Source : histoire-religieuse-jura.blogspot.ch
Adoration des mages à l'église de Lajoux.
Elle provient de l'abbaye
de Bellelay.
L'Épiphanie du Seigneur — Année B
Solennité
Première lecture« La gloire du Seigneur s’est levée sur toi »Is 60, 1-6
Psaume Toutes les nations, Seigneur,
se prosterneront devant toi.
cf. 71,1171 (72), 1-2, 7-8, 1...
Deuxième lecture« Il est maintenant révélé que les nations sont associées ...Ep 3, 2-3a.5-6
Évangile Nous sommes venus d’Orient adorer le roi
Frères et Sœurs,
Nous voyons deux titres mentionnés au début de l’évangile,
celui de roi, basileus, attribué à Hérode et celui de Magoi, de mages, aux
visiteurs guidés depuis l’Orient, par l’étoile. Hérode était un personnage,
terrible, courageux, génial en matière architectural. Songez, frères et sœurs,
à ses constructions, d’abord le Temple, qui n’avait pas été achevé du vivant de
Jésus, puis les forteresses, Machéronte, l’Hérodium, Massada et la ville de
Césarée. Il avait rassemblé presque tout le territoire de l’ancien Israël par
la force, le courage, une diplomatie des plus audacieuses et la ruse. Les
romains lui avaient reconnu le titre de roi. Mais ce mégalomane paranoïaque à
un degré incroyable, était le plus cruel des hommes. Un auteur célèbre, de la
fin du 3ème, début du 4ème siècle, Macrobe, rapporte
qu’Auguste aurait dit de lui : « Il vaut mieux être le cochon d'Hérode que son
fils » (Macrobe, Saturnalia, 2 : 4, 11). Il avait fait exécuter son épouse
préférée et plusieurs de ses fils.
Dès lors, nous imaginons l’effet qu’a pu provoquer chez Hérode,
la demande des mages : « Où
est le roi des Juifs qui vient de naître ? ». Il sentait déjà le trône
vaciller sous ses pieds, lui qu’on accusait d’être à la solde des romains et
illégitime. Il n’était pas le descendant de David. Un enfant peut-il être
dangereux ? L’histoire d’Israël nous dit que Salomon fut couronné roi d’Israël
à 12 ans, Manassé à 12 ans aussi, Josias à 8 ans. C’est dire si, dans l’esprit
de ce monarque, un enfant descendant de David, pouvait représenter un danger.
Que voulaient faire les mages ? « Nous sommes
venus nous prosterner devant lui. » L’acte est réservé aux détenteurs de
l’autorité publique à l’époque. Même aujourd’hui on salue ceux qui sont établis
dans une fonction publique, pour reconnaître leur nouvelle responsabilité. Cela
se fait différemment, le sens de la
poignée de main change, ce n’est plus celui de la période électorale.
Les mages avaient été conduits par une étoile, depuis
l’Orient. Elle semble avoir disparu au-dessus de Jérusalem. Ce sont ceux qui
connaissaient les Ecritures qui ont donné la réponse à la question des mages.
Matthieu veut certainement attirer notre attention sur elles, qui contiennent
la lumière. « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le
dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le
berger de mon peuple Israël. » Selon les notes de nos Bibles, c’est une
combinaison qui n’est pas littérale du prophète Michée et du 2ème
livre de Samuel. L’étoile à sa manière confirme les Écritures en brillant à
nouveau et en conduisant ces voyageurs à la crèche.
Ces trois sages, ces trois mages sont venus de loin. Ils avaient
appris par leur science étonnante et païenne, cet événement extraordinaire et
caché qu’était la naissance de l’enfant. Ne serait-ce pas une indication que
Dieu aime tous les hommes et veut les conduire à son Fils, à travers leurs
cultures et leurs religions ? « Les rois mages n'ont-ils pas trouvé
le Christ (Mt 2,1-12) grâce à l'étoile, c'est-à-dire grâce à leur « superstition
», grâce à leur religion ? Par leur intermédiaire, leur religion ne s'est-elle
pas présentée pour ainsi dire à genoux devant le Christ et comme courant
au-devant du Christ? » (Benoît 16 – Foi, vérité, tolérance) On insiste
beaucoup aujourd’hui sur la laïcisation et l’oubli du Christ par pans entiers
de nos sociétés. Où brille l’étoile aujourd’hui ? Où sont les sages
d’aujourd’hui qui la cherchent? La crèche, n’est-ce pas les lieux où l’évangile
est vécu, où le Christ est vivant ? N’est-ce pas dans son Église qu’il est
vivant avant tout ? L’Église n’est-ce pas le lieu où il naît aujourd’hui,
où il se laisse approcher et reconnaître ? Il est déjà tout près de ceux
qui se sont éloignés de lui, il fait briller son étoile.
Les mages se sont fait pèlerins, ils ont accepté de regarder
vers l’étoile, de se mettre en route et d’apporter leurs dons. Vous me
permettez une citation d’un sermon de mes auteurs préférés pour l’Épiphanie,
saint Augustin : « Au-dessus de la couronne de gloire qui apportait
la joie à toute la terre, on voyait donc voltiger et briller, au milieu des ténèbres,
les mystérieuses et bleuâtres lueurs destinées à annoncer le Sauveur; et, par
la route de feu qu'elle traçait, avec un empressement joyeux, dans les airs,
l'étoile amenait d'Orient les trois mages , comme trois pierres précieuses à
ajouter à la couronne du Christ naissant dans l'innocence : ils devaient y être
incrustés à titre de prémices et en fléchissant le genou. Voilà donc que des
milliers de pierres précieuses viennent s'attacher à la couronne de cet enfant
qui naît pour rajeunir la vieillesse d'un monde devenu caduc. » Ils lui
ont apporté l’or de la royauté, l’encens de la divinité et la myrrhe pour
annoncer le moyen par lequel il allait régner.
Le pape hier nous invitait à suivre l’exemple des mages et
leur parcours en cette fête de l’épiphanie : Trois gestes des Mages
orientent notre marche à la rencontre du Seigneur qui se manifeste aujourd’hui
comme lumière et salut pour tous les peuples. Les Mages voient l’étoile, ils
marchent et ils offrent des présents.
Les mages sont allés
à la rencontre du Christ en acceptant de se laisser surprendre et ils l’ont
été. Qu’ont-ils vu ? Un enfant sur les genoux de sa mère ? « Ils
entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère. » -
« Voici qu’a brillé (à leurs yeux) la splendeur de Dieu : sa
puissance est apparue grâce à la Vierge, car le Très-Haut a choisi une humble
naissance pour manifester dans cette humilité sa propre majesté. » Qui
aurait peur d’approcher d’un enfant ?
Marie, l’étoile de la mer est experte en étoiles. Qu’elle fasse
briller encore plus celle qui nous conduit, nous à notre Bethléem, dans l’Église
de son Fils pour l’y adorer et nous prosterner. Amen.
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