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dimanche 17 juillet 2016

Accueillir le Christ, c'est accueillir la Trinité



17 juillet 2016 - 16ème dimanche du Temps Ordinaire 

1ère lecture : « Mon seigneur, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur » (Gn 18, 1-10a)
2ème lecture : « Le mystère qui était caché depuis toujours mais qui maintenant a été manifesté » (Col 1, 24-28)
Evangile : « Marthe le reçut. Marie a choisi la meilleure part » (Lc 10, 38-42)

Homélie au sanctuaire

Frères et Sœurs,

Nous sommes gratifiés aujourd’hui de trois textes qui nous rappellent l’importance de l’hospitalité. En ce temps de vacances, ne sont-ils pas bienvenus ? Qui pourrait-on accueillir? Nous avons certainement en mémoire, le passage de l’épître aux Hébreux : « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » (Hb 13,2). Il est vrai que nous aurions peut-être quelques difficultés à entrer dans cette manière d’envisager un accueil. Les anges, oui… c’est un peu spécial ? Ils existent pourtant.
Dans son commentaire de l’Evangile de saint Luc, Ambroise de Milan concluait à propos du passage de dimanche dernier sur le bon Samaritain en faisant cette réflexion : « Ce n’est pas la parenté qui rend proche, mais la miséricorde. » Notre première lecture et l’Evangile nous permettent une réflexion analogue à propos de l’hospitalité. Faire bon accueil n’est-ce pas rendre proche et manifester qu’on est miséricordieux.  
L’hospitalité rendue par Abraham au Seigneur qui lui apparaît sous l’aspect de ces trois anges est très appréciée des peintres d’icônes en particulier. Nous ne pouvons pas ne pas aimer celle qu’a écrite André Roublev sur ce thème. Elle est universellement connue. Réunis autour d’une table on perçoit un plat avec ce qui semble être une esquisse d’agneau. Le personnage du centre fait un signe de bénédiction. Au-dessus de lui il y a un arbre qui symbolise la croix et dans un angle un bâtiment qui peut représenter l’Eglise. Deux anges en regardent un troisième qui paraît être celui qui envoie en mission, c’est-à-dire le Père.
Nous y voyons fréquemment dans ces hôtes, la Trinité. C’est une interprétation que donnait Saint Augustin : « L'Écriture, en faisant ce récit, nous enseigne que trois hommes parurent auprès d'Abraham; or, dans ces trois hommes, on peut reconnaître plutôt la Trinité même, qui est un seul Dieu. » (Livre II réfutation de Maximin év. arien).

L’Evangile nous explique comment recevoir le Seigneur. Il y a Marthe et Marie… L’action et la contemplation, Le service du Seigneur par toute une activité de préparation du repas… et mille autre choses, n’est-ce pas l’action ? La remarque de Jésus fait habituellement le délice des contemplatifs : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »
Saint Ambroise explique bien que le Seigneur ne reproche pas à Marthe ses bons offices. Marie a choisi la meilleure part ce qui veut dire Jésus lui-même. Un évêque comme Ambroise a d’ailleurs bien besoin d’aide. La tradition prend exemple sur les Apôtres qui ont choisi des diacres pour le service des tables. Eux doivent enseigner et s’occuper des affaires du Seigneur, de l’annonce. Ambroise d’ordinaire très sérieux a une remarque qu’on prêterait presque à un pince sans rire, peut-être pour faire taire toute contestation. Citant l’Ecriture, il dit : « Les yeux du sage sont dans sa tête (Eccl. II, 14)». Le vrai sage est celui dont l’esprit dans le Christ, et l’œil est élevé vers les hauteurs ; aussi les yeux du sage sont dans sa tête et ceux du fou dans son talon…
Il est encore une autre manière que celle d’un évêque de se consacrer à écouter le Seigneur. L’Eglise, vous ne l’ignorez pas protège la vie contemplative en raison de la fécondité mystérieuse de l’apostolat de la prière. Il n’est pas possible à un évêque de contraindre des contemplatifs à des activités pastorales.
Nous avons donc tous deux missions et quelles sont-elles ? La première consiste d’abord à accueillir le Christ en nous, pour ce qu’il est « le Christ est parmi vous, lui, l’espérance de la gloire ! » nous a dit saint Paul. Il vient nous enseigner et faire de nous des porteurs de la Bonne Nouvelle, que veut-il faire de nous ? Des messagers de la miséricorde, c’est notre deuxième mission. Nous le faisons par notre parole et notre vie.
Etre miséricordieux nous pouvons le devenir encore plus en pratiquant l’hospitalité, en recevant les porteurs de Bonne Nouvelle. Dans la règle de saint Benoît, il y a toute une liturgie pour la réception des hôtes dont on lavait les pieds et qui devraient être accueillis comme le Christ en personne. Un verset du psaume 47 devrait même être dit en conclusion : « Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple.»
Le regard fixé sur Jésus et son visage miséricordieux, nous dit le pape François, nous pouvons accueillir l’amour de la Sainte Trinité. La mission que Jésus a reçue du Père a été de révéler le mystère de l’amour divin dans sa plénitude. L’évangéliste Jean affirme pour la première et unique fois dans toute l’Ecriture: «Dieu est amour» (1 Jn 4, 8.16). Cet amour est désormais rendu visible et tangible dans toute la vie de Jésus. Sa personne n’est rien d’autre qu’amour, un amour qui se donne gratuitement. Misericordiae vultus, n.8) A nous de l’accueillir.

En recevant le Christ, c’est bien la miséricorde que nous recevons. Si le Christ est présent, les trois personnes de la Trinité sont là et qui peut mieux nous apprendre à les recevoir que Marie Fille du Père, Mère du Fils, Epouse de l’Esprit. Amen. 

* Accueillir l'étranger est une des oeuvres de miséricorde a rappelé le pape à l'Angélus.

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