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samedi 17 décembre 2016

Ô Sapientia



Le début du chant des Antiennes "O" de l'Avent, marquait la rupture du jeûne au Moyen-Age et les festivités commençaient, avec des distributions aux plus pauvres, une oeuvre de miséricorde.

Dom Adrien Nocent Célébrer l'Année Liturgique

"Première antienne O , le 17 décembre :

O Sagesse, tu es issue de la bouche du Très Haut (a), déployant ta force d'un bout du monde à l'autre ; tu régis l'univers avec force et douceur à la fois (b) : Viens pour nous apprendre le chemin de la justice (c).

L'antienne s'adresse au Fils. On se rappelle le Prologue du IVe évangile : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ». Il est Parole sortie de la bouche du Père. Par ailleurs, on le voit créant l'univers. On l'appelle maintenant, et dans ce cri se révèle le double aspect de notre attente : nous avons besoin de sa venue pour qu'il nous apprenne le chemin de la justice ; nous avons besoin encore de sa venue pour parcourir cette route qui doit nous conduire à la fin des temps. Ce « viens » est, au fond, la seule prière valable de l'homme ; elle concentre en elle seule tout son besoin de Dieu. C'est le cri incessant de l'humanité depuis son rejet du Paradis. L'homme se rappelle qu'il a choisi le mal ; comment pourrait-il connaître maintenant le « chemin de la justice » ? Or, dans l'Ancien Testament, justice et jugement forment groupe. Il ne faudrait pas voir en ce mot « justice » un idéal abstrait, mais quelque chose de personnel et de concret : l'état d'innocence de l'homme fidèle à cet idéal impossible à nommer (1). Isaïe auquel est empruntée cette troisième partie de notre antienne, est peut-être celui des prophètes qui a le mieux vu le rôle du Messie par rapport à la justice. « La fonction essentielle du Messie davidique est, pour Isaïe, d'instaurer la justice (2). Il vient dans le royaume de David « pour l'affermir et le consolider dans le droit et dans la justice » (Is. 9, 5-6). Cette justice est conçue très matériellement encore, comme une justice sociale qui bannit les passe-droits, les scandales de la magistrature, etc. Mais cette notion s'enrichit. Car cette vision ne peut se réaliser que dans un climat d'innocence où chacun accomplit ce que le Seigneur demande. Or le monde ne peut arriver à ce stade de paix et de perfection sans l'intervention de Yahvé lui-même. Le Seigneur anéantira le pécheur (Is. 5, 3-15), mais à cet anéantissement succédera un monde nouveau ; Sion aura été lavée de la souillure, les taches de sang dans Jérusalem seront effacées (Is. 4, 3-5). Cette intervention divine qui est jugement, loin d'être seulement condamnation, est en réalité et fondamentalement une reconstruction. Nous nous retrouvons ici dans la ligne de la Parousie. Le Christ doit venir, et nous l'appelons pour qu'il nous mène dans ce chemin de la justice, c'est-à-dire jusqu'au renouveau total du monde au jour du jugement.

(1) J. Guillet, Thèmes bibliques, pp. 30 et suiv., Paris, Aubier, 1950.

(2) Ibid., pp. 57 et suiv."

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