Basilique San-Marco Venise.
Frères et Sœurs,
Vous aurez peut-être déjà remarqué, ou peut-être pas, une
chose surprenante dans les Actes des Apôtres, l’élection de Matthias. Elle a eu
lieu avant la Pentecôte (selon saint Luc). Le Saint-Esprit devait donc déjà
agir. A moins que le choix laissé au tirage au sort (c’était un procédé
religieux), signifie que le Père agissait. Dans la liturgie juive, le jour de
la Pentecôte, cinquante jours après Pâques, rappelait le don par Dieu des dix
commandements à Moïse. Dans l'année agricole, la Pentecôte constituait la
deuxième fête du calendrier, celle des moissons.
C’est ce jour-là que Dieu choisit pour envoyer en mission de
manière visible et officielle l’Esprit-Saint. Les fruits de la grâce de Dieu
obtenue par le Christ étaient distribués
aux hommes et de manière particulière au groupe des douze apôtres et aux
disciples présents, ainsi qu’à Marie dont la prière est Toute-Puissante auprès
de Dieu. Il fait d’elle la Mère de l’Église envoyée en mission. Vous aurez
peut-être aussi retenu, si vous lisez votre Nouveau Testament, que ce jour fut
particulièrement joyeux, au point que certains littéralement s’esclaffaient en
entendant Pierre faire son premier sermon, et disaient : Ils sont pleins
de vin doux, Gleukos en grec… glukus d’où vient glucose, veut dire sucré (Samos ?).
Un nouveau mot, en tout cas pour moi, c’est tout bénéfice.
Un jaillissement verbal de la part d’une personne
habituellement taciturne, peut provenir d’une consommation alcoolisé excessive,
cela n’échappe à personne. Mais le ciseau de la censure liturgique ayant passé
par là, n’insistons pas sur le sujet. L’Esprit de Dieu provoque une sorte de
surcroît de joie et un besoin de communication, pas n’importe laquelle, la
communication de la Bonne Nouvelle. L’allusion au vin en est aussi une aux
noces de Cana et au vin servi en abondance. La Pentecôte est une noce.
A la Pentecôte, les apôtres reçoivent en plénitude
l’Esprit-Saint pour accomplir leur mission.
Nous n’ignorons pas qu’il y a un lien entre la Pentecôte et
le ministère épiscopal. Vous avez peut-être vu comment se passe la consécration
d’un évêque, il y a tout un rituel à suivre avec attention, le candidat est
appelé, on lui met l’Evangéliaire sur la tête, les autres évêques font une
prière consécratoire, on lui impose les mains, il reçoit une onction d’huile et
ses insignes. Il est empli du Saint-Esprit. En voyant le déroulement du mariage
royal ou princier en Angleterre, les commentaires n’ont pas manqué sur les
chapeaux diversifiés des invitées. Il est vrai qu’à l’église en dépit des
courants d’air les hommes vont tête nue, sauf l’évêque et les dames. Ce qui
nous permet quelques réflexions sur la mitre.
Un des attributs assez curieux de l’évêque, dans l’église
romaine, la mitre, a une symbolique variable, certains disent que c’est une
couronne. L’évêque la met pour prêcher : elle a deux pièces (qui
ressemblent à un bec d’oiseau) qui représenteraient le Nouveau Testament et
l’Ancien, d’autres disent que ce sont les deux « cornes » de Moïse descendant
Sinaï. A l’arrière, il y a deux fanons qui rappellent que l’Écriture doit être
interprétée par l’évêque selon la lettre et l’esprit. Parfois, le centre est
plus ou moins vide cela signifierait selon certains que l’évêque est en quelque
sorte en communication avec le Seigneur et interprète justement l’Écriture pour
la faire comprendre. Cela ne veut pas dire que, lorsque l’évêque dépose la
mitre pour certaines parties de la célébration, la communication est coupée… Ce
qui est important, c’est le don de l’Esprit-Saint dont il a reçu la marque. L’évêque
a reçu des dons importants du Saint-Esprit.
Le fruit de la prière et de la préparation des disciples, a
été la venue de l’Esprit promis par Jésus. Eux qui avaient peur, obtiennent un
défenseur, un avocat, qui les renforce et parle à leur place à travers eux. «
Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui,
l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. »
Cet Esprit, je ne révèle rien à chacun de vous n’est pas
réservé au ministère épiscopal qui est donné pour que croisse tout le peuple
pour croître et grandir dans la foi. Nous avons reçu l’Esprit-Saint à notre
confirmation. Le catéchisme nous dit que c’est un sacrement à caractère. Il est
une sorte de sceau spirituel, comme le sont aussi les sacrements de baptême et
de l’ordre. Nous ne pouvons le recevoir une seconde fois. La confirmation doit
être en quelque sorte notre Pentecôte. Nