L’Evangile lu pour célébrer cette mémoire de saint Martin ce
matin, nous aide à nous rappeler que nous sommes toujours dans l’année de la
Miséricorde dont la clôture dans la chapelle et ailleurs dans le monde, à l’exception
de Saint Pierre, aura lieu dimanche 13 novembre. Les orientaux ont volontiers
accompagné le nom de Saint Martin de « Miséricordieux », Martin le
Miséricordieux. Ce qualificatif fait allusion à l’épisode fameux du partage de
son manteau dont il donna une moitié en hiver à un pauvre à la porte d’Amiens.
C’était la moitié qui lui appartenait, l’autre étant la propriété de l’empereur.
Le Seigneur lui était apparu la nuit suivante, disant aux anges : «Martin
n’étant encore que catéchumène m’a revêtu de ce manteau.» Pourquoi avoir un
intérêt plus marqué pour lui aujourd’hui ? Nos voisins Français le
célèbrent avec faste, sa fête leur rappelle l’armistice, le 11 novembre 1917. On
parle du manteau de saint Martin (couleur bleue) à propos de leur drapeau, mais
c’est de son manteau d’évêque qu’il s’agit. Les capétiens tirent leur nom du
manteau de saint Martin, le capet. Pourquoi ne pas tirer le manteau à soi, par
sainte Clotilde ? Les ambassadeurs de Byzance rencontrèrent Clovis
vainqueur à Tours. Max
Gallo conte l’événement dans son ouvrage Les Chrétiens, tome 2 : Le Baptême du
roi.
Un saut dans le temps nous amène à 1996 où avaient été
célébrés les 1600 ans de l’entrée au ciel de Martin. Saint Jean-Paul II s’étaitdéplacé à Tours, la célébration avait eulieu sur l’aéroport. Nous fêtons cette
année les 1700 ans de sa naissance. Martin est le fils d'un officier romain
basé en Pannonie, c'est-à-dire en Hongrie, à Szombathely, en français Sabarie. Cette
ville d’environ 77.000 habitants aujourd’hui, se situe à la frontière
autrichienne, à l’Est de la Hongrie. Le pape François avait été invité à s’y
rendre, mais il y a renoncé.
Cela n’empêche pas de fêter notre saint.
En obéissant à l’appel divin, Saint-Martin entreprit un
itinéraire de vie chrétienne qui l’a conduit à prendre soin des pauvres et des
opprimés, à répandre l’Évangile avec courage, à lutter contre les erreurs de
son époque, à construire une communauté ecclésiale avec l’esprit d’un pasteur,
avec les sentiments de Jésus-Christ et la capacité de voir le monde par les
yeux de Dieu.
Saint Jean Paul II a affirmé que Saint-Martin a été l’un
des fondateurs du monachisme occidental : il appartient à ce groupe d’hommes
qui constituent le fondement de la culture et de la civilisation européenne,
une réalité qui n’est pas seulement une mémoire, mais qui est aussi un projet à
construire avec confiance et conviction. *
Le profil et le ministère de Saint-Martin témoignent
l’immense contribution humaine, culturelle et spirituelle, que le christianisme
a offert à l’Europe. Le continent est héritier de Saint-Martin, de ces hommes
et de ces femmes qui, comme lui, sont à la base de l’humanisme européen.
De nos jours, il est également nécessaire de faire
mémoire du fait que la vie chrétienne unit la profondeur de la prière, la vie
communautaire, l’annonce de l’Évangile, l’attention et le dévouement envers les
pauvres et envers tous ceux qui souffrent.
Nous avons compris le message, Saint Martin ce n’est pas seulement les
festivités qui accompagnent sa fête et partout liées à la fin des récoltes
et au paiement des baux et loyers agricoles.
Nous pouvons conclure par une prière à Saint Martin
Prière à Saint Martin
Bienheureux Martin, nous venons à toi. Soldat de Dieu,
Apôtre du Christ, Témoin de son Évangile et Pasteur de son Église, nous te
prions :
Tu étais présent à Dieu dans le grand silence des nuits
solitaires, donne-nous de lui rester fidèles dans la foi et la prière.
Catéchumène, tu donnas au mendiant la
moitié de ton manteau.
aide-nous à partager avec nos frères.
A travers champs et bois tu as défié le démon et détruit
ses idoles, prends-nous en ta garde et protège-nous du mal.
Au soir de ta vie, tu n’as point refusé le poids des
jours et des travaux, fais que nous soyons dociles à la volonté du Père.
Au ciel de gloire, tu jouis de ton repos
dans la maison de Dieu.
mets en nos coeurs le désir de te rejoindre
et de connaître près de toi
la joie de l'éternité bienheureuse. Amen
* La vie de saint Martin a été notamment connue par une relation de
sa vie qu’a faite Sulpice Sévère né en Aquitaine vers 363 et décédé au
cours du premier quart du Ve siècle. Ce dernier nous est connu par des lettres
à un autre Aquitain, Paulin qui devint évêque de Nole en Campanie. On dit qu’avant
sa mort, Martin lui serait apparu. Paulin était un contemporain de Saint
Augustin, il a aussi eu une correspondance avec lui. Même dans l’empire décadent
on voyageait beaucoup. Un évêque n’était pas nécessairement un ressortissant du
lieu. Revenons à Martin. Après avoir quitté l’armée à Worms dans des
circonstances dramatiques, il s’est attaché à Saint Hilaire de Poitiers, a
fondé une communauté et a été choisi comme évêque de Tours. C’était un
thaumaturge. S’il est célèbre, c’est non seulement à cause de son amour du
Christ mais encore pour les guérisons et retours à la vie qu’on lui attribue
sont nombreux.
Après que Martin ait fondé Ligugé et Marmoutier, pour
mémoire, il faut encore attendre deux générations pour voir apparaître Saint
Benoît, né en 480. Avant lui s’édifièrent d’autres monastères en France, à Lérins,
Marseille et nos fameux Pères du Jura Romain, Lupicin et Oyend… Saint Colomban
et Moutiers-Grandval c’est 300 ans plus tard. La règle de saint Benoît ne s’est
jamais appliquée à Marmoutier, monastère de saint Martin. Lorsqu’on a voulu
obliger à un choix, ils ont résisté longtemps et ont préféré opter pour Saint
Augustin. Mais tout cela est de l’histoire ancienne. A Ligugé aujourd’hui, les bénédictins sont
là.
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