Premier Dimanche de Carême A
PREMIÈRE LECTURE
Création et péché de nos premiers parents (Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a)
PSAUME
(Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17)
DEUXIÈME LECTURE
« Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 12-19)
ÉVANGILE
Jésus jeûne quarante jours, puis est tenté (Mt 4, 1-11)
Frères et Sœurs,
Aujourd’hui Jésus est conduit au désert par l’Esprit. Il
jeûne quarante jours et quarante nuits. Ces jours symbolisent les quarante ans
d’Israël au désert pour parvenir à la Terre Promise. Mais ce sont aussi les 40
jours et quarante nuits du déluge, les quarante jours et quarante nuits d’Elie
pour accéder à la Montagne Sainte. Ce sont des temps d’épreuve auxquels va
répondre la présence guérissante de Jésus ressuscité à ses disciples après la
résurrection, jusqu’à l’Ascension, quarante jours après Pâques.
« Les trois Evangiles synoptiques racontent, à notre
surprise, que la première disposition de
l'Esprit fut de conduire Jésus au désert, après son baptême « pour être tenté
par le démon » (Mt 4, 1), commente l’ancien pape Benoît. L'action de la
prédication est précédée par un temps de recueillement, qui est aussi
nécessairement une lutte intérieure pour la mission et une lutte contre les
déformations de la mission, qui se présentent comme ses vrais accomplissements.
C'est une descente dans les épreuves qui menacent l'homme, car c'est seulement
ainsi que l'homme qui est tombé peut être relevé. »
Que se passe-t-il alors ? au terme de son jeûne
au désert, il va être tenté par le démon, ce sont trois tentations qui peuvent
nous renvoyer aux trois jours d’obscurité où Jésus descend aux enfers avant de
ressusciter d’entre les morts, trois jours à l’issue desquels il va retirer
Adam et Eve des enfers et briser les portes de la mort.
C’est par son obéissance, par l’obéissance d’un seul, que
Jésus accomplit toute justice et « a conduit tous les hommes à la
justification qui donne la vie. » Des cavernes de toutes les tristesses et
de la solitude, Il retire tous les hommes qui veulent prendre sa main et suivre
sa lumière vers le Père.
« Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres
deviennent des pains » (Mt 4, 3) - « Si
tu es le Fils de Dieu, descends de la croix » (Mt 27, 40). « Si tu es le Fils de Dieu prouve que tu
l’es, ici et maintenant, par un miracle, par un miracle pour toi.» Pense à
toi ! Il est venu nous donner le pain des anges, l’Eucharistie et nous
invite à demander à Notre Père des cieux le pain de chaque jour. Nous
l’obtenons par notre travail et par le sacrement du frère. Tenter Dieu dans
l’homme, c’est l’œuvre du serpent.
Sa haine et son mépris de notre humanité s’exprime encore
dans les deux tentations suivantes. Lui qui est une pure créature spirituelle
veut prendre la place de Dieu lui-même et même amener Dieu à l’adorer. « Si tu
es Fils de Dieu, jette-toi en bas. » L’ange déchu, entrer dans la
désobéissance ne secourrait personne… Ce n’est plus l’aide de Dieu qui est
demandée, mais une incitation à la provocation gratuite. Faire obéir Dieu, le
mettre à son service, l’instrumentaliser ! Le diable cite même
l’Écriture ! Il est spécialiste en exégèse personnelle et égocentriste.
L’ancien pape Benoît s’est amusé dans son premier livre Jésus de Nazareth à
citer l’Antéchrist
de Soloviev. L’Antéchrist était empereur et avait reçu un doctorat
en Théologie de l’Université de Tübingen (pour la petite histoire, c’est aussi
celle de Hans Küng… mais en carême il faut être sérieux). Les pires livres qui
détruisent la figure de Jésus et démolissent la foi, ont été écrits avec de
prétendus résultats de l'exégèse, dit l’ancien pape. Il serait plaisant
d’ajouter « en allemand » ce qui limite un peu les dégâts.
Bienheureux les pauvres…
Jésus ne va pas sauter du haut du pinacle du temple, mais
de la croix il va descendre jusqu’aux fond des enfers et en remonter avec tous
les hommes. « Il a osé ce saut-là comme acte d'amour de Dieu pour les
hommes. » Encore une fois, il ne l’a pas fait par égocentrisme, mais mu
par l’amour de son Père et des hommes. Il savait qu’au troisième jour son Père
le relèverait.
« Cette confiance, à laquelle l'Ecriture nous
autorise et à laquelle le Seigneur, le Ressuscité, nous invite, est quelque
chose de tout à fait autre qu’un défi
adressé à Dieu. »
Dans la troisième épreuve, le démon révèle explicitement
son désir profond d’être adoré comme Dieu et de prendre sa place.
« Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds,
tu te prosternes devant moi. »
« Arrière Satan ! » La réponse de Jésus
est cinglante et nous rappelle celle adressée à Pierre, après qu’il ait
confessé sa foi en lui. Pierre veut éviter la croix à Jésus et veut le voir
commander aux nations, mais Jésus reconnaît et démasque l’inspirateur de ses
paroles. On ne peut adorer que Dieu seul et comme lui l’entend, c’est-à-dire aimer
jusqu’au bout.
« A la divinisation fallacieuse du pouvoir et du
bien-être, à la promesse fallacieuse d'un avenir garantissant tout à tous, en
vertu du pouvoir et de l'économie, il a opposé la nature divine de Dieu - Dieu
comme véritable bien de l'homme. » Jésus est notre résurrection et notre
vie. La miséricorde passe par la croix de Jésus et son amour pour le Père
manifesté jusque-là.
Je voudrais conclure avec le pape François qui nous
explique presque que le Carême ne consiste pas à contempler dans son miroir si
nous avons bien poudré de cendres notre face de Carême. « Le Carême est le
temps pour recommencer à respirer, c’est le temps pour ouvrir le cœur au
souffle de l’Unique capable de transformer notre poussière en humanité… Le
Carême est le temps de la compassion pour dire avec le psalmiste: «Rends-moi la
joie d’être sauvé, que l’esprit généreux me soutienne », pour que par notre vie
nous proclamions ta louange (cf. Ps 51, 14), et pour que notre poussière – par
la force de ton souffle de vie – se transforme en «poussière aimée».
Avec Marie qui nous accompagne au désert et avec sa
prière demandons au Seigneur de nous aider à aimer Notre Père de tout notre
cœur, de toutes nos forces et de tout notre esprit. Amen.
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