FÊTE DES FAMILLES
ET VEILLÉE DE PRIÈRE
DISCOURS DU
SAINT-PÈRE
Benjamin Franklin
Parkway, Philadelphie
Samedi 26 septembre 2015
Samedi 26 septembre 2015
Chers frères et sœurs,
Chères familles,
Chères familles,
Avant tout, je veux remercier les familles qui ont
souhaité partager l’histoire de leurs vies avec nous. Merci pour votre
témoignage ! C’est toujours un don d’écouter les familles partager leurs
expériences de vie. Cela touche nos cœurs. Nous sentons qu’elles nous parlent
de choses qui sont très personnelles et uniques, de choses qui, d’une certaine
manière, nous concernent tous. En écoutant leurs expériences, nous pouvons nous
sentir nous-mêmes impliqués, mis au défi en tant que couples mariés et parents,
en tant qu’enfants, frères et sœurs et grands-parents.
Pendant que j’écoutais, je pensais combien il est
important pour nous de partager nos vies de famille et de nous entraider dans
cette merveilleuse et exaltante tâche d’« être une famille ».
Etre avec vous me fait penser à l’un des plus beaux
mystères de notre foi chrétienne. Dieu n’a pas voulu venir dans le monde
autrement que dans une famille. Dieu n’a pas voulu approcher l’humanité
autrement que dans un foyer. Dieu n’a pas voulu pour lui-même d’autre nom
qu’Emmanuel (cf. Mt 1, 23). Il est « Dieu avec nous ». C’était
son désir depuis le commencement, son objectif, son effort constant : nous dire
: « Je suis Dieu avec vous, je suis Dieu pour vous ». Il est le Dieu qui, dès
le début de la création, dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2,
18). Nous pouvons ajouter : il n’est pas bon que la femme soit seule, il n’est
pas bon pour les enfants, pour les personnes âgées, pour les jeunes, d’être
seuls. Ce n’est pas bon. C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère, et
s’attache à sa femme, et les deux deviennent une seule chair (cf. Gn 2,
24). Les deux sont destinés à devenir un foyer, une famille.
Depuis des temps immémoriaux, au plus profond de
notre cœur, nous avons entendu ces mots puissants : il n’est pas bon pour toi
d’être seul. La famille est la grande bénédiction, le grand don de ce « Dieu
avec nous » qui n’a pas voulu nous abandonner à la solitude d’une vie sans les
autres, sans défis, sans foyer.
Dieu ne rêve pas en solitaire, il essaye de faire
toute chose « avec nous ». Son rêve permanent devient réalité dans les rêves de
nombreux couples qui travaillent à faire de leur vie une vie de famille.
C’est pourquoi la famille est le symbole vivant du
plan d’amour que le Père a rêvé autrefois. Vouloir fonder une famille, c’est se
décider à faire partie du rêve de Dieu, choisir de rêver avec lui, vouloir
construire avec lui, se joindre à lui dans cette épopée de la construction d’un
monde où personne ne se sentira seul, indésirable, ou sans foyer.
En tant que chrétiens, nous apprécions la beauté de
la famille et de la vie de famille comme le lieu où nous apprenons la
signification et la valeur des relations humaines. Nous apprenons qu’« aimer
quelqu’un n’est pas seulement un sentiment fort – c’est une décision, c’est un
jugement, c’est une promesse » (Erich Fromm, The Art of Loving).
Nous apprenons à tout miser sur une autre personne, et nous apprenons que cela
vaut la peine.
Jésus n’était pas un célibataire endurci, loin de
là ! Il a pris l’Eglise comme épouse, et a fait d’elle un peuple à lui. Il a
donné sa vie pour ceux qu’il aimait, de sorte que son épouse, l’Église, puisse
toujours savoir qu’il est Dieu avec nous, avec son peuple, avec sa famille.
Nous ne pouvons pas comprendre le Christ sans son Église, comme nous ne pouvons
pas comprendre l’Église sans son époux, le Christ Jésus, qui a donné sa vie par
amour, et qui nous a fait voir que cela vaut la peine.
Donner sa vie par amour n’est pas facile. Comme
pour le Maître, « tout miser » peut parfois entraîner la croix. Parfois quand
tout semble difficile. Je pense à tous ces parents, à toutes ces familles qui
n’ont pas de travail ou qui n’ont pas les droits des travailleurs, et combien
cela est une vraie croix. Que de sacrifices font-ils pour gagner leur pain
quotidien ! Il est compréhensible que, lorsque ces parents rentrent à la maison,
ils soient si exténués qu’ils ne peuvent pas donner le meilleur d’eux-mêmes à
leurs enfants.
Je pense à toutes ces familles qui n’ont pas de
logement ou qui vivent entassées. Des familles qui manquent du minimum pour
être en mesure de construire des liens d’intimité, de sécurité et de protection
face aux ennuis de toutes sortes.
Je pense à toutes ces familles qui n’ont pas accès
aux services élémentaires de santé. Des familles qui, lorsqu’elles affrontent
des problèmes médicaux, surtout quand il s’agit des membres les plus jeunes ou
les plus âgés, dépendent d’un système qui ne satisfait pas leurs besoins, qui
est insensible à leur peine et leur impose de lourds sacrifices pour recevoir
un traitement approprié.
On ne peut pas qualifier de saine une société lorsqu’elle
ne garantit pas une réelle place à la vie de famille. On ne peut pas penser
qu’une société a un avenir lorsqu’elle ne fait pas passer des lois capables de
protéger les familles et d’assurer leurs besoins fondamentaux, surtout ceux des
familles qui sont à leurs débuts. Que de problèmes seraient résolus si nos
sociétés protégeaient les familles et offraient aux ménages, spécialement aux
couples récemment mariés, la possibilité d’avoir un travail digne, un logement
et des services médicaux pour les accompagner au cours de la vie.
Le rêve de Dieu est inchangé ; il demeure intact et
nous invite à travailler pour une société qui soutienne les familles. Une
société où le pain, « fruit de la terre et du travail des hommes » continue à
être mis sur la table de chaque foyer, pour nourrir l’espérance des enfants.
Les familles parfaites n’existent pas. Cela ne doit
pas nous décourager. Tout au contraire ! L’amour est une chose que nous
apprenons ; l’amour est une chose que nous vivons ; l’amour grandit dans la
mesure où il est « forgé » par les situations concrètes dont chaque famille
fait l’expérience. L’amour naît et se développe constamment entre ombres et
lumières. L’amour peut s’épanouir entre l’homme et la femme qui essayent de ne
pas faire du conflit le dernier mot, mais plutôt une nouvelle opportunité. Une
opportunité pour chercher de l’aide, une opportunité pour nous demander en quoi
nous avons besoin de nous améliorer, une opportunité pour découvrir le Dieu qui
est avec nous et qui ne nous abandonne jamais. C’est le grand héritage que nous
pouvons donner à nos enfants, une très bonne leçon : nous faisons des erreurs,
oui ; nous avons des problèmes, oui. Mais nous savons que ce n’est pas cela qui
compte vraiment. Nous savons que les erreurs, les problèmes, les conflits sont
une occasion de nous approcher les uns des autres, de nous approcher de Dieu.
Ce soir nous sommes venus prier ensemble, prier en
tant que famille, pour faire de nos foyers le visage joyeux de l’Église. Pour
rencontrer ce Dieu qui n’a pas voulu venir dans notre monde d’une autre manière
que dans une famille. Pour rencontrer « Dieu avec nous », le Dieu qui est
toujours parmi nous.
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