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mardi 9 août 2016

Edith Stein ou la Samaritaine. Veux-tu te laisser aborder par Jésus et discuter avec lui?


Si nous nous transportons en esprit sur le lieu de torture, de cette grande juive et martyre chrétienne, sur le lieu de ce terrible événement aujourd’hui appelé « Shoah », nous entendons en même temps la voix du Christ, du Messie et du Fils de l’homme, du Seigneur et du Rédempteur. En messager de l’insondable mystère du salut divin, il s’adresse à la Samaritaine sur la margelle du puits de Jacob : « Le salut vient des juifs. Mais l’heure vient — et c’est maintenant — où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. Car tels sont les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit et ceux qui adorent, c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent adorer. » (Jn 4, 22-24.) Ainsi concluait saint Jean-Paul II son homélie de béatification de sainte Thérèse Bénédicte de la croix.  

Pour approcher de sainte Edith Stein, ce n’est pas l’humilité qui doit nous manquer devant son parcours, ses compétences philosophiques, mais surtout son sacrifice. Tant de chemin parcouru avec tant d’ardeur, de labeur et d’abnégation, pour aboutir à Auschwitz. Le nom seul fait frémir. Il suffit d’avoir vu le modèle réduit du Strutthof près du Mont saint Odile, ses fours, ses crochets etc… pour d’abord se taire, sidéré et ensuite ne plus vouloir le faire lorsqu’on touche à ce sujet. On ne peut pas se taire devant la volonté scientifique d’anéantissement d’un peuple, et aussi de la Révélation.

Sainte Edith Stein nous le savons avait été accompagnée par un abbé bénédictin ce qui l’avait rendue sympathique au novice que j’étais lorsque je l’ai découverte… Mais s’agissant d’une Archi-abbaye avec un important Archi-abbé allemand, cela impressionne, et invite le pauvre à se montrer encore plus humble. Comment aborder Edith l'inaccessible ? Il faut commencer par la fin, son sacrifice, le carmel et sa conversion... comme pour la citation de l'homélie de saint Jean-Paul II. Tout doit être mis à l'envers. La simplicité du carmel et de la vie au carmel… quel changement!

J’ose encore mettre en avant un passage de sa vie, avant tout cela, alors qu’elle était athée, une athée très sérieuse et savante. Certains parlent plutôt d’agnostique, mais pas simplement par léthargie, un ou une agnostique de canapé pour employer une expression du pape François aux jeunes en Pologne. Cette  agnostique avait tout de même une sorte de faiblesse dans sa cuirasse, elle recherchait la vérité. Ce fut elle qui la trouva et l’amena à une conversion qui ne fut pas une affaire simple. Elle fut touchée dans ses pérégrinations, elle la grande philosophe, celle qui avait le mieux compris Husserl le phénoménologue, elle fut touchée par une humble femme. Elle raconte dans son livre, « Vie d’une famille juive », qu’elle avait été mise en présence de l’eucharistie à travers l’attitude d’une croyante vivant manifestement de l'invisible, à l’occasion d’un voyage chez une amie à Francfort. « Nous avons eu beaucoup à nous dire en flânant à travers la vieille ville, qui m’était si familière à cause  de Goethe. Mais ce ne furent pas  la grande place et la maison de Goethe qui me firent le plus impression. Nous sommes entrées pour quelques minutes dans la cathédrale et, pendant que nous nous tenions là dans un silence respectueux, une femme est entrée avec son panier à provisions et s’est agenouillée sur un banc pour une courte prière. C’était pour moi quelque chose de tout à fait nouveau. Dans les synagogues et les temples protestants que j’avais fréquentés, on ne venait que pour les services divins. Mais là, quelqu’un venait, au beau milieu de ses occupations quotidiennes, dans l’église déserte comme pour un entretien intime. Je n’ai jamais pu l’oublier. » (E. Stein, Vie d'une famille juive, Freiburg/Paris, Ad Solem/Cerf, 2001, 470)
Cela devrait suffire pour nous inciter à vivre ce que le Seigneur nous demande de faire et de l’aimer dans la simplicité du quotidien. Il peut accomplir des merveilles simplement par ce que nous sommes.
Elisabeth avait deux lignes fortes qui lui étaient particulièrement chères, la première était la condition de la femme. Elle doit veiller disait-elle à conserver « une éthique féminine »  dans sa profession, lorsqu’elle en a une, ce qui est important à son avis, en prenant la Vierge Marie comme modèle. Saint Jean-Paul II dit-on s’est laissé inspirer par elle lorsqu’il avait composé « mulieris dignitatem ». Elle est un modèle de conversion, un "docteur" aussi en cette matière. Prendre Marie comme modèle, reconnaissons que c'est une position audacieuse face au féminisme militant. Une "Frau Doctor", avec toute son autorité ose l'affirmer.

Quant à l’attachement à son peuple, il est une leçon continuelle pour nous et pour cette Europe où nous demeurons.  Elle qui avait du se réapproprier ses racines juives. Elle ne les a pas reniées en devenant chrétienne. Saint Jean-Paul II qui ne l’appréciait pas seulement en tant que philosophe mais pour toute son histoire, mettra dans sa bouche lors de sa béatification les paroles mêmes de la reine Esther pour que Dieu sauve son peuple. Alors qu’elles quittaient le couvent, Edith prit la main de sa soeur et lui dit : « Viens, nous partons pour notre peuple. »  « Thérèse, bénie de la Croix» Thérèse Bénédicte de la croix. « Il y eut un homme de sainte vie, Benoît, béni par la grâce et par le nom. » « Il y eut une fille de Sainte Thérèse bénie par la croix. ». Amen.

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