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dimanche 12 juin 2016

Marie-Madeleine


Intro

Frères et Sœurs nous célébrons aujourd’hui le 11ème dimanche du temps ordinaire, merci à tous, de venir participer à cette célébration avec Notre-Dame et donc plus près du ciel.

Nous allons entendre dans l’Evangile le récit de Marie-Madeleine venant demander à Jésus le pardon de ses péchés. Le tableau est saisissant et a inspiré bon nombre d’auteurs. Le pape François s’est appuyé sur cet Evangile pour que soit publiée la décision qu’il a prise d’élever au rang de fête liturgique, la célébration relative à sainte Marie-Madeleine. Il a signé le document adéquat en la fête du Sacré-Cœur de Jésus. Les exégètes disent qu’en Occident ce nom est attaché à trois figures féminines de l’Evangile, mais qu’importe. Marie-Madeleine nous représente, nous tous qui sommes appelés à la conversion. Reconnaissons qu’elle nous est bien nécessaire. Nous pouvons demander la grâce de l’ouverture du cœur… et pourquoi pas le don des larmes au moins en certaines occasions. Marie-Madeleine a su reconnaître son péché, ses fautes. Cela devient de plus en plus difficile à notre société qui passe par un obscurcissement systématique des consciences et un travestissement de la vérité. Elle ne parvient plus à respecter la vie humaine et sa dignité, appelle le mal, bien, et "vice"-versa. Nos évêques nous ont invité au respect de la personne humaine suite au résultat de la dernière votation. Pour toutes les atteintes à la dignité humaine et à celle de la femme, fille, épouse, mère et consacrée, reconnaissons que nous sommes pécheurs...


Lectures de la messe du jour

1ère lecture : « Le Seigneur a passé sur ton péché : tu ne mourras pas » (2 S 12, 7-10.13)
2ème lecture : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 16.19-21)
Evangile : « Ses nombreux péchés sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour » (Lc 7, 36 – 8, 3)


