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dimanche 28 juillet 2019

« Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. »






28 juillet 2019

17ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C
    Première lecture « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère si j’ose parler encore » Gn 18, 20-32
    Psaume Le jour où je t’appelle,
    réponds-moi, Seigneur. Ps 137 (138), 1-2a, ...
    Deuxième lecture « Dieu vous a donné la vie avec le Christ, il nous a pardonné toutes n... Col 2, 12-14
    Évangile « Demandez, on vous donnera »

Intro

Frères et Sœurs,

Merci d’être venus célébrer ce 17ème dimanche du temps ordinaire avec Notre-Dame du Vorbourg qui fête cette année le 150ème anniversaire de son couronnement. Nous avons peut-être remarqué que nos agriculteurs ont moissonné certaines céréales dans la vallée cette semaine. Il va être question de pain dans l’Évangile d’aujourd’hui, un pain que nous demandons à Notre Père.
J’ai essayé ces dernières semaines de donner quelques flashs sur le couronnement de 1869 et la signification du titre de Marie Reine qui remonte très loin dans l’histoire. Ce matin, comme j’arrive au terme de mes 3 semaines de remplacement, je vous ai sorti la dernière couronne de Notre-Dame du Vorbourg et de l’enfant Jésus. Ce sont les plus anciennes, elles ont perdu quelques morceaux de verres qui imitent des pierres précieuses, celle de Notre-Dame a perdu une croix. Elles figurent sur les ex-votos du début du 18ème siècle, ce sont celles qui sont les plus fréquentes. Le prénom de Marie a diverses significations de la goutte d’eau de la mer à la princesse et à la souveraine… On dit qu’il y en a plus de 300. A vos souhaits.
Avec le panier de la quête, je vais faire circuler ce qu’on appelle le livre des bénédictions qui contient notamment la formule utilisée aujourd’hui pour bénir les statues de la Vierge Marie dans les églises et oratoires ainsi que le livret de la célébration des couronnements de statues de Notre-Dame qui n’est disponible qu’en latin et pas en français. Ces cérémonies sont moins fréquentes depuis le concile.
Je termine par un rappel de dates : le concile Vatican I a commencé en décembre 1869 sous la protection des troupes du second empire. Lorsqu’elles se sont retirées avec le Risorgimento et Victor Emmanuel il s’est arrêté. La partie qui devait concerner l’Église n’a pu être traitée et ce fut Vatican II qui prit la relève. Après la chute du second empire français et la guerre avec la Prusse, la Commune saccagea notamment l’Église de Notre-Dame des Victoires, qui avait été couronnée la première en France par Pie IX. Cette église était chère à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui avait obtenu une guérison de la sainte Vierge. Pour info, il y a encore une statue de Notre-Dame des Victoires à Courchapoix.
Nous prierons aujourd’hui pour nos amis météorologues en Suisse et plus spécialement en Suisse Romande qui doivent passer de l’annoncer de 4 mm de chutes de pluie à 31 ou 36 millimètres puis 28 selon les révisions, il y a de quoi passer par une dépression qui n’a rien à voir avec la météo. Nous prierons surtout aux intentions des familles qui nous ont demandé de prier pour leurs malades et leurs défunts, ce qui est bien plus sérieux et important.
L’homélie sera plus brève que de coutume pour vous récompenser de votre patience et parce que nous sommes en période de récoltes et de moissons et que certains sont fatigués…

