dimanche 29 décembre 2024

Qui lui a-t-il dit que Dieu était son Père?

 

Icône d'Elisabeth Lamour

29 décembre 2024

 La Sainte Famille — Année C — Fête

Lectures de la messe

Première lecture« Samuel demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa v...1 S 1, 20-22.24-28

Psaume Heureux les habitants de ta maison, Seigneur !Ps 83 (84), 2-3, 5-6...

Deuxième lecture« Nous sommes appelés enfants de Dieu – et nous le sommes »1 Jn 3, 1-2.21-24

Évangile « Les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs de la Loi ...Lc 2, 41-52

Chers Frères et sœurs,

Les Evangiles pour la Fête de la Sainte Famille donnent l’impression d’être des Evangiles à soucis. Ils donnent de la famille une image qui diffère d’un portrait publicitaire typique de la famille idéale des années 1950. Les Evangiles changent pour chaque cycle liturgique, A B et C. Le Cycle A nous raconte la fuite en Egypte. Pour l’Année B, Syméon qui accueille Jésus et sa famille au Temple loue le Seigneur en reconnaissant le Messie dans l’enfant, mais il prophétise à Marie qu’un glaive de douleur lui transpercera le cœur.

Nous arrivons enfin à l’Evangile d’aujourd’hui avec ce mystère joyeux qu’est le recouvrement au Temple. Il centre l’attention sur Jésus adolescent. Mais avec quelle angoisse préalable ! : « Ne trouvant pas Jésus dans la caravane de retour, Joseph et Marie retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher. » Jésus adolescent en faisait-il aussi de belles ? Il n’y avait pas d’alertes enlèvement à l’époque. Joseph et Marie qui paraissaient laisser une certaine liberté à Jésus sont inquiets. Les pauvres ont perdu le Messie, et ils ne comprennent pas ce qui se passe. Lui, le très obéissant, qui est la Sagesse en personne, est resté au Temple sans prévenir personne. Il paraît avoir été comme captivé par l’environnement et surtout la parole de Dieu.

« Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.

La réponse qu’il fait à Joseph et à Marie, les stupéfie à un tel point que nous pourrions nous demander (interprétation personnelle) s’ils ne lui avaient pas parlé du mystère de sa conception et de sa naissance. Pourquoi pas ? De son côté, a-t-il lui aussi tenu secret son dialogue avec son Père ? Mais nous dit l’Evangile, il retourna avec ses parents à Nazareth et il leur était soumis.

Les parents connaissent toute la problématique des ados qui sont en construction, le cerveau grandit et se développe, les hormones provoquent joie et exubérance, l’imagination construit et explore de nouveaux modèles. Ils cherchent leur voie. Ils interpellent, parfois il y a de la déprime. C’est une période où les parents doivent devenir encore plus pédagogues et dialoguer. Le travail ne manque pas aux enseignants. Il est certainement passionnant de participer à ce développement du vivant.

Au spirituel, le modèle familial peut-être envisagé comme une image de la vie trinitaire. Le Christ vient révéler la nature trinitaire de Dieu. Il n’est pas solitaire, mais comme lieu d’amour, d’échange, de don, dans l’unité.

Maurice Zundel nous dit que « la Trinité est le pôle surnaturel de la famille: elle est éternelle communion d’amour entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. C’est par là que la famille s’ouvre, c’est par là qu’elle devient universelle: chacun de ses membres n’est plus crispé sur soi. Il est en état de communion avec les autres, il est offert aux autres. Il est tout tendu vers le bonheur des autres. Il  s’agit de voir dans le concret le rayonnement de cette vie trinitaire. » La famille humaine même si elle nous aide à approcher du mystère de Dieu est toutefois limitée par notre espace-temps.

Ce modèle de petite famille humaine, veut nous faire méditer sur sa source vitale, l’amour. Il nous conduit chacun vers sa source et la rencontre avec ce Dieu un et trois. N’est-ce pas une des leçons que nous a donnée Anne. L’enfant qu’elle a demandé et obtenu n’est pas sa propriété, il est un don de Dieu. La vie lui a été donnée  pour  rejoindre et être rejoint par le Seigneur.  Il appartient à Dieu, il lui  est consacré. C’est la mission des parents que de participer ainsi à la construction du Royaume qui s’achève dans cette rencontre et dans la communion avec nos frères et la création.