Frères et Sœurs,

Quelle question aurions-nous aimé poser à Simon, le pharisien ? Il y en a une que je me pose aussi à moi-même, comme vous très certainement : « Simon sais-tu qui tu as invité chez toi ? ». Simon a pensé peut-être rendre service à un jeune prédicateur qui voulait se faire connaître, il l’introduisait dans un milieu « bien »… Une étoile montante à sa table, cela lui aurait servi aussi ; on dit déjà tant de choses sur lui : il vient de ressusciter un enfant, il a guéri à distance le serviteur d’un centurion connu et accompli d’autres choses. Peut-être va-t-il réaliser un miracle chez lui ? Que du positif, donc ! On va le soumettre toutefois à une sorte d’examen. L’accueil est « prudent ».
Tout va pour le mieux, or, une catastrophe se présente, ce n’est pas un cheveu perdu sur un met préparé avec soin, mais toute une chevelure… rousse paraît-il. Dans la peinture cette couleur a été un code pour signifier une vie désordonnée. Quel spectacle, cela vire au scandale public,  voilà Marie-Madeleine qui verse des larmes sur les pieds de Jésus et les essuie avec ses cheveux, les couvre de baisers, répand sur eux du parfum.
Tout le monde affecte soit de ne rien voir, soit d’être scandalisé sinon très ennuyé. Pour Simon, c’est un test. Si Jésus était prophète, il aurait su qui est cette femme et l’aurait repoussée. Les pharisiens nous l’avons entendu fréquemment étaient très attentifs à la pureté rituelle, or, l’approche de Marie-Madeleine en faisait contracter une. Jésus est « solide », et n’a pas peur de cette rencontre, comme il le montrera encore à plusieurs reprises. Nos fautes n’ont pas de conséquences sur lui et la sainteté de Dieu. Dieu il  l’est. Il n’a peur ni de nos fautes, ni de sa croix. Il savait non seulement qui était cette femme mais ce qui se passait en elle.
Quel chemin intérieur avait-elle parcouru pour en arriver là ? Jésus lui pardonne ses péchés.
Simon voulait un miracle, en voilà donc un qui est une sorte de résurrection intérieure. Il la guérit de ses nombreuses blessures spirituelles. Ce pharisien doit faire face à un scandale plus grand encore que la présence de cette femme, puisque Jésus a accompli un acte qui revient à Dieu et blasphème donc. En plus il pique Simon dans son amour propre, et lui montre son propre péché. Simon n’a pas compris qui est Jésus et ne l’a pas accueilli, parce que son cœur est sec. Il n’aime pas, il voit le monde comme une sorte d’échiquier ou un carnet d’adresses et de relations. Il y a les utiles, et ceux qui sont nécessaires, les candidats prometteurs aux élections, les bons clients, les moins que rien, les infréquentables, ceux qu’il faut ignorer. Qu’ajouter encore ? Les facebook et les autres, enfin ceux qu’on cache, qu’on utilise éventuellement et qu’on tient à distance ensuite, enfin les insortables. Marie-Madeleine appartient à cette catégorie-là pour lui.
Comment réagit Simon au cœur sec, comment réagissons-nous ? N’avons-nous pas besoin d’être guéris comme lui ? « Pour vous qui suis-je ? »
Le nom de Marie-Madeleine est attaché à ce qu’on appelle le péché de la chair. Il n’est pas à minimiser. Faut-il rappeler en cette matière que la prostitution qui est une forme d’esclavage est le troisième trafic criminel le plus lucratif dans le monde après la drogue et les armes. Il génère 23 milliards de rentrées par an d’après certains chiffres. C’est dire le peu d’estime que l’on peut avoir envers la dignité humaine. Que transmettons-nous aux enfants à ce propos ? Quelle éducation à la liberté et à quelle liberté ?
L’union d’un homme et d’une femme devrait être le moment le plus élevé de la vie conjugale. Il est lié à la transmission de la vie. Le Seigneur n’a-t-il pas élevé le mariage à la dignité de sacrement ? Un législateur ne peut rien y changer.
Marie-Madeleine pleure beaucoup aujourd’hui, elle le fera au pied de la croix de Jésus, elle pleurera encore parce qu’elle ne le trouve pas au matin de la résurrection. Ensuite, elle devient l’apôtre des Apôtres, celle qui voit le Seigneur et va l’annoncer.
Nous devons nous rappeler que l’attention de Jésus envers elle a une signification importante. Marie-Madeleine symbolise l’humanité pécheresse que le Seigneur vient pardonner et réconcilier. Le prophète Osée sous l’inspiration de Dieu avait épousé une prostituée qui symbolisait Israël. L’intention de Jésus se lit à travers son geste.
La tradition dit que Marie-Madeleine viendra ensuite chez nos voisins Gaulois, débarquant aux Sainte Maries de la mer, s’établira à la Sainte-Baume et qu’elle y mènera une vie de pénitence. Le Moyen-Age a cru que ses reliques se trouvaient à Vézelay chez nos confrères de l’époque, ce qui nous a valu un monument incomparable. Les dominicains rapatrièrent le culte dans le Sud de la France, un lieu aussi à programmer pour vos vacances.
Cependant, ce n’est pas à des vacances que nous sommes conviés aujourd’hui, mais à des noces, celles du Seigneur. Il veut nous faire passer par la pénitence intérieure, pas nécessairement celle de Marie-Madeleine dans sa grotte. Qu’est-ce ? C’est l’élan du « cœur brisé » (Ps 50[51],19), poussé par la grâce divine à répondre à l’amour miséricordieux de Dieu. La pénitence implique douleur et aversion vis-à-vis des péchés commis, ferme propos de ne plus pécher à l’avenir et confiance dans le secours de Dieu. Elle se nourrit de l’espérance en la miséricorde divine. (Compendium n°300). Dans le sacrement de réconciliation c’est le Seigneur qui vient nous guérir et nous relever, comme il le fit pour Madeleine. « Simon sais-tu qui tu as invité chez toi ? » Il est celui qui veut voir ton cœur se briser et te faire don de sa miséricorde, pour que tu puisses en être témoin avec Marie-Madeleine.
Marie, mère de Miséricorde, refuge des pécheurs, mère de Marie-Madeleine et de chacun de nous, prie pour nous, pécheurs et pauvres prêcheurs. Amen.

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