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dimanche 13 novembre 2016

Fête de la Dédicace de la chapelle de Notre-Dame du Vorbourg



Introduction

Frères et Sœurs,

Bienvenue à tous et à toutes en ce 33ème dimanche du temps ordinaire. Aujourd’hui, vous savez que sera fermée symboliquement notre porte de l’Année Sainte de la Miséricorde. Ce temps de célébration a été une période de grâce pour chacun et chacune. Je pense que nous aurons tous intégrés le mot de miséricorde dans notre vocabulaire et qu’il existe un moyen d’être miséricordieux nous-mêmes, c’est de pratiquer les œuvres de miséricorde. Ce dimanche est encore un peu plus spécial parce qu’on fête la saint Martin dans le Jura. J’ai eu la chance voici deux semaines de descendre à Tours. Vous savez qu’était célébré cette année le 1700ème anniversaire de sa naissance. Saint Martin n’est pas simplement une performance gastronomique. Nous sommes réellement au cœur de l’Europe chrétienne avec lui. Il a vécu à l’époque de saint Augustin, son biographe, Sulpice Sévère, écrivait à un autre saint qui le connaissait bien, ainsi qu’Augustin, Paulin de Nolle. Martin, soldat plein de charité et thaumaturge, guérissait et a ressuscité plusieurs personnes. Il a fondé le premier Monastère en Gaule romaine à Ligugé et fut évêque de Tours. Est-il passé en Ajoie ? On pense qu’il a rejoint Amiens en passant par Saint-Maurice. Alors pourquoi pas ? Il n’y avait pas la transjurane, mais des voies romaines qui en étaient une forme et l’annonce. Savez-vous que le mot « chapelle » dans notre vocabulaire, vient du manteau de saint Martin. Capella, c’était le manteau court des officiers. Et le nom du manteau est passé au bâtiment de Charlemagne où il était conservé à Aix-la-chapelle.
Nous allons célébrer aujourd’hui la Dédicace de notre chapelle, par le pape Léon IX en 1049. On en ignore la date exacte, mais comme le diocèse de Bâle donne cette possibilité aujourdhui, nous en ferons usage, ce d’autant plus que nous fêtons aujourd’hui Saint Imier, premier saint patron de la chapelle, trait d’union entre le Nord et le Sud du Jura, puisqu’il était ajoulot (*). Les moines de Moutiers-Grandval portent une responsabilité. Notre-Dame est heureuse de ce fidèle et saint gardien qui lui a préparé la place et attendue avec patience, longtemps.
Nous prions aux intentions de tous les pèlerins, de notre évêque Félix et du cher pape François.


* La ville de Saint Imier possède d’ailleurs la tour d’une ancienne église dédiée à Saint Martin.



Homélie

Frères et Sœurs,


Fêtant la dédicace de notre chapelle ce matin, j’ai tout de même conservé les lectures d’aujourd’hui bien qu’elles aient des saveurs de fin des temps. Le Christ-Roi est à nos portes ainsi que la nouvelle année liturgique et cet après-midi nous allons fermer la Porte Sainte. Vous avez été nombreux à la franchir. Une des questions que nous pourrons nous poser aujourd’hui : Est-ce que la miséricorde c’est fini ?

L’Evangile nous a parlé de belles pierres d’ex-votos qui décoraient le temple. C’étaient des merveilles devant lesquels tous s’extasiaient. Un bâtiment bien construit a une beauté certaine. Ceux qui ont survécu à l’antiquité nous émeuvent sans conteste que ce soit les pyramides, le Parthénon, le Panthéon à Rome, nos cathédrales, que sais-je… Certaines villes américaines vues de la mer ne manquent pas de beauté.

Notre petite chapelle a déjà vu passé bon nombre de catastrophes, le tremblement de la saint Luc 1356 qui a détruit la ville de Bâle et les deux châteaux… La petite chapelle est restée debout. Des guerres, il y en a eu des événements peu glorieux aussi. La réforme a laissé des traces, la guerre de Trente ans, la révolution. Il y a eu des constructions, des aménagements. Des ex-votos nous en avons une belle collection.

Ex-voto dans notre Evangile, le mot en grec est anathemasin. On peut le traduire par un don à Dieu, ou laisser émerger le sens d’anathème, de rejet, qui n’est pas des plus positifs. On peut utiliser le contraste un peu artificiel entre une appartenance à Dieu et un rejet… Comment percevoir le retour du Christ qui est annoncé après que les hommes aient eu à passer par des difficultés parfois terribles. Doit-il être envisagé avec grande frayeur, comme quelque chose de catastrophique. Ce n’est pourtant pas pour un rejet qu’il revient mais pour un rapprochement avec Dieu. Il vient nous rendre plus proches de Lui et de son Père, faire de nous des dons à Dieu et plus encore ses frères et sœurs.