Homélie

Chers Frères et Sœurs,

Vous avez certainement remarqué que nous sommes encouragés à prier ce matin, Jésus nous apprend à le faire avec le Notre Père. La première comparaison qu’il prend pour nous expliquer l’attitude de Dieu à notre égard est celle d’un ami : « Imaginez que l’un de vous ait un ami » : Certes, « Notre Père est aux cieux ». Qu’est-ce que le ciel ? Le mot nous parle en termes d’astronomie et de voyages puisque nous avons fêté la semaine passée les cinquante ans de l’atterrissage sur la lune et non pas alunissage nous disait l’académie. Mais Notre-Dame a d’ailleurs toujours son croissant de lune sous les pieds, en référence à l’apocalypse, elle nous précède de tout temps. Le ciel est la demeure de Dieu ; après l’avoir déployé comme une tente, il a au-dessus des eaux bâti les étages de son palais dit le psaume 104 et il s’en élance pour chevaucher les nues (ps 68,5) et faire retentir sa voix au-dessus des grandes eaux, dans le fracas de l’orage (Ps. 29,3). Mais Il préfère toutefois le souffle d’une brise légère pour nous parler, laissant le programme jupitérien pour ceux qui ont de la peine à entendre en raison de leur dureté de cœur. Dieu veut nous parler comme à des amis, comme lorsqu’il se promenait avec Adam dans le Paradis de la Genèse. Il est en haut aux cieux, mais aussi tout près de nous. Il veut faire de nous plus que des amis, des fils. Jésus prend l’image des rapports entre un Père et son fils. Ils sont parfois bien difficiles à gérer en famille, entre les conflits hormonaux et les incompréhensions. Quels champs de batailles pour que puisse se développer et s’épanouir une nouvelle personnalité. Mais un fils est un fils.
Le Seigneur prend aussi la comparaison du pain comme nourriture. Elle constituait la base de l’alimentation au Moyen-Orient. « Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. ». Le pain de Dieu est issu de notre collaboration avec lui, de notre travail. C’est aussi l’Eucharistie, mais également un pain spirituel pour accomplir la volonté du Père. Le Seigneur nous indique quelle est la nature de ce pain spirituel. « Vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint. »
Ce pain-là peut nous faire grandir, monter et entrer dans la maison du Père, ce lieu que l’Écriture appelle les cieux.
Dieu ne peut avoir que de bonnes intentions à notre égard, Dieu est amour, il ne peut qu’aimer sa création et chacun de nous qu’il a créé pour partager ce qu’il a de plus précieux, sa vie divine, la vie en Dieu et avec Dieu. Comme nous le répétons sans cesse, Dieu est amour et ce qui y fait obstacle ce sont les refus de communion avec lui, en termes classique le péché. Il ne faut pas chercher plus loin. La comparaison se fait facilement avec notre système circulatoire et la cardiologie. Les conséquences d’artères qui se bouchent, ou de caillots qui viennent obstruer la circulation du sang nous sont connues. 
Le remède s’appelle miséricorde. Abraham a eu pitié de Sodome qui symbolisait le refus de la paix et de la communion avec Dieu. Lui qui avait conclu une alliance avec Dieu s’est laissé toucher parce qu’il avait les sentiments de Dieu.. Si nous-même sommes capables d’avoir pitié d’une ville ou d’amis en difficulté, de personnes en souffrance. Dieu pourrait-il être indifférent, alors qu’il est notre créateur et notre Père, alors qu’il est le Tout Puissant ? « Vous étiez des morts, parce que vous aviez commis des fautes et n’aviez pas reçu de circoncision dans votre chair. »
« Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ dans le baptême : il nous a pardonné toutes nos fautes. » « Vous êtes ressuscités avec le Christ par la foi en la force de Dieu qui l'a ressuscité d’entre les morts.
Nous pouvons associer Marie Mère et Reine de Miséricorde à cet amour de Dieu pour nous, parce que Dieu l’a voulu ainsi. Nous ne pouvons qu’avoir instinctivement confiance en elle. Ayant mentionné la guerre franco-prussienne en début de célébration, vous me permettez en guise de conclusion de rappeler l’apparition de Notre-Dame de Pontmain en 1871. Le village se situe à environ 65 km de Rennes et 130 km du Mans pour les amateurs de course automobile. « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. » Les 38 jeunes de Pontmain mobilisés reviennent tous sains et saufs. Un sourire de Marie, de temps à autre, cela fait du bien, même si personne n’est contraint de croire à une apparition officielle. Amen.



