1 JANVIER 2024 Sainte Marie, Mère de Dieu —
Solennité
Lectures de la messe
Première lecture« Ils invoqueront mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénira...Nb 6, 22-27
Psaume Que Dieu nous prenne en grâce et qu’il nous bénisse !Ps 66 (67), 2-3, 5,...
Deuxième lecture« Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme »Ga 4, 4-7
Évangile« Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né. Quand fut arri...Lc 2, 16-21
Chers Frères et Sœurs,
En cette journée mondiale de la
paix nous sentons le paradoxe avec une guerre locale sur la terre d’Israël, une
guerre qui n’épargne pas les plus fragiles et les plus petits.
Ce bébé est-il simplement un bébé
comme un autre ? Nous pouvons dire aujourd’hui qu’il a « un plus »,
« un plus » d’importance exprimé dans ce titre très particulier de
Marie : Elle est Mère de Dieu. Mère de celui qui est Homme et Dieu.
L’Évangile nous présente Jésus découvert
par les bergers. Les bergers appartenaient à la catégorie des plus pauvres et
étaient peu considérés en Israël, bien que le roi David en ait été un. Ce sont eux
qui le reconnaissent qui l’accueillent et sont accueillis par lui. C’est une
cour assez particulière. C’était tout une affaire que cette présentation d’un
enfant impérial né dans la pourpre, porphyrogénète dira-t-on à Constantinople
et qui valorisait sa mère lui conférant une dignité particulière. Dans uncommentaire du cérémonial de présentation à la cour, on lit que « La
fonction primordiale de l’épouse de l’empereur est de lui donner un fils à tel
point que le couronnement pour certaines d’entre elles ne s’imposa qu’à la
naissance de l’héritier. » Elles n’étaient pas par la suite nécessairement
de tendres mères. Les amateurs de figures récentes s’amusent parfois devant la
présentation du petit roi de Rome par Napoléon sur le tableau de Rouget. Il n’était
plus premier Consul. Aujourd’hui, le Seigneur se présente dans les bras de
sa mère, à des pauvres. Sa dignité est d’être petit et pauvre. Bien qu’il
soit Dieu et Fils de Dieu. Une de nos rengaines le dit bien : Il est né le
divin enfant, une étable est son logement. Notre pauvreté et n’importe quelle
pauvreté n’évacue pas le Christ, il s’est fait pauvre, le pauvre, pour nous
rejoindre, là où nous sommes, avec sa Mère. C’est une personne réelle, humaine,
qui nous rejoint et pas seulement une parole, il est le Verbe, mais le Verbe
fait chair, le Verbe incarné.
Il est bon de nous rappeler
l’origine de l’expression Mère de Dieu. Elle nous vient d’Éphèse en 431 et nous
permet aussi de rejoindre un pays de soleil, Alexandrie, par son patriarche
Cyrille : pendant ce concile, saint
Cyrille et de nombreux évêques considèrent, eux, que le terme adéquat pour
désigner la Vierge devait être Theotokos, la Mère de Dieu (litt. « Celle qui
porta Dieu » ou « Celle qui donna naissance à Dieu »). Cette terminologie
permet d’attester que Jésus est bien « une personne de deux natures qui sont
unies ». Le titre de « Mère de Dieu » ne signifie pas que Marie aurait existé
avant Dieu ou l’aurait créé, mais qu’elle a donné naissance à Jésus qui est
pleinement Dieu et pleinement homme. ce mystère est formulé ainsi aujourd’hui :
« Celui qu’elle a conçu comme homme, du Saint-Esprit, et qui est devenu
vraiment son Fils selon la chair, n’est autre que le Fils éternel du Père, la
deuxième Personne de la Sainte Trinité. L’Église confesse que Marie est
vraiment Mère de Dieu (Theotokos) (cf. DS 251). » Je vous épargne le terme barbare
qui explique ce tour de passe-passe.
Ces formules un peu complexes nous
conduisent à l’essentiel, mais ne nous dispensent surtout pas d’aborder ce
mystère sous un autre angle. La foi n’est pas une formule, surtout une formule
magique, elle doit être vécue pour nous conduire à ce que nous nous souhaitons
aujourd’hui, le bonheur et la paix avec Dieu d’abord. Je mentionnerai à cette
occasion Maurice Zundel qui a un vrai culte pour la modestie et la petitesse deDieu. Il insiste sur la maternité divine, parce que sous un certain aspect,
notre vocation va de pair avec celle de Marie : nous avons précisément la
charge d’enfanter Dieu.
La naissance de Jésus, c’est une
intelligence divine qui vient à nous, certes, mais d’abord et surtout l’amour
de Dieu qui vient à notre rencontre en son Fils, une personne. Il ne s’agit
surtout pas d’une intelligence artificielle qui voudrait nous gouverner et nous
soumettre. Il est certes nécessaire de garder l’esprit ouvert aux nouvelles
technologies, bien qu’elles nous mettent parfois de mauvaise humeur. Le pape
nous rappelle dans son message que : « L’intelligence est
l’expression de la dignité que nous a donnée le Créateur qui nous a créés à son
image et à sa ressemblance (cf. Gn 1, 26) et nous a permis de répondre à son
amour par la liberté et la connaissance. La science et la technologie manifestent
de manière particulière cette qualité fondamentalement relationnelle de
l’intelligence humaine : elles sont des produits extraordinaires de son
potentiel créatif. » L'intelligence artificielle doit donc être comprise
comme une galaxie de réalités différentes et nous ne pouvons pas supposer a
priori que son développement contribuera de manière bénéfique à l'avenir de
l'humanité et à la paix entre les peuples. Un tel résultat positif ne sera
possible que si des valeurs humaines fondamentales telles que « l’inclusion, la
transparence, la sécurité, l’équité, la confidentialité et la fiabilité »
sont respectées.
Ayant un peu la fibre
exploratrice, je tiens peut-être cela de mon père, je me suis amusé à poser une
question à une intelligence artificielle ChatGPT. Elle répond presque comme un
ecclésiastique : Que va faire l’Église en 2024 ? « En tant
qu'intelligence artificielle, je n'ai pas la capacité de prédire l'avenir ni de
fournir des informations spécifiques sur les actions ou les décisions que
l'Église catholique pourrait entreprendre en 2024 ou à tout autre moment
ultérieur. Les actions de l'Église catholique dépendent de divers facteurs,
notamment des enseignements religieux, des événements mondiaux, des
préoccupations sociales, des questions éthiques et morales contemporaines,
ainsi que des dirigeants ecclésiastiques en place et de leurs interprétations
des principes catholiques. »
Je crois que cela suffit. Sainte
Marie Mère de Dieu, prie pour nous pécheurs. Amen.