« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Frères et sœurs,
Le pharisien qui s’adresse à Jésus est un docteur de la Loi,
un fin connaisseur. Il vient mettre le Seigneur à l’épreuve, lui qui avait muselé
les sadducéens, ces prêtres qui ne croyaient pas en la résurrection et la
tournaient en ridicule… Pensez une femme avec 7 maris en même temps, quelle
problématique conjugale et pour l’éternité, la malheureuse.
Dans saint Matthieu, l’intention des pharisiens n’apparaît
pas comme étant des plus pures, il s’agirait plutôt de poursuivre une mission
où les Sadducéens avaient échoué. Pourtant les pharisiens croyaient en la
résurrection. La version de saint Luc est différente.
L’interlocuteur de Jésus ne veut entendre de lui qu’une
seule réponse et l’enfermer dans son interprétation. Il parle de la Loi, mais n’en
cite qu’un livre, le Deutéronome. Tout Israélite connaît par cœur ce passage du
Deutéronome. Il fait partie du Chema Israël, leur grande prière. « Ecoute
Israël, le Seigneur notre Dieu est un ! Tu l’aimeras de tout ton cœur, etc… ».
Elle commence par proclamer que Dieu est un. Puis vient l’énoncé de ce
commandement. Le début du chapitre 6 du Deutéronome dont elle fait partie dit
dans nos traductions : Voici le commandement, les lois et les coutumes que
le Seigneur vous a ordonné d’apprendre et de mettre en pratique… pour être
heureux. La finalité, le bonheur est d’être en communion avec Dieu qui bénit. Moïse
a donné peu avant dans ce livre les 10
commandements et voilà qu’ils sont réduits à un seul, l’amour de Dieu. Jésus va
ajouter l’amour du prochain en recourant à une citation du Lévitique. Il ne se
laisse pas limiter par un livre, celui du Deutéronome, dans ce qu’il est d’usage
d’aller la Loi, mais il recourt à deux livres. Dans Saint Luc, c’est le
pharisien qui donne lui-même cette réponse. Il est félicité par Jésus qui lui
indique encore à sa demande qui est son prochain avec la parabole du Samaritain.
Il ne s’agit pas seulement des membres de son peuple. Il va encore plus loin,
dépassant le texte du lévitique.
Jésus ne se laisse pas enfermer dans des considérations qui
limiteraient le champ des réflexions sur la parole de Dieu aux livres de la Loi
non plus, à savoir les cinq premiers livres de la Bible, le Pentateuque si vous
préférez. Il mentionne encore les Prophètes. «De ces deux commandements dépend
toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » Les Prophètes, c’est la parole de
Dieu agissante pour aider son Peuple à suivre la Loi et à l’inscrire dans son
cœur, dans sa vie. Les prophètes, c’est Dieu qui vient à la rencontre de son
Peuple et qui veille sur lui. Les prophètes annoncent aussi la venue du Messie
et son identité, d’un Sauveur. Il vient faire toutes choses nouvelles. Jésus
fait un pas de plus, sur la question du Messie, il va mettre dans l’embarras
les pharisiens en leur posant une question sur son identité dans la péricope
suivante : De qui est-il le Fils ? de David ou est-ce Dieu lui-même…
Dieu qui vient en personne sauver son Peuple et il va être rejeté.
Il est un Dieu qui se fait fragile, qui peut être atteint
par la douleur et la mort pour un temps. Il est Dieu qui se fait homme et qui
veut être aimé non seulement comme Dieu, qui est au-dessus de tout, mais comme
un homme. Comment en effet, dire que l’on aime vraiment Dieu s’il ne s’agit que
d’application de règles qui sont bonnes en elles-mêmes et en faisant des
sacrifices d’animaux. Ce qui pourrait s’entendre d’un amour de Dieu qui le
ferait aimer seul, par nous qui sommes des êtres humains bien pauvres. Comment aimer
et atteindre Dieu tout là-haut dans le ciel ? Il est un Dieu qui se laisse
maintenant toucher et aimer comme un homme, et comme Homme, un Dieu qui se fait
aimer dans tous les hommes.
Il dépasse en quelque sorte les Écritures. En lui se
réalisent les promesses annoncées par les prophètes. Il n’abolit pas les
Écritures, il va plus loin qu’elles dans ce sens qu’il conduit à ce qu’elles
soient dépassées par l’intérieur pour ainsi dire. Seul l’Esprit-Saint peut y
amener, amener à la véritable adoration en aimant Dieu en Esprit et en vérité.
Dieu est amour, et un véritable amour est proprement divin… Aimer
Dieu n’est pas un code de conduite qui justifie. Pour parler de manière
compréhensible, disons que rencontrer Dieu, ce n’est approcher d’un super
juriste doublé d’un moraliste casuiste, comme dans l’Islam par exemple, maniant
et imposant l’ensemble de codes en vigueur et leurs pénalités. Il doit y avoir
actuellement dans les seules lois humaines, quelques centaines de giga ou tétra
octets de données… La simplicité de l’amour de Dieu ce n’est pas ça, bien que
les parcours du tendre soient parfois bien compliqués avant d’y parvenir.
Comment faire ?
L’ancien pape Benoît nous l’expliquait dans
sa première encyclique : Nous avons cru à l’amour de Dieu: c’est ainsi
que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa vie. À l’origine du
fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée,
mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel
horizon et par là son orientation décisive.
Vers qui se tourner pour nous montrer qui est Jésus et ce
qu’est le véritable amour ? Marie, la Vierge, la Mère, nous montre ce
qu’est l’amour et d’où il tire son origine, sa force toujours renouvelée. C’est
à elle que nous confions l’Église, sa mission au service de l’Amour disait le
pape Benoît :
Sainte Marie, Mère de Dieu, tu as donné au monde la vraie
lumière, Jésus, ton fils – Fils de
Dieu. Tu t’es abandonnée complètement à l’appel de Dieu et tu es devenue ainsi
la source de la bonté qui jaillit de Lui. Montre-nous Jésus. Guide-nous vers
Lui. Enseigne-nous à Le connaître et à L’aimer, afin que nous puissions, nous
aussi, devenir capables d’un amour vrai et être sources d’eau vive au milieu
d’un monde assoiffé. Amen.
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