dimanche 21 juillet 2019

Entre chêne et couronnes




21 JUILLET 2019  dimanche, 16ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C de la Férie

Lectures de la messe
Première lecture« Mon seigneur, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur »Gn 18, 1-10a
PsaumeSeigneur, qui séjournera sous ta tente ?Ps 14 (15), 2-3a, 3...
Deuxième lecture« Le mystère qui était caché depuis toujours mais qui maintenant a été...Col 1, 24-28
Évangile« Marthe le reçut. Marie a choisi la meilleure part »Lc 10, 38-42

Intro

Chers frères et sœurs bonjour à tous et à toutes, nous célébrons aujourd’hui le 16e dimanche du temps ordinaire qui est centré sur l’hospitalité, l’accueil d’Abraham aux 3 anges celui de Marthe et Marie à Jésus et enfin celui de Jésus par nous, afin que « Le mystère qui était caché depuis toujours, qui maintenant a été manifesté soit révélé au monde.»
Je vous ai sorti 2 nouvelles couronnes de Marie et de Jésus, aujourd’hui dans le contexte du 150ème anniversaire du couronnement. Marie en avait déjà une, vous le voyez sur les anciens ex-votos. Mais il s’agissait en 1869 d’un couronnement au nom du pape à une époque difficile pour notre région et pour l’Église en Occident. Marie nous réunit tous aujourd’hui, nous ne sommes plus au 19ème siècle vous l’aurez constaté.
Nous pouvons écouter une traduction de la bénédiction qui avait eu lieu au moment du cérémonial du couronnement, selon l’ancien rituel.  Il a été rénové, avec la nouvelle liturgie, mais il n’est encore en latin. Le nouveau rituel en français, des bénédictions a une très belle et longue bénédiction des statues.

ORAISON.
Dieu tout-puissant et éternel, qui par un effet de votre souveraine bonté, avez créé toutes choses de rien, nous supplions ardemment votre Majesté, afin qu'elle daigne bénir et sanctifier ces couronnes, faites pour orner l'image sacrée de la Mère de votre Fils notre Seigneur. Ainsi soit-il.
Le Prélat asperge les couronnes avec l'eau bénite et les encense, puis précédé de la croix et de huit acolytes qui entourent les couronnes et portent des cierges allumés, il s'avance au pied de l'autel, entonne l'hymne O gloriosa virginum, que continue le choeur; les couronnes sont ensuite déposées sur l'autel au coin de l'épître, c’est-à-dire du côté droit de l’autel, dans une église, en faisant face à l’autel.
ORAISON.
O Dieu qui avez bien voulu choisir pour palais le sein virginal de la Bienheureuse Marie toujours vierge : faites que, fortifiés et défendus par elle, nous assistions avec bonheur à son couronnement. Ainsi soit-il.
Une hymne est chantée, puis  l’évêque couronne l’enfant puis la mère en disant pour chacun ces mots :

Puissions-nous mériter que le Christ nous couronne de gloire et d'honneur dans les cieux comme nos mains vous couronnent sur la terre. 

