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lundi 7 janvier 2019

Epiphanie : Le Christ est à Bethléem, pas à l'Hérodion




Frères et Sœurs,

Comment aborder l’Épiphanie ? L’habitude la plus ancrée dans nos traditions est celle de la galette des rois. Vous trouverez certainement des explications sur internet qui la feront remonter à l’antiquité romaine païenne. Aujourd’hui, chacun aborde précautionneusement son morceau de gâteau espérant la couronne. Le problème, outre les risques encourus pour les dentitions est qu’il n’y a qu’un roi, parfois accompagné d’une reine. Un roi terrestre ne peut qu’être seul dans son royaume, surtout dans un contexte où la royauté était considérée comme de droit divin. Hors les rois de l’Évangile, qui sont des sages, des magoï, étaient trois. Il suffit de modestes recherches pour trouver très facilement des explications sur les origines de ce glissement royal qui n’a rien d’un faux-pas. Il commença par Tertullien, puis s’approfondit avec Origène, tous deux figurent parmi les plus anciens auteurs ecclésiastiques et commentateurs de l’Écriture.
Les rois évoquent des idées de pouvoir, de gloire, de richesse, tout ce que nous n’avons pas. Ceux d’aujourd’hui nous sont si sympathiques que nous nous sentons tous appartenir à un environnement qui paraît attirant. Or, que font ces mages ? Ils viennent dans une étable s’incliner devant un jeune enfant… qui serait le Messie, un terme qui va effrayer Hérode. Ils ont suivi l’étoile de l’Orient, fait un long voyage… poursuivant avec anxiété et ardeur cet astre qui s’éclipse au-dessus de Jérusalem. Mystérieusement, ils ne trouveront leur chemin que par l’intermédiaire des prêtres et des scribes qui connaissaient les Écritures et le lieu où devait naître le Messie. L’indication est valable pour nous aussi qui recherchons le Seigneur. L’Écriture nous apporte une lumière, elle brille avec plus de force encore pour nous, depuis que le Seigneur a ouvert nos esprits à leur compréhension. La recherche de la vérité et du Messie, de l’Enfant-Dieu produit immédiatement des réactions de la part des forces du mal… Prêtres et scribes donnent leur réponse devant Hérode seul. Et c’est Hérode lui-même qui envoya les Mages à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. ». Il paraît s’être méfié du lieu puisqu’il avait déjà construit tout près de là, une immense forteresse où il aura son tombeau.
N’est-ce pas mystérieux ? Dieu lui-même utilise Hérode comme intermédiaire et messager auprès des mages. Il utilise pour révéler aux représentants de toutes les nations, celui qui veut la mort de son Fils. Pourquoi ? C’est une grande question. Pourquoi l’étoile s’éteint-elle, pourquoi Dieu met-il son Fils en danger ? Pourquoi l’envoie-t-il déjà en Egypte avec ces personnages ? Voir les mages arriver, ce n’est pas du tout la sécurité, mais déjà l’envoi en mission et le commencement de la lutte contre le mal, par la fuite.  
« L’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, (hors de Jérusalem) jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. »
Et les trois sages s’inclinent, non à l’Hérodion mais devant l’étable. Avec eux, tous les hommes viennent s’agenouiller devant ce petit pauvre et déposent leurs trésors, l’or, l’encens et la myrrhe. Benoît XVI relevait dans une de ses homélies pour l’Épiphanie que   « selon la mentalité qui régnait à cette époque en Orient, ces cadeaux représentent la reconnaissance d'une personne comme Dieu et Roi: Ils sont donc un acte de soumission. Ils veulent dire qu'à partir de ce moment, les donateurs appartiennent au souverain et reconnaissent son autorité. »
Pour cette raison, ils n’obéiront plus à Hérode, comme ils l’ont fait à Jérusalem. Ils changent de roi et vont aussi changer de chemin pour rentrer.
Un auteur ancien, Maxime le Confesseur, nous résume à sa manière l’Épiphanie. (Centuries sur la charité). Il ne s’agit plus seulement de changer de souverain terrestre, il faut aller plus loin : « L'étoile venue de l'Orient apparaît et elle conduit les Mages à l'endroit où se trouve le Verbe incarné ; elle montre ainsi de façon mystérieuse, qu'elle dépasse la parole contenue dans la Loi et les Prophètes, et qu'elle conduit les nations vers la lumière de la connaissance supérieure du Verbe incarné. L'étoile, considérée avec piété, conduit ceux qui répondent volontiers à l'appel de la grâce. »
A quoi sert la grâce ? Elle est notre étoile intérieure, elle nous apporte la miséricorde de Dieu et veut faire de nous, des enfants de Dieu, des rois avec ce petit roi de la crèche ; il s’agit de rois qui avec lui et avec elle, doivent se bouger et se mettre en chemin, selon la thématique chère au pape François.
Que manque-t-il souvent dans notre cœur ? « A la fin, ce qui manque, c'est l'humilité authentique, qui sait se soumettre à ce qui est plus grand, mais également le courage authentique, qui conduit à croire à ce qui est vraiment grand, même si cela se manifeste dans un Enfant sans défense. »
Aujourd’hui nous nous sommes retrouvés pour fêter les rois, n’est-ce pas pour fêter avec les rois, l’Enfant sans défense ? Il nous invite à devenir comme lui.
Regarde-donc autour de Toi, petit Roi des Juifs et Roi du ciel, dans les richesses qui sont là, les nations qui ne savent pas que Tu les aimes.
Marie pourra te raconter qu'avec nous, après les bergers tout l'univers s'est rassemblé sous ton étoile. Amen.



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