Evangile selon saint Jean
Manuscrit grec, papyrus, Egypte, vers 200 – PB II
Evangile : Le Verbe s'est fait chair (Jn 1, 1-18)
Fin et commencement, nous voici en cette fin d’année avec un
Evangile qui est paradoxal, puisqu’il s’agit du Prologue de saint Jean. Au
commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe
était Dieu.
Ne s’agit-il pas d’abord d’un résumé de l’Evangile, presque
d’une table des matières d’un drame divin. Pour être témoin, il est nécessaire
d’avoir vu et entendu quelqu’un ou quelque chose, d’être capable aussi de s’en
souvenir et de transmettre ce qui a été assimilé. Le premier témoin n’est-il
pas le Christ qui vient nous révéler et nous transmettre ce qu’il a vu dans le
sein du Père ? Son témoignage va jusqu’à l’abaissement de l’Incarnation et
au sacrifice de sa personne, pour que nous soit fait le don irrémédiable de sa
miséricorde. Quel curieux témoin pour le moment. Ce bébé, il ne parle pas, son
intelligence humaine n’est pas encore développée et pourtant sa personne est et
contient le message.
Une autre question nous vient, celle de l’âge du témoin et de sa qualité. Nous savons
que dans certaines cultures, le témoignage des femmes est moins bien reçu par
exemple, ou qu’un âge est requis pour être témoin. Pour être témoin du Christ cela peut se réaliser selon la conception commune, dès l’âge d’une maturité de conscience. Mais Les saints Innocents ne sont-ils pas un signe pour nous, comme tous les enfants du monde, du mystère d’une personne humaine, capable de Dieu ? Ils sont pour ainsi dire une lettre de Dieu... Jésus le Christ a encore un +, il est Dieu, le Verbe s’est fait chair. On peut essayer
humainement d’être témoins d’une recherche de vérité. Nous voyons régulièrement
en fin d’année, la computation de journalistes ayant perdu la vie. Les chrétiens
sont volontiers oubliés des médias, mais certaines statistiques viennent régulièrement
à la mi-janvier. Beaucoup sont témoins explicites du Christ, du Fils unique,
plein de grâce et de vérité. Le premier a été Jean-Baptiste porteur d’un message : « avant moi il était. »; les apôtres ensuite, avec le jeune saint Jean, celui qui, reposant sur le cœur du Christ s’est approché le plus de son mystère.
Nous ne pouvons en rester à l’admiration, et avons à nous
interroger nous-mêmes sur notre qualité de témoins au cours de l’année qui s’achève.
Quel est le Christ que j’ai annoncé et de quelle manière ? Nous pourrions nous demander ce matin de quel message avons-nous été porteurs cette année, de quelle manière l’avons-nous fait ?
Remercions encore le Seigneur et Notre-Dame pour cette année
passée au sanctuaire et les progrès accomplis dans les rénovations, mais aussi
pour les grâces spirituelles dont nous avons bénéficiés, avec la semaine du
Vorbourg et les prédications
de Mgr Daucourt sur « La joie de l’Evangile » et celles de tous
les jours.
Demandons-leur d’être d’ouverts cette année au don de la
miséricorde qui nous est proposée dans l’Eglise et au sanctuaire. Pourquoi ?
La vie éternelle a-t-elle un sens pour nous ?
Saint Chromace d’Aquilée affirme que «Jean était le plus
jeune de tous les disciples du Seigneur; le plus jeune en âge, mais déjà âgé
dans la foi» (Sermo II, 1 De Sancto Iohanne Evangelista, CCL 9a, 101). Lorsque
nous lisons: «Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe
était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu» (Jn 1, 1), l’Evangéliste —
traditionnellement comparé à un aigle — s’élève au-dessus de l’histoire humaine
en scrutant les profondeurs de Dieu; mais très vite, suivant son Maître, il
revient à la dimension terrestre, en disant: «Et le Verbe s’est fait chair» (Jn
1, 14). Le Verbe est «une réalité vivante: un Dieu qui... se communique en se
faisant Lui-même Homme» (J. Ratzinger, Théologie de la liturgie, LEV 2010, p.
618). En effet, Jean atteste, «il a habité parmi nous, et nous avons vu sa
gloire» (Jn 1, 14). «Il s’est abaissé jusqu’à assumer l’humilité de notre
condition — commente saint Léon le Grand — sans que sa majesté en soit
diminuée» (Tractatus XXI, 2, CCL 138, 86-87). Nous lisons encore dans le
prologue: «Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après
grâce» (Jn 1, 16). «Quelle est la première grâce que nous avons reçue? — se
demande saint Augustin — C’est la foi». La deuxième grâce, ajoute-il immédiatement,
est la «vie éternelle» (Tractatus in Ioh. III, 8.9, CCL 36, 24.25). (Benoît
XVI – Angélus 2 janvier 2011)
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