Homélie

Chers frères et sœurs,

Nous nous trouvons en ce début de nouvelle période caniculaire  à bénéficier de l’accueil de Lazare, Marthe et Marie, et sous les chênes de Mambré. Un détail pour les amateurs de nature, les chênes s’acclimateront paraît-il mieux à la canicule et au réchauffement climatique que bon nombre de nos autres espèces sylvicoles locales. A quand des truffes de Delémont et d’Ajoie ? Qu’il fait bon en cette période de l’année, de pouvoir bénéficier d’un peu d’ombre et de fraîcheur y compris sous le chêne de Châtillon. Il est vrai qu’il y a des problèmes parfois piquants partout.
Je suis toujours ému lorsque reviennent les textes d’aujourd’hui dans nos liturgies. Ils sont vous ai-je dit sur le thème de l’accueil. Accueilli dans la maison de ses amis, le Seigneur, dans l’Évangile, parle de vie spirituelle avec Marie qui écoute avec attention sa parole. Le Seigneur lui transmet la parole de vie. Prendre du temps pour le Seigneur est important pour chacun de ses disciples. Comment vivre sans la parole de vie ? Les règles monastiques sont explicites ainsi saint Benoît : « Chaque fois qu'un frère désire se recueillir dans le secret de l'oraison dans l’oratoire, qu'il entre simplement et qu'il prie, non en élevant la voix, mais avec les larmes du cœur et la ferveur de l'esprit.» La prière nous relie à Dieu, le mot de religion vient de relier dit-on habituellement.
Marthe a le mérite de prier plutôt par l’action et son activité. Qui ne la comprend, il y a tant à faire pour accueillir et préparer le repas, rendre la maison agréable, etc… En cette époque du partage des tâches tout le monde en est conscient.
Mais d’un autre côté, un hôte doit être bien accueilli. Si de nos jours, on se contentait par exemple de le planter devant la télé avec un apéro… le tableau ne serait pas édifiant. Rester avec son hôte, ne pas le laisser seul, est, me semble-t-il, une règle de base du savoir vivre.
Qu’est-ce que Jésus pouvait bien dire à Marie ? La prière et l’oraison sont des secrets. Elles appartiennent au secret du roi.
Nous avons un autre tableau de l’accueil dans la première lecture qui nous rapporte l’hospitalité d’Abraham aux trois anges. Lorsque j’étais très jeune, j’avais été émerveillé par les couleurs, la disposition et l’atmosphère de l’icône d’Andréï Roublev intitulée habituellement la Trinité. Les interprétations de cette icône sont diverses. Pourquoi ne pas tenter celle-ci ? Les trois anges sont assis en face de nous autour d’une table, et nous sommes pour ainsi dire attablés avec eux en la personne d’Abraham. Le quatrième invité non figuré, c’est nous. Les trois ont un bâton qui peut être considéré comme signe d’autorité. Au-dessus du personnage de gauche, on voit une maison, la maison du Père. Les deux autres anges le regardent, attendant pour ainsi dire sa parole. Celui du centre a un manteau bleu et une tunique d’un brun, rouge qui rappelle la pourpre impériale et la passion. Près de lui, un arbre qui fait penser au bois de la croix et l’arbre du paradis.  