Alors que nous sommes en chemin, le moteur qui nous rapproche de Dieu est actionné en chacun de nous  par la foi, l’espérance et la charité. Au final il ne restera que la charité puisque nous verrons Dieu et serons en Lui.

« L’espérance » sur laquelle le pape François nous invite à méditer cette année nous est très précieuse alors que nous sommes en chemin. Le Pape Benoît est celui qui en a le plus parlé. Lorsque nous voyons le Seigneur rechercher la demeure de son Père et vouloir y demeurer avec son humanité, cela doit nous intriguer. Alors qu’il est Dieu, il doit avancer avec son corps dans une certaine obscurité, accepter des limites et construire son intelligence humaine, dans l’amour. « La plus belle source d’espérance, c’est la faiblesse de Jésus-Christ dit un auteur. Si nous ne voulons pas désespérer, nous n’avons qu’à nous réfugier dans la faiblesse de Jésus. » Lui, a voulu donner du temps au temps : Donner du temps au temps pour toucher et rejoindre son Père avec et dans toute son humanité… mais accepter aussi de remettre entre ses mains ce qu’il avait patiemment construit avec l’aide de ses parents et de ceux dont il a voulu se faire accompagner. Il avait une forme d’espérance (cf 2a 2ae, Q.18).  

L’espérance, nous dit le pape, naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix. Réconciliés, nous serons sauvés en ayant part à sa vie (Rm 5, 10). Et sa vie se manifeste dans notre vie de foi qui commence avec le baptême, se développe dans la docilité à la grâce de Dieu. Elle est animée en conséquence par l’espérance toujours renouvelée et rendue inébranlable par l’action de l’Esprit Saint. Il ne s’agit pas seulement de calcul de probabilité à la manière de Pascal, ou d’un espoir qui serait une consolation pour naïfs et pour sots. Mais d’un don de Dieu, une force, une vertu provenant du Christ.

Pourquoi le pape François invite-t-il à un pèlerinage? « De l’entrelacement entre espérance et patience apparaît clairement le fait que la vie chrétienne est un chemin qui a besoin de moments forts pour nourrir et fortifier l’espérance, compagne irremplaçable qui laisse entrevoir le but : la rencontre avec le Seigneur Jésus. » Le meilleur argument en faveur des pèlerinages est que Jésus avec sa famille en a fait. Le don de sa vie et sa résurrection seront en quelque sorte le couronnement du dernier à Jérusalem.

L’espérance, donc soutient l’effort du croyant dans sa marche. Nous devons “déborder d’espérance” (cf. Rm 15, 13) pour témoigner de manière crédible et attrayante de la foi et de l’amour que nous portons dans notre cœur ; pour que la foi soit joyeuse, la charité enthousiaste ; pour que chacun puisse donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent.

L’espérance trouve dans Marie, la Mère de Dieu son plus grand témoin. En elle, nous voyons que l’espérance n’est pas un optimisme vain, mais un don de la grâce dans le réalisme de la vie. Comme toute maman, chaque fois qu’elle regardait son Fils, elle pensait à son avenir. Mais dans son cœur restaient gravées les paroles que Siméon lui avait adressées dans le temple. Marie devenait ainsi et aussi notre Mère, la Mère de l’espérance. Ave Maris Stella. Salut à toi, Marie, étoile de la mer. Amen.


dimanche 15 décembre 2024

Joyeuse Nouvelle au désert

 


 15 décembre 2024 - 3ème Dimanche de l'Avent, de Gaudete (semaine III du Psautier) — Année C

Lectures de la messe

    Première lecture « Le Seigneur exultera pour toi et se réjouira » So 3, 14-18a
    Cantique Jubile, crie de joie,
    car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël. Is 12, 2-3, 4bcde, 5...
    Deuxième lecture « Le Seigneur est proche » Ph 4, 4-7
    Évangile « Que devons-nous faire ? » Lc 3, 10-18
 

