de Jésus comme une provocation et un rapport de force? Un peu de foi aurait pu le conduire à demander à Jésus sa miséricorde. Manifestement, cela lui était impossible. «La miséricorde est le propre de Dieu dont la toute-puissance consiste justement à faire miséricorde».[5] dit saint Thomas dans Misericordiae Vultus, la bulle d’indiction du Jubilé. Il faut donc croire en Dieu et en la divinité de Jésus pour la demander. Dans Dives in Misericordia, saint Jean-Paul II disait que : Le Seigneur aime Israël d'un amour d'élection particulier, semblable à l'amour d'un époux 37; c'est pourquoi il lui pardonne ses fautes, et jusqu'à ses infidélités et ses trahisons. S'il se trouve en face de la pénitence, de la conversion authentique, il rétablit de nouveau son peuple dans sa grâce 38. Dans la prédication des prophètes, la miséricorde signifie une puissance particulière de l'amour, qui est plus fort que le péché et l'infidélité du peuple élu. Cela était valable pour Juda aussi. Il n’a pas cru en celui qui était devant lui et se révélait à lui depuis trois ans. Il n’a pas cru en l’amour de celui qui était venu en sa rencontre, qui avait marché avec lui. Comment croire en sa résurrection et en la miséricorde qui lui était destinée ? Ni foi, ni espérance, ni charité. Et nous quelle est la nature de notre foi ? S’agit de formules assénées ? S’agit-il d’une foi diplomatique qui compose et qui perd sa saveur et toute valeur ? Ou s’agit-il d’une foi forte et humble, porteuse de miséricorde ?

Jésus savait que c’était son heure, celle où il allait nous sauver tous, où la miséricorde de Dieu allait nous être communiquée définitivement. Son affirmation ne manque pas de nous étonner encore après ce moment de la sortie de Juda. Humainement elle ne peut être lue que comme un échec.
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. »

Il fait allusion à la gloire de la croix, à la gloire de sa résurrection, à celle de son ascension.

C’est à cette gloire proposée à tous, par lui, avec lui et en lui, dans le pardon offert à Juda et auquel il n’a pas cru, dans le pardon offert à Pierre et en lequel il a cru, dans le pardon offert à chacun de nous qu’il faut nous attacher. « Pierre m’aimes-tu ? » « Pierre m’aimes-tu vraiment ? ».

Près de la croix, Marie avec Jean, le disciple de l’amour, (après avoir été témoin du drame des trahisons) est témoin des paroles de pardon qui jaillissent des lèvres de Jésus. Le pardon suprême offert à qui l’a crucifié nous montre jusqu’où peut aller la miséricorde de Dieu. Marie atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de limite et rejoint tout un chacun sans exclure personne. Amen. 

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