Sa main s’approche de la coupe dans un geste de bénédiction. Dans le troisième ange nous pouvons voir le Saint-Esprit. Il regarde le Père qui paraît l’envoyer, lui donner une mission qu’il accomplit en dirigeant sa main vers la coupe. C’est l’action de l’Esprit qui fait de l’Eucharistie le corps et le sang du Chris. La coupe paraît en effet contenir un agneau symbolique, lequel rappelle la partie centrale du pain levé servant à l’Eucharistie chez les orientaux. Il est appelé prosphore et cette partie se nomme d’ailleurs l’Agneau. Nous sommes invités à la table de Dieu. Nous en sommes les invités, alors que c’est lui qui s’est invité chez nous. Quelle invitation ! Il est aussi curieux de voir le profil d’une autre coupe que forment les personnages.
Si vous allez voir l’original à la galerie Tretiakov de Moscou, vous la trouverez peut-être un peu grande, 1 m sur 1 m 50. Pour la méditation on peut préférer une reproduction plus petite.
La dernière lecture tirée de l’épître aux Colossiens, conduit à une conclusion qui est elle aussi fondamentale. Marie a certes choisi la meilleure place qui ne lui sera point ôtée, elle représente la primauté de la contemplation, mais pas de manière absolue, la parole n’est pas faite pour être conservée à l’abri, tel un son sur un appareil. Elle doit être vécue et transmise. La contemplation sans fin et l’échange éternel dans l’amour, ce sera dans la gloire.
Le Christ vient habiter en nous, en ceux qui le reçoivent et reçoivent cette parole. Il est dans l’Église et la communauté des croyants « Le Christ est parmi vous, lui, l’espérance de la gloire ! » Que fait le Seigneur, que font les envoyés du Seigneur et tout disciple qui parle de lui en transmettant la bonne nouvelle? Amener tout homme à la perfection. Autant chez le contemplatif que chez celui qui agit dans l’Évangélisation directe par la parole ou l’exemple de sa vie, le but est de faire grandir le Christ dans le cœur et l’âme de chacun, dans la société, pour qu’il soit tout en tous. Nous sommes en chemin et c’est Dieu qui vient à notre rencontre comme pour les pèlerins d’Emmaüs.
Qui peut mieux nous aider que la Vierge Marie que nous fêtons comme notre reine cette année du 150ème anniversaire du couronnement de Notre-Dame du Vorbourg ? Pendant nos vacances, nous avons un modeste instrument pour méditer sur le mystère du Christ : Notre chapelet ou nos dix doigts à la limite. Marie participe à l’œuvre de notre rédemption et elle joue aussi un rôle très important dans la distribution des trésors de la grâce ainsi que de toutes les grâces, une reine sert à distribuer les trésors du roi en particulier aux plus pauvres, c’est pour cela que chacun de nous s’adresse à elle. Marie notre mère et notre reine, réjouis-toi, car celui qui est venu habiter en toi, est vraiment ressuscité ! Fais-nous partager à ta joie ! Amen !

dimanche 14 juillet 2019

« Par-delà le bien et mal… » - Le Bon Samaritain et la Compassion

Le Bon Samaritain (Vincent van Gogh)

14 JUILLET 2019
 dimanche, 15ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C
Lectures de la messe
Première lecture« Elle est tout près de toi, cette Parole, afin que tu la mettes en pr...Dt 30, 10-14
Deuxième lecture« Tout est créé par lui et pour lui »Col 1, 15-20
Évangile« Qui est mon prochain ? »Lc 10, 25-37


Frères et Sœurs,

Nous avons entendu tout à l’heure le splendide hymne aux Colossiens que Benoît XVI avait analysée dans une audience : Le cœur de l'hymne est constitué par les versets 15-20, dans lesquels le Christ entre en scène de manière directe et solennelle, il est défini comme « image » du « Dieu invisible » (v. 15). Le terme grec eikon, « icône », est cher à l'Apôtre: dans ses Lettres, il l'utilise neuf fois en l'appliquant aussi bien au Christ, icône parfaite de Dieu (cf. 2 Co 4, 4), qu'à l'homme, image et gloire de Dieu (cf. 1 Co 11, 7). Toutefois, avec le péché, celui-ci « a changé la gloire du Dieu incorruptible, contre une représentation, simple image d'hommes corruptibles » (Rm 1, 23), choisissant d'adorer les idoles et devenant semblable à elles.
Celui qui est au-dessus de tous est venu à nous en se dépouillant de sa divinité. Il s’est fait homme, petit enfant. Il s’est fait serviteur et a donné sa vie. C’est un anéantissement au terme duquel, il est relevé, exalté à la droite du Père où et d’où il va tous nous attirer.
Nous parlions de couronnes au début de cette célébration, ce qui fait frémir nos cœurs de démocrates. Ils le font également devant la description de Paul si nous en prenons la mesure. Qui donc est au-dessus de nous et de la volonté commune et collective ? Nous avons toutefois une hésitation devant notre fragilité perceptible tous les jours et nos limites bien palpables. Sommes-nous vraiment maîtres du bien et du mal ou « Par-delà le bien et mal… » pour prendre le titre d’un ouvrage connu de Friedrich Nietzsche philosophe et professeur de philologie à Bâle. Une sorte de surhomme, serait-il né en notre temps ? Le philosophe disait selon certains que « Dieu est mort ». Un autre personnage, Loisy ironisait avant lui : « Jésus annonçait le royaume, et c’est l’Eglise qui est venue ».
Si nous ne sommes pas au-delà de Dieu, si nous ne sommes pas comme Dieu, nous avons la faculté de l’approcher. « J’ai dit : Vous êtes des dieux… ». Certes, mais par participation.  Comment atteindre Dieu, comme le toucher, comment toucher la frange de son manteau ? Comment se laisser toucher par lui ? Par le moyen des commandements et de la loi.
Le docteur de la loi posait à Jésus tout à l’heure une question qui paraît un peu cérébrale. Jésus le fait répondre lui-même : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Où est-elle donc cette parole de Dieu ? On pourrait imaginer une immense bibliothèque virtuelle avec un moteur de recherche ultrapuissant… qui nécessite encore d’autres programmes pour trier les résultats ? Comment assimiler et embrasser tout ça ? En opérant une première réduction…
Nous n’avons pas besoin de courir chercher cette Parole au-delà des mers, sur les rivages de nos vacances, nous n’avons pas besoin d’escalader les montagnes : « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »
Un évangile, c’est tout petit, on peut l’apprendre par cœur, ou le porter sur soi, sur son cœur et même aller avec lui au-delà des mers ou sur des rivages, on peut faire la file pour escalader le Mont-Blanc, et l’Everest si on en est capable… Tant mieux ! Mais le Seigneur est là tout près. Il est aussi tout près de nous. Lire c’est bien, mettre en pratique cette parole, c’est encore mieux.
Deuxième réduction et retour au réel et tangible, celui du prochain ! Le pape François dans une audience commentait : « cet homme pose une question, qui devient très précieuse pour nous : « Et qui est mon prochain ? » (v. 29), en sous-entendant : « Mes parents ? Mes concitoyens ? Ceux de ma religion ?... ». En somme, il veut une règle claire qui lui permette de classifier les autres entre les « prochains » et les « non-prochains », entre ceux qui peuvent devenir prochains et ceux qui ne peuvent pas devenir prochains. » C’est exactement cela. Il y a mes proches prochains et mes pas du tout prochain, surtout mon voisin qui pourrait être plus discret parce qu’il a des problèmes trop visibles. Quant on se considère comme étant vraiment très bien on a de la peine à trouver des prochains et on porte de ces lunettes d’étoffe noires pour faire la sieste en plein jour. Cool, je ne vois personne… Donc « Moi, Je suis ! » Ego eimi. Je suis tout seul en effet, alors que j’ai besoin de pouvoir décoller dans la vie spirituelle.
Qui est donc mon prochain ? Nous avons bien souvent l’occasion de répondre… Cent fois en regardant autour de nous aujourd’hui. Cela nous fait cent fois cent prochain… de quoi nous emmêler, pire que sur la toile internet… Vous connaissez ces sortes de liens dessinés entre des bustes de bons hommes. On aime dire que le mot de religion vient de relier, tisser des liens. Avec Dieu en haut dans le ciel, certainement, mais aussi tout près entre les hommes. Il est dans leur coeur. Cela permet de créer une immense toile pour nous faire voler jusqu’au ciel, jusqu’au Père qui nous attrape. Voilà un trampolino spirituel, si vous aimez les images.
Oui le Christ est l’image du Dieu invisible, oui il siège à la droite de son Père, oui tout pouvoir lui a été donné, mais pour nous apprendre à aimer et ce pouvoir est celui de l’Esprit-Saint qui nous accompagne.
Salut, Reine, Couronnée d’étoiles, Mère de Miséricorde, notre Vie, notre Douceur, et notre espérance, salut. Tourne donc, ô notre Avocate, tes yeux miséricordieux vers nous. Amen !