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jeudi 28 avril 2016

Il ne faut pas tracasser ceux qui, venant des nations, se tournent vers Dieu


Concile de Jérusalem
(blog de la paroisse Sainte Foy d'Agen)

1ère lecture : « Moi, j’estime qu’il ne faut pas tracasser ceux qui, venant des nations, se tournent vers Dieu » (Ac 15, 7-21)

Dans l'Evangile de ce matin, le Seigneur nous disait ceci:

Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour. 
Ceci pour que notre joie soit parfaite (Jn 15, 9-11)



Les Actes nous parlent aussi de commandements, ceux qu'appliquaient les juifs dans leur vie quotidienne. Ils contenaient bien évidemment les 10 commandements donnés au Sinaï, mais pris dans un ensemble de prescriptions destinées au Peuple de l'Alliance. Comment rendre le message accessible à toutes les nations sans faire de ceux qui approchent de nouveaux juifs pour entrer dans l'Eglise? Saint Jacques, représentant de l'observance judaïque, propose lui-même une solution. Ceux qui voulaient entrer dans l'Eglise devaient se comporter comme les craignants Dieu et accepter le Christ. De l'avis de la tradition juive il y avait en effet certaines lois applicables à toute l'humanité et transmises par Noé avant que la loi elle-même ne soit donnée au Peuple. Cette loi noachique qui mentionne 7 prescriptions, n'a été semble-t-il formalisée qu'au 3ème siècle, mais nous en trouvons des éléments dans le discours de Jacques au "Concile de Jérusalem". Il en mentionne 4.

Dès lors, moi, j’estime qu’il ne faut pas tracasser
ceux qui, venant des nations, se tournent vers Dieu,
mais écrivons-leur de s’abstenir
des souillures des idoles,
des unions illégitimes,
de la viande non saignée
et du sang.

Accepter le Christ, cela signifie accepter son enseignement et tout son enseignement. C'est lui qui nous fait entrer dans l'Alliance et dans le Peuple de Dieu.
Cela bien entendu nous invite à nous montrer patients et accueillants à ceux qui aujourd'hui sont touchés par la miséricorde, sachant que nous en avons bien besoin nous-mêmes tous les jours. "Sans moi, vous ne pouvez rien faire."

Pour illustrer les propos tenus plus haut le lecteur trouve ci-dessous un article d'un éminent Père Jésuite, le Père Jean-Pierre Sonnet.

NRT 122 (2000) 353-368
J.-P. SONNET, S.J.Le Christ et l’accomplissement de la Loi:
la halakhah du Juif, l’éthique du Gentil

À mes yeux, et aux yeux d’un certain nombre d’exégètes, la décision de Jérusalem doit se comprendre comme une référence aux commandements noachiques, aux mitsvôt bnei noah. , c’est-à-dire aux commandements qui, selon la tradition juive, incombent aux fils de Noé, contredistingués des fils d’Israël qui ont la charge des commandements de loi mosaïque20. Le témoignage le plus ancien sur la doctrine de loi noachique se trouve dans le livre des Jubilés, qui remonte au second siècle avant le Christ21. Le nombre et l’identité des commandements varient avant de recevoir une formulation traditionnelle sous les Amora’im (à partir du 3e siècle de notre ère)22. Ces commandements comportent alors six injonctions négatives:
— le rejet de l’idolâtrie,
— l’interdiction du blasphème (qui comprend le faux témoignage),
— l’interdit du sang (i.e. l’interdiction de verser le sang par le
meurtre),
— l’interdiction de l’inceste (ainsi que de l’adultère et d’autres
délits sexuels),
— l’interdit du vol,
— l’interdit de manger la chair d’un animal vivant,
et une injonction positive:
— l’injonction d’établir un système légal qui rend effective l’application des six commandements négatifs.
Ces commandements sont en fait dérivés exégétiquement de Gn 3, 1-7 et Gn 9, 1-7 — où Dieu formule l’interdit du sang, concernant les animaux que l’homme peut désormais consommer,  mais concernant surtout l’autre homme: «à chacun je demanderai compte de la vie de son frère. Qui verse le sang de l’homme, par l’homme verra son sang versé. Car à l’image de Dieu, Dieu a fait l’homme» (Gn 9, 6). Ils sont également dérivés de passages de la Torah qui concernent tant le fils d’Israël et que l’étranger vivant à ses côtés (notamment en Lv 17-18)23. Ces commandements sont donc déduits de la Torah écrite, ce qui explique la référence que fait le décret de Ac 15 aux «prédicateurs» de Moïse («Depuis des générations en effet, Moïse dispose de prédicateurs dans chaque ville, puisqu’on le lit tous les shabbats dans les synagogues» [Ac 15, 21]).
Par ailleurs, et c’est là le point important, ces commandements sont considérés par la tradition juive comme relevant de la loi naturelle, c’est-à-dire comme s’imposant d’eux-mêmes à la conscience humaine en tant que fondement de toute communauté humaine24. Voilà donc ce à quoi sont tenus les pagano-chrétiens.
Loin donc de faire des disciples venus des nations des sujets de la Torah, comme le proposaient les Pharisiens de Ac 15, l’assemblée de Jérusalem les renvoie à «leur tradition» comme fils de Noé. À cela ils sont tenus; de cela ils ont à répondre. À charge donc du pagano-chrétien d’élaborer une éthique de vie sur la base de la loi des consciences — dont la série déterminée des commandements noachiques dit l’aspect d’objectivité — et dans la foi au Christ, c’est-à-dire en référence à l’agir du Christ. En se convertissant au «Seigneur de tous les hommes», le fils des nations ne renie pas sa filiation en Adam ou en Noé; il est au contraire appelé à témoigner du chemin d’humanité qui mène du premier au nouvel Adam25. Etc…

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