1 décembre 2016 - 3ème Dimanche de l'Avent, de Gaudete
1ère lecture : « Dieu vient lui-même et va vous sauver » (Is 35, 1-6a.10)
2ème lecture : « Tenez ferme vos cœurs car la venue du Seigneur est proche » (Jc 5, 7-10)
Evangile : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 2-11)
Frères et Sœurs,
Nous avons tous des saints de prédilection. Jean-Baptiste
est un des miens, il a préparé les chemins du Seigneur, et rallumé l’espérance
du peuple d’Israël. Sa lumière brillait si fort dans le désert, que beaucoup
vinrent à lui. Il forma un bon nombre de disciples de Jésus pour les envoyer
vers lui. Il y avait un lien spirituel tellement fort entre lui et le Seigneur
qu’après la résurrection et la Pentecôte, lorsque Paul se rend à Éphèse, il
rencontre avec Apollos des disciples de Jean-Baptiste et ils se mettent tout de
suite à suivre Jésus : "Quel baptême avez-vous donc reçu" leur
demande Paul "Le baptême de Jean", répondirent-ils. 4 Paul dit alors:
"Jean a baptisé d'un baptême de repentance, en disant au peuple de croire
en celui qui viendrait après lui, c'est-à-dire en Jésus." 5 A ces mots,
ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus; » (Actes (BJ) 19)
Ce qu’il y a d’extraordinaire dans ce passage, c’est que
Jean est mort depuis quelques années et que sa parole travaille encore ses disciples.
J’aime aussi beaucoup Jean-Baptiste, parce qu’il a eu le
courage d’oser dire à Hérode ce qu’il en était de son mariage, pas pour lui
faire un reproche méchant, mais pour lui dire qu’il devait aimer Dieu en Esprit
et en vérité, par-dessus tout. Les conséquences sont dramatiques, Hérodiade va
se venger de la manière que nous connaissons en faisant danser Salomé et par
elle, elle obtient la tête de Jean… Sur un plat ! Les goûts sont assez
curieux, mais ne changent pas nécessairement avec le temps. Hérode qui avait
répudié sa femme qui était fille du roi des Nabatéens, va perdre dans une
bataille contre lui après la mort de Jean. Ce sera ensuite Jésus qui passera
devant « le renard », lequel finira tragiquement sa vie à Saint
Bertrand de Comminges sur ordre impérial…
Quel est le Message que Jésus lui envoie ? Il mentionne
le prophète Isaïe : « Dieu vient lui-même et va vous sauver »… Jésus va
construire lui-même cette route sacrée que ne fouleront pas les impies dit
Isaïe (Is 35, 8), un chemin de sainteté, la voie de la mer. Après toutes les destructions
et les abominations il vient libérer son peuple. « Heureux celui pour qui
je ne suis pas une occasion de chute ! » Nous ne sommes pas capables de
construire la route, tout au plus de tenter de préparer des matériaux, lui va
la tracer et la construire définitivement.
Je pense que nous sommes tous saisis par le contraste et
l’apparente contradiction avec la mort de Jean… On le décapite, et pourtant il
a reçu la Bonne Nouvelle et la confirmation qu’il attendait, oui, Jésus est le
Messie ! Cela donne quelques frissons… Quel est le message ? Il ne
peut être que celui de la victoire de Jésus sur la mort. Il va lui-même
emprunter cette vraie voie sacrée. Un portraitiste Français du 19ème
a représenté Salomé en superbe jeune fille orientale portant la tête de Jean
sur son plat et sa mère dans l’ombre qui a machiné toute l’affaire. Quel
message ? Sinon que cette réussite n’est qu’apparente. Hérodiade n’a pas
tué l’espérance et la joie de Jean, certain de la victoire du Messie :
« Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! ».
Nous avons peut-être connaissance du témoignage de
prisonniers qui ont entendu longtemps de revoir la lumière et qui n’ont pas
perdu l’espérance. La cruauté humaine est telle qu’ils ne manquent pas. Le
drame actuel de Syrie m’en a mis
plusieurs sous les yeux, celui de femmes obligées d’assister à des
décapitations et craignant tous les jours pendant longtemps de perdre la vie,
avec des mauvais traitements dégradants en sus. Je garde aussi dans mon cœur le
Père Jacques Mourad, responsable d’une communauté dans ce pays. Enfermé dans
une salle de bains transformée en prison pendant 3 mois, il pensait tous les
jours que sa dernière heure était arrivée. A un moment, après avoir été
fouetté, un homme lui a glissé un couteau sous la gorge. « Il a commencé à
compter. J’ai crié, dit-il « Seigneur prends pitié de mes péchés. »…
Et l’homme l’a laissé tomber par terre. Un miracle conclut-il. Et une fameuse
leçon pour ceux qui l’ont entendu… Un cri d’espérance en la miséricorde.
Oui, le Seigneur vient nous sauver, il trace une route
sacrée vers la lumière et la vie. Viens, Seigneur, viens nous sauver ! Qu’êtes-vous
allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? Quelqu’un
qui change d’avis en permanence, qui ne sait pas ce qu’il veut et surtout qui
il veut suivre… Un passage du livre des rois (1 R 15) dit que le Seigneur fera vaciller Israël comme le roseau parce
qu’il ne l’a pas suivi et qu’il l’arrachera. Ce sera Jésus qui sera tourné en
dérision. Il ne vient pas portant les attributs d’un roi. On va l’affubler d’un
roseau, comme bâton de commandement. Ceux qui croiront l’arracher à la vie lui
aussi se trompent, il reçoit l’autorité de nous faire entrer dans la vie. Il
vient renforcer notre espérance.
Le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que
Jean-Baptiste. Jésus se fait aussi un petit enfant né d’une femme, mais il est
aussi celui qui naît d’en haut et nous fait naître d’en haut. Le baptême de
Jean, laisse la place au baptême de Jésus et à l’Esprit-Saint.
Jésus va naître d’une femme, la Vierge Marie et c’est sur ce
mystère que nous pouvons méditer encore. Pendant 9 mois, il va rester caché en
celle qui est l’arche de l’Alliance : « Voici que Dieu vous donnera un
signe, la Vierge est enceinte, elle va enfanter un Fils. Il sera appelé
Emmanuel » (Isaïe. 7/14). Ce Signe est le Fils de Dieu Lui-même, représenté sur
l’icône dans le sein de Sa Mère en position d’Orante.
« Viens Seigneur, viens nous sauver », hâte-toi et
donne-nous la patience de t’attendre. Donne-nous ta joie que personne ne pourra
nous enlever.
P.S.
N’oubliez pas cette semaine de prier encore pour notre pape
François qui aura 80 ans le 17 décembre, Première antienne O : O
Sapientia.
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