Première lecture
« Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit » (So 2, 3 ; 3, 12-13)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Évangile
« Heureux les pauvres de cœur » (Mt 5, 1-12a)
Homélie
Frères et Sœurs,
Nous avons entendu dimanche dernier que Jésus, après son
baptême et la tentation au désert, avait quitté la Judée et Nazareth. La première
parce que Hérode Antipas avait fait arrêter Jean-Baptiste et la seconde pour
bien marquer le début de son ministère en Galilée, il accomplit sa mission. Il
avait élu domicile à Capharnaüm et choisi ses premiers disciples. Aujourd’hui,
il commence à enseigner dans ce qu’on appelle le sermon sur la Montagne. Il
énonce les béatitudes.
Pour mettre cela au goût du jour, on pourrait dire que c’est
un discours programme. L’Evangile des béatitudes est celui que nous lisons à la
Toussaint. Jésus nous dresse d’entrée une sorte d’image de la fin des temps où
il sera tout en tous. Vous connaissez, je crois ces fameuses représentations du
Christ constituées de milliers de visages… Nous formons ensemble le Corps du
Christ, il nous assimile dans une certaine mesure à Lui.
Que sont en effet les béatitudes, sinon une sorte d’autoportrait
spirituel de Jésus ?
L’ancien pape Benoît (Toussaint)
nous parlait des béatitudes en ces termes : « Le bienheureux par
excellence est uniquement Lui, Jésus. En effet, c'est Lui qui a véritablement
une âme de pauvre, l'affligé, le doux, l'affamé et assoiffé de la justice, le
miséricordieux, le coeur pur, l'artisan de paix; c'est Lui le persécuté pour la
justice. Les Béatitudes nous montrent la physionomie spirituelle de Jésus, et
expriment ainsi son mystère, le mystère de Mort et de Résurrection, de Passion,
et de joie de la Résurrection. »
A la différence de certains politiciens, Jésus va faire des
promesses qu’il pourra tenir. Il a expérimenté lui-même les béatitudes et il
est ressuscité.
Les circonstances de l’actualité du moment m’ont fait jeter
un coup sur un ancien roman de George Orwell, intitulé « 1984 »
et qui a des tonalités curieusement contemporaines. On y réécrit les discours
des politiciens lorsqu’ils ne correspondent plus à l’histoire vraie et que les
promesses se sont évaporées quelques années après. Certains dans une nouvelle
civilisation, sont chargés d’en retrouver toutes les éditions et de les
corriger. Le parti au pouvoir à quelques slogans curieusement balancés et une
étrange manière de renommer une vérité par son contraire : LA GUERRE C’EST
LA PAIX, LA LIBERTE C’EST L’ESCLAVAGE, L’IGNORANCE C’EST LA FORCE. Dans ce
nouveau monde, on découvre des ministères au nom curieux : Miniver, ou
ministère de la Vérité, s’occupe des divertissements, de l’information, de
l’éducation et des beaux-arts. Minipax : Le ministère de la Paix, s’occupe
de la guerre. Miniamour ou ministère de l’Amour veille au respect de la loi et
de l’ordre. Le Miniplein enfin ou ministère de l’Abondance, qui est responsable
des affaires économiques.
Les Béatitudes ne sont de toute évidence pas du même ordre,
Jésus ne vient pas nous dire de nier la réalité, d’effacer notre histoire et de
la réécrire. Il vient marcher avec nous après avoir tracé le chemin jusqu’au
bout. Il établit aujourd’hui pour tous ses disciples dont nous sommes, une
sorte de carte pour atteindre le vrai bonheur.
Ayant tous présents en notre cœur la passion de Jésus, nul
d’entre nous ne contestera qu’il est bien rude, ce chemin. Chers amis qui vous
rendez à Lourdes, combien avez-vous vu de misères, de larmes, de tristesses, de
souffrances physiques ou même psychiques… c’est le Christ souffrant. Le monde
de la souffrance humaine est sans mesure… Certains d’entre nous se souviennent
peut-être de l’encyclique de saint Jean-Paul II sur le
sens de la souffrance humaine de 1984, l’année qui suivit son premier
déplacement à Lourdes.
Mais aussi que de consolations, d’apaisement, de lumière
dans les yeux, de joie retrouvée n’avez-vous pas vu sur la route du retour,
chers frères et soeurs. C’est un témoignage que les promesses contenues dans
les béatitudes ne sont pas du domaine de l’utopie. Le Christ est déjà présent dans
nos cœurs… Il marche avec nous. Tout va mal, mais tout va bien. D’une certaine
manière les montagnes se renversent sur nous, nous tombons, nous passons par
les pires moments, mais quelqu’un demeure fort en nous, quelqu’un prie en nous…
Dieu, viens à mon aide, Seigneur viens à notre secours chantons-nous ou au
disons-nous au début des prières rythmant notre journée. Et nous pouvons
proclamer, annoncer, confesser la gloire de Dieu. Gloire soit au Père et au
Fils et au Saint Esprit. Vivre les béatitudes est-ce que ce n’est pas une sorte
de miracle permanent ? Vivre les béatitudes n’est pas être des témoins,
être témoins que Dieu nous habite et vient dans sa miséricorde à la rencontre
de tous les hommes. N’est-ce pas être aussi témoins de la résurrection de Jésus
et dire notre foi en la nôtre : je crois en la résurrection de la chair, à
la vie éternelle.
Je conclus avec Saint Jean-Paul II : Avec Marie, Mère
du Christ, qui se tenait au pied de la Croix, nous nous arrêtons près de toutes
les croix de l'homme d'aujourd'hui… A vous précisément qui êtes faibles, nous
demandons de devenir une source de force pour l'Eglise et pour l'humanité. Dans
le terrible combat entre les forces du bien et du mal dont le monde
contemporain nous offre le spectacle, que votre souffrance unie à la Croix du
Christ soit victorieuse!
Oui, frères et bienheureux êtes-vous, bienheureux
sommes-nous de vivre les béatitudes. Amen.
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