PREMIÈRE LECTURE
La colère et la miséricorde du Seigneur manifestées par l’exil et la délivrance du peuple (2 Ch 36, 14-16.19-23)
PSAUME
(136 (137), 1-2, 3, 4-5, 6)
R/ Que ma langue s’attache à mon palais
si je perds ton souvenir ! (cf. 136, 6a)
DEUXIÈME LECTURE
« Morts par suite des fautes, c’est bien par grâce que vous êtes sauvés » (Ep 2, 4-10)
ÉVANGILE
« Dieu a envoyé son Fils pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 14-21)
Frères et sœurs,
« Dieu qui as réconcilié avec toi toute l’humanité en
lui donnant ton propre Fils, augmente la foi du peuple chrétien nous disait la
prière d’introduction à notre célébration. Dans quel but ? pour que nous
nous hâtions avec amour au-devant des fêtes pascales qui approchent… »
Nous avons le bonheur de savoir que le Seigneur a vaincu la mort. La difficulté
est que le Seigneur doit remporter en nous aujourd’hui cette victoire qui est
acquise. Si les Apôtres n’ont pas été les plus courageux d’entre les hommes, au
moment du drame de la Passion qui s’est transformée en fête, à la Résurrection,
aucun d’entre nous n’est assez présomptueux, ou ne devrait l’être, en se fiant
à ses propres forces.
Jésus au début de notre passage de l’Évangile de saint Jean annonce
sa propre mort et donne l’interprétation d’un épisode biblique fameux. Dans le
désert, le Peuple murmurait contre Dieu et contre Moïse, selon la formule. Il avait
perdu courage, pécha et le Seigneur envoya pour le punir des serpents à la
morsure mortelle. Le Peuple s’étant repenti (Nb 21,7), Dieu ordonna ensuite à
Moïse d’élever un serpent brûlant sur un bâton et ceux qui le regardaient
étaient guéris. Le serpent de bronze dans le désert annonçait la victoire de
Jésus sur la Croix. « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous
identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de
Dieu. » Le serpent a très mauvaise presse dans l’Écriture. Il est vrai que
chez nous, malgré tous les progrès des amis de la nature, nous avons toujours
une certaine réticence envers eux en dépit de leur utilité. La piqûre de
certaines espèces fait peur, et parfois l’inoffensive couleuvre provoque des
sursauts. Il y en a parfois au printemps dans les environs du bougeoir. Celui
de l’Écriture est dans toutes les mémoires… Nous nous rappelons qu’au
commencement après le péché, Dieu maudit le serpent, le tentateur. Il existe
une dispute, sur ce serpent. Qui lui écrasera la tête ? Est-ce la femme
elle-même, ou sa descendance, le Christ ? La Bible de Saint Jérôme la Vulgate
disait ipsa, le féminin du pronom qui renvoye à la femme. La Nouvelle Vulgate
après le Concile a mis un neutre ipsum, là, c’est la descendance, le Christ…
Marie a-t-elle été dépossédée de sa victoire par les nouvelles
traductions? Elle n’agit de toute façon qu’avec son Fils. Il y a certainement
en arrière-plan une querelle d’exégètes, une discipline sportive pour
spécialistes.
Le Christ est celui qui a été identifié au péché, à la
faute.
« Le Christ est le nouvel Adam par lequel la vie humaine
prend un nouveau départ… La Croix, lieu de son obéissance, devient ainsi le
vrai arbre de vie… La Croix est l'arbre de vie à nouveau accessible. *» Elle
est le véritable axe du monde.
Pour reprendre une expression du pape François, il y a un
serpent qui tue et un serpent qui sauve…
Il n’est pas interdit de faire un rapprochement avec les
enseignes de nos pharmacies qui représentent fréquemment un serpent et une
coupe parfois entourés d’une croix… Oui, la croix, de Jésus, c’est pour ainsi
dire la pharmacie de Dieu, le lieu où nous recevons notre médicament pour
revivre.
Un
commentaire rabbinique dit que le serpent de bronze procédait, en fait, à
une résurrection. C’est plus que la vie simplement… Elle vient de Dieu, c’est «
l’attribut de la Miséricorde, l’Essence Divine, source de lumière illimitée. » Le
« serpent de bronze » illustre le phénomène de la résurrection.
Saint Augustin commentait cet Évangile: « Le médecin
s’approche du malade, pour lui rendre, autant que possible, la santé. Mais le
malade se donne à lui-même la mort, s’il refuse d’observer les prescriptions du
médecin. Le Sauveur est venu en ce monde […] Tu refuses le salut qu’il
t’apporte ? Tu seras jugé d’après ta conduite » (Traité sur l’Évangile de saint
Jean, 12, 12 : PL 35, 1190) La Miséricorde nous est offerte en la personne de
Jésus.
Saint Paul nous disait tout à l’heure : « Dieu est
riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui
étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ. »
Cette miséricorde avait été faite en la personne de Cyrus le
roi Perse qui permit le retour de la déportation de Babylone. Les fautes de
Juda avaient été la cause de la catastrophe, mais Dieu est toujours
miséricordieux. Le même schéma se reproduit continuellement, mais avec le
Christ, elle nous est acquise définitivement et avec certitude. Mieux encore,
nous qui avons tous un crucifix à la maison lorsque nous le regardons, essayons
de dire à Jésus, avant tout que nous l’aimons, mais pourquoi ne pas voir en lui
aussi notre notre médecin spirituel, notre pharmacien spirituel et notre
assurance Miséricorde. Il est tout cela.
Marie Mère de Miséricorde, Marie au pied de la Croix, Marie
Mère de l’Église et de notre Joie, prie pour nous, pécheurs,
Amen.
* Joseph Ratzinger - Au commencement, Dieu créa le Ciel et la
Terre – Fayard 1986
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