Le plus important, n’est-ce pas ceux qui forment l’Eglise, la communauté, chacun de nous qui formons le vrai temple de Dieu. Le Seigneur aime à parler de son propre corps comme d’un temple. Le plus important, ce sont les personnes. Sans elle, d’ailleurs les monuments élevés par l’homme finiront tous par s’écrouler ou seront détruits par l’érosion. Si de grandes montagnes n’ont pas échappé à ce phénomène, il en va de même pour tout ce que nous pouvons construire de nos mains. Notre corps lui-même n’échappe pas aux conséquences du passage des ans, même si certains souhaitent faire reculer l’âge de la retraite. Nous avons tous une horloge biologique qui ne ment pas.

Ce qui est le plus important, n’est-ce donc pas l’entretien de notre âme, notre vie spirituelle ? Que n’invente-t-on pas dans notre univers qui s’automatise même pour l’entretien ? Les balais laissent de plus en plus la place à des robots qui se débrouillent tout seul, si le gazon est assez plat, il y a des machines automatiques, etc… L’agriculture contraint presque à passer un brevet d’informaticien et paraît-il on invente des gamelles qui reconnaissent leur chat, avec une puce… La concurrence des robots est un thème d’actualité si nous nous souvenons du dernier congrès de Davos.

Mais notre âme ? Est-ce que tout est automatique pour accueillir le Christ et le faire grandir en nous ? Il nous a donné avant de remonter vers son Père non seulement des moyens naturels avec ses Apôtres qui ont enseigné avec de vraies voix, une mauvaise prononciation du grec, avec un accent hébraïque épouvantable, en faisant des fautes. Mais il nous a donné aussi des moyens surnaturels… c’est l’Esprit qui agit en nous, qui nous purifie et nous transforme et transforme le monde. Il fait de nous des ex-votos, des images du Christ, des frères et sœurs qui attendent sa rencontre avec joie.

Bien entendu, nous tombons, nous sommes blessés, nous agissons mal parfois, nous nous mettons en dissonance. Mais nous avons par la grâce de ce même Esprit des remèdes toujours à notre portée.

Nous avons bénéficié en cette année des fameuses indulgences en passant la porte sainte. Luther à son époque s’était élevé contre elles parce que les gens pensaient pouvoir payer leur salut par avance en aidant à construire la basilique Saint Pierre notamment. Il y a des abus partout et cette époque-là n’a pas été des plus glorieuses. Est-ce le cas aujourd’hui ? Les indulgences sont gratuites maintenant, cela va sans dire et il n’y a qu’à faire un petit effort pour les ramasser même si la porte sainte est fermée. Les moyens ordinaires sont largement à disposition… A quelles conditions ? Un désir de conversion sincère, prier aux intentions du Saint-Père, communier et être en état de grâce. Ajouter à cela le fait de dire les cinq dizaines de votre chapelet à la suite, lire une demi-heure l’Ecriture Sainte dans les mêmes conditions, participer à certains pèlerinages et célébrations, recevoir les bénédictions Urbi et Orbi, etc… Lorsque le prêtre donne les sacrements précédant la rencontre définitive avec Jésus il doit vous en donner une, c’est un devoir. L’indulgence libère de la peine temporelle due au péché et évite le purgatoire selon l’enseignement de l’Eglise. Le pardon des péchés donne le pardon de la faute, mais il reste un attachement à celui-ci qui appelle une purification, c’est cela qui est visé par l’indulgence et qu’on appelle peine temporelle. (Pour faire une comparaison, cela ressemble à l’amour pour sa bouteille chez certains pauvres, ou d’autres substances). Paul VI nous disait que nous pouvons par les indulgences mieux prendre conscience de l’union qui nous unit dans le Christ et qui fait grandir la charité.

Le Seigneur vient nous rapprocher de lui nous aider à mieux aimer, à aimer pleinement et à nous renouveler, c’est à cela que sert la miséricorde. Nous devenons nous aussi des instruments de la miséricorde de Jésus en accomplissant les fameuses œuvres de miséricorde qui sont une porte ouverte à la grâce et à la vie de Dieu en nous. Elles incluent la prière. Mgr Gmür m’avait demandé de vous parler de ce sujet au début de l’année de la Miséricorde. Je viens de vous donner des indications, et vous indiquer ou vous rappeler une porte ouverte à la miséricorde pour notre vie de tous les jours.

Nous pouvons de tout cœur remercier le Pape François qui de toute son âme, à la suite de saint Jean-Paul II a voulu nous rappeler que la porte de la miséricorde qu’est le cœur du Christ, nous est toujours ouverte. Il revient vers nous avec ses blessures par lesquelles il veut nous guérir.

Marie Mère de Miséricorde, Notre-Dame du Vorbourg aidez-nous à l’accueillir tous les jours.



Amen.

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