 Chers Frères et Sœurs,

Ce dimanche est centré sur la joie, mais vous aurez remarqué que le mot n’est pas présent dans notre évangile tiré de saint Luc. Pourtant Jean-Baptiste est l’ami de l’époux. Il est celui qui doit diminuer et même s’effacer devant l’époux qui est son cousin. Nous sommes touchés par le message de Jean. D’abord parce qu’il est si semblable à celui du Seigneur.
On lui donne un titre qui sera adressé à Jésus, celui de Maître : « Maître, que devons-nous faire ? » On croirait entendre le dialogue avec le jeune homme riche  qui viendra demander au « Bon Maître » ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle. Jésus lui demande de respecter la loi de Moïse. Il le fait déjà… Jésus lui dira : « Il te manque encore une chose: vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis, viens, et suis-moi. » Il ne s’agit pas seulement d’un amour abstrait, mais d’adhésion à une personne. Il veut nous mener à la perfection, à la perfection du culte, de l’adoration, et à la joie dans la plénitude de la rencontre parfaite.
N'est-ce pas un signal, non seulement pour le Peuple Juif, mais pour les hommes de toutes les nations et de tous les temps. Tous les chercheurs de vérité nous annoncent le Christ aussi aujourd’hui. Nous pouvons prier pour ceux qui la défendent des manipulations. Dieu se révèle progressivement à tous les hommes, dans leur culture.
Toutefois, il vient le faire en s’incarnant dans un peuple insignifiant qu’il a préparé. Il le fait en plénitude dans la personne de son Fils. Il va non seulement permettre  « une » rencontre avec son Fils, mais permettre la rencontre par excellence. Non seulement il n’est pas une théorie, mais il y a en lui la plénitude de la vérité sur Dieu, il est Vérité. La Vérité n’est pas seulement une donnée et une connaissance abstraite, elle est une personne (selon une expression de Maurice Zundel). Jésus est le chemin, la vérité et la vie. Il est la manifestation de l’amour du Père pour tous les hommes. Il a une identité.
Pour prendre une image, vous avez certainement déjà remarqué qu’on nous oblige à prendre une vilaine tête sur nos photos de documents officiels. Parfois le résultat fait peur. On en vient à se demander si la personne n’a pas été mordue par une bête malade. Jésus vient à nous non pas en faisant peur et pour faire peur, mais en fils aimant de son Père. Il vient en tant que Dieu, mais en Dieu caché, en Homme, en Personne qui aime. Il ne vient pas comme un roi oriental bien armé, mais en Homme pauvre, doux et humble de cœur. Nous ne pouvons détecter son identité que par le cœur, depuis son incarnation dans le sein de Marie, jusque sur les routes de Palestine, dans la parole de ses disciples, dans les Ecritures et l’Eucharistie aujourd’hui. Dieu qui se rend présent dans la matière et s’y révèle, cela doit nous interpeller. En relisant  quelques passages de Teilhard de Chardin, ces jours, on peut se laisser interroger par les représentations de la présence du divin qu’il pense y percevoir et ce fameux point Oméga. Les papes Benoît et François le citent : « L’aboutissement de la marche de l’univers se trouve dans la plénitude de Dieu, qui a été atteinte par le Christ ressuscité, axe de la maturation universelle» (Laudato si no 83).
Où cela doit-il mener ? A la joie, certes. Quelle joie ? La joie est bien présente dans l’Ancien Testament. Sa première cause en est le Seigneur lui-même. Le but perçu en premier lieu est le culte qu’on peut lui rendre. Le formalisme extérieur du Temple nous le fait comprendre. Mais ne vient-il pas apprendre d’abord à ceux qui le recevront, la manière de vivre pour rencontrer son Père et les moyens de le faire. Il nous donne le moyen d’aimer comme Lui, puisque l’amour est au cœur de la vie trinitaire à laquelle il veut nous intégrer. Il le fait par un don total et parfait de lui-même,  par une consécration et par un sacrifice qu’il vient accomplir. Quelle en est la finalité sinon la joie de la rencontre pour tous et chacun,  d’une rencontre qui n’est pas seulement épisodique, mais celle de l’époux et de l’épouse. Moments de joie et de bonheur exprimés par ce passage du livre de Sophonie. Un tout petit prophète qui s’exprime dans un tout petit livre de quelques pages ou 3 chapitres. Il a été témoin de la catastrophe d’une déportation au 7ème siècle. Il conclut sur une note d’espérance remarquable qui annonce la venue du Messie. La joie de cette entrée dans Jérusalem ne correspond pas aux petites allumettes des feux de bengale parcimonieusement allumées dont on riait à propos de la  Suisse centrale, à l’époque du travail avant tout, y compris le 1er août. Ca n’était pas un 14 juillet. Il s’agit d’une véritable fête, d’une exultation.  
Quant au Roi au milieu de Jérusalem, nous pourrions certainement le comparer à Jésus dans le sein de Marie. Elle est la Jérusalem nouvelle qui exulte de joie en Dieu son sauveur présent au milieu d’elle. Elle chante  son Magnificat. L’ange avait dit à Marie lors de l’annonciation : Kairé, « réjouis-toi », Kara c’est la joie. « Jubile, crie de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël. », lui qui est aussi le tout petit. Kairete, soyez dans la joie, réjouissez-vous ! Saint Paul nous invite tous à la joie.  Elle est une caractéristique chrétienne qui ne dépend pas de nous, mais de l’action de l’Esprit.  « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »
Nous nous réjouissons des bonnes nouvelles et c’en est une, la plus grande ! « Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. » Il est considéré comme l’ange du désert. Relié au prophète Élie, il est souvent représenté avec des ailes, comme un messager de Dieu. En grec, le terme evangelos — d’où viennent les noms "ange" et "évangéliste" — signifie "bon messager", "porteur de bonnes nouvelles". Gabriel annonce une Bonne Nouvelle à l’Annonciation, Jean au désert.
Puissions-nous nous réjouir des porteurs de Bonnes nouvelles, de bonnes nouvelles en matière de vérité et d’amour, de LA Bonne Nouvelle qui nous est annoncée dans le  Christ. Il est le chemin, la vérité et la vie.
Réjouis-toi Marie comblée de Grâce, le Seigneur est en toi, le Seigneur est au milieu de toi Donne-nous ton Fils. Amen.

dimanche 1 décembre 2024

En Avent dans la joie

 


1 décembre 2024 1er Dimanche de l'Avent (semaine I du Psautier) — Année C

 Lectures de la messe

Première lecture« Je ferai germer pour David un Germe de justice » Jr 33, 14-16

Psaume Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers toi, mon Dieu.Ps 24 (25), 4-5ab, 8...

Deuxième lecture« Que le Seigneur affermisse vos cœurs lors de la venue de notre Seign...1 Th 3, 12 – 4, 2

Évangile« Votre rédemption approche » Lc 21, 25-28.34-36

Intro : Chers frères et sœurs,

En ce premier quart de siècle, c’est la 4ème fois que le 1er dimanche de l’Avent tombe un premier décembre. Noël qui survient à une date fixe le 25 décembre s’inscrit donc dans une perspective de vacances avec ponts au pluriel. Nous entrons dans l’année C, alors bonne année liturgique à tous ! Sa particularité est de centrer la liturgie sur L’Évangile selon Saint Luc, l’Evangile de la Miséricorde. Les commentaires ne sont pas très nombreux pour les amateurs, mais il y en a. L’Avent revient avec sa traditionnelle étymologie adventus, avènement qui rappelait l’entrée de l’empereur dans une grande ville ou à Rome et sa 1ère bougie de la couronne, qui a une racine oecuménique. Elle symbolise le pardon accordé à Adam et Eve. Ils mourront sur la terre, mais il vivront en Dieu.

Nous-mêmes, confions-nous donc à la miséricorde du Seigneur. Reconnaissons que nous avons péchés. etc...

Chers frères et sœurs, 

Après cette lecture, vous êtes en droit de vous demander, mais qu’est-ce que le Père Dominique a fait ? Un tête à queue liturgique ? Il s’est trompé de pages et il nous ramène avant la fête du Christ Roi avec les mêmes scénarios de catastrophes apocalyptiques. Le rectificatif est simple et lui aussi rituel. Les premières semaines de l’Avent, jusqu’au 16 décembre, sont centrées sur les oracles du prophète Isaïe annonçant le Messie. À partir du Jeudi de la 2e semaine jusqu’au 16 décembre, Jean-Baptiste fait son apparition dans les Évangiles quotidiens et nous découvrons son rôle dans l’histoire du salut. Et puis, c’est la semaine préparatoire à Noël, du 17 au matin du 24 décembre. Nous voilà rassurés et moi excusé.

Nous sommes invités par le Seigneur avec des paroles et des images fortes à nous tenir prêts pour son retour. Les images de l’apocalypse synthétisent l’attente et la réalisation du salut pour toute l’humanité. Qu’est-ce qu’attendre, comment être ce veilleur représenté comme une image des moines… ou ces soldats qui patientent stoïquement en certains lieux, bravant le froid, la chaleur, le vent et la pluie en devant rester sérieux devant les défilés de touristes qui essayent de les distraire. Une des questions sur lesquelles nous pourrions nous arrêter : Est-il légitime d’être un disciple touristique à la suite du Christ ? On peut le faire avec le sourire, vivre l’Avent avec le sourire. Une personne a eu la gentillesse de m’offrir un calendrier de l’Avent sous forme de morceaux numérotés de chocolat. L’idée est bonne pour apprendre à se limiter en se disant que c’est le seul de la journée. 

Cette attente a cependant un fond de joie : La première lecture mentionne « la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël. » et le psaume également : « Tu es le Dieu qui me sauve…  Les voies du Seigneur sont amour et vérité » Saint Paul ne l’est pas moins : « Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. » Aimer quelqu’un n’est-ce pas vouloir la vie pour lui et vouloir que la joie habite en lui. Quant au Seigneur dans l’Evangile, il nous invite certes à la vigilance. Mais, dit-il : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. » 

En substance quand tout paraît mal aller, que tout est ébranlé, réjouissez-vous car le Seigneur vient. Ca n’est habituellement pas le message qui nous est véhiculé dans les films catastrophes, avec les images artificielles d’inondations, de villes et de bâtiments qui sont détruits et autres fins de monde. Même devant les horreurs des informations, nous avons bien de la peine à écouter le Seigneur et à relever la tête, en nous disant qu’il revient bientôt. 

N'est-il cependant pas semblable à une  petite lampe intérieure, à cette lumière qui brille discrètement dans l’obscurité de notre maison intérieure. Cette petite lumière s’entête à ne pas vraiment s’éteindre. Essayons-nous de dialoguer avec elle et la protéger ? un auteur spirituel nous dit que « Loin d’être toujours facile, la prière est souvent un combat. Il faut tenir bon malgré les difficultés rencontrées pour persévérer dans la pratique de l’oraison. » Oui, Dieu viens à mon aide, Seigneur à notre secours. D’après ce que j’ai cru comprendre, le temps de l’Avent est un temps de retraite au Carmel, de retraite joyeuse, mais de retraite tout de même. Ce fut un 1er dimanche de l’Avent que le premier couvent de carmes déchaussés avait été érigé avec Jean de la Croix (à Duruelo), un signe donc que ce temps est privilégié pour cet ordre.

Le pape François nous a parlé de la joie mercredi dernier… Si l’attente et la préparation de Noël doivent se faire au mieux, elle doit se faire avec la joie qui est un fruit de l’Esprit.  Il a mentionné Saint Philippe de Néri qui ne manquait pas d’humour. Pour éviter de léviter, il  s’était par exemple mis à tirer sur la barbe d’un garde suisse ou avait mis un chat sur un autel… Je ne sais pas si la méthode est pratiquée au Carmel pour les visiteurs, alors que nos sœurs léviteraient, mais je crois qu’il n’y a pas beaucoup de confrères barbus. « Ce que l'on connaît moins, en revanche, a dit le pape, c'est la source de sa joie… Sa joie était, au sens le plus large, un fruit de l'Esprit. » Nous pouvons tous envisager de préparer Noël dans la joie.  Nous pouvons essayer de montrer que nous avons rencontré Jésus en manifestant cette joie qui vient de lui. « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. »  Il est vrai que nous ne vivons pas tous les jours des mystères joyeux, mais ils nous conduisent à notre deuxième naissance. 

Pendant ce temps de l’Avent, « Il ne s’agit pas d’autre chose que de laisser Jésus vivre en nous, car, s’il vit en nous, il sera dans les autres, à travers nous, un accueil infini. »

J’ai vu dans un article de quelques pages hier, que la maman lorsqu’elle attend son bébé a même son cerveau qui se modifie, il changerait de taille et que sa grossesse le rajeunit même. Pourquoi pas ? Les affirmations de scientifiques peuvent même nous faire rêver…

Alors pourquoi ne pas être désireux nous-mêmes, sans exception, d’un rajeunissement spirituel dans cette attente et cette nouvelle préparation de la venue du Messie ?

Sainte Mère du rédempteur, porte du ciel toujours ouverte, étoile de la mer, viens au secours du peuple qui tombe et qui cherche à se relever.

Tu as enfanté, ô merveille, celui qui t’a créée. 

Tu demeures toujours vierge, accueille le salut de l’ange Gabriel et prends pitié de nous, pécheurs. Amen.