Nous avons dans la région bâloise qui se paganise aujourd'hui à grande vitesse, trois monuments de la théologie : Erasme, Karl Barth et Hans Urs von Balthasar. On a beaucoup parlé de ce dernier sur KTO ces jours, et il faudrait être vraiment très savant ou prétentieux pour prétendre bien parler d'eux. Une erreur à ne pas commettre : prendre le Père Hans Urs pour un théologien thomiste-conservateur en raison des expressions de son attachement à l'Église. Il fut un vrai révolutionnaire dans son domaine.
Hans Urs von Balthasar avait écrit un petit livre sur le Rosaire, intitulé : triple couronne - le salut du mode dans la prière mariale (Le Sycomore P. Lethielleux 1978.) Il n'a pas anticipé les mystères lumineux de Jean-Paul II qui ont bouleversé le schéma du rosaire.
En ce samedi, jour de Marie, un extrait de l'introduction :
Le chemin entre Dieu et nous est ouvert dans les deux sens
: « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » — et : « Je suis venu dans le
monde comme la Lumière, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les
ténèbres. » (Jn 14, 6 ; 12, 46)
Mais comment la Voie a-t-elle pu parvenir jusqu’à nous, la
Lumière pénétrer jusqu’à nous, le Verbe habiter parmi nous ? Car il le fallait
pour nous permettre d'aller à Dieu par une voie praticable à l'homme.
Autrement, la Lumière n’aurait lui que dans les ténèbres, et celles-ci ne
l’auraient pas comprise, la Lumière serait venue chez elle (car le monde
appartient à Dieu) et les siens ne l’auraient pas reçue. Il fallait quelqu’un
pour accueillir le Verbe, si totalement qu'il pût trouver place en un être
humain, afin de s'incarner en lui, comme l’enfant dans sa mère.
Cette mère qui s’offre et s’ouvre sans réserve au Verbe de
Dieu, ce n'est pas nous ! Aucun de nous ne dit à Dieu le oui sans réserve.
Aussi le consentement parfait nous reste-t-il inaccessible. Et pourtant il est
une des conditions requises pour que le Verbe de Dieu parvienne réellement
jusqu’à nous et devienne la Voie où nous pourrons marcher. Dieu n’aurait pu se
faire homme dans un cœur qui ne lui fût qu’à moitié donné. Car l’enfant est
essentiellement dépendant de sa mère, il se nourrit de sa substance corporelle
et spirituelle, c’est elle qui le forme à une vraie et féconde humanité. Une
mère qui nous dépasse, condition requise pour que s’ouvre une voie entre Dieu
et nous, n’est pas pour autant isolée, mais elle crée pour nous la possibilité
de devenir à notre tour capables de dire oui, en sorte que le Verbe parvienne
aussi jusqu’à nous, et nous en lui jusqu’à Dieu. « Heureux le corps qui t’a
porté, le sein qui t’a nourri. Oui, heureux en vérité ceux qui entendent la
parole de Dieu et qui la gardent!» (Lc 11, 27-28)
« Quiconque fait la volonté de mon Père céleste est mon
frère, ma sœur, ma mère. » (Mc 3, 35)
Par son « avant » perpétuel, Marie permet notre « avec ». La
communauté que Dieu, en elle, noue avec l’homme en devenant un enfant des
hommes est le substrat d’une communauté qui nous relie entre nous comme enfants
de Dieu et que nous appelons l’Eglise de Dieu. La Mère est le préalable
permanent, le point de départ et l’accomplissement de l’Eglise, à laquelle, si
nous voulons, nous pouvons appartenir en hommes qui s’acheminent vers le oui
parfait et tendent à son enracinement dans toute notre vie. Ainsi nous pouvons
et devons dire, nous les imparfaits, à celle qui est l'accomplie, et qui nous
introduit et nous attire à sa plénitude : « Ave Maria ». Mais non pas en la
séparant de son Fils : elle n'est que la réponse, il est la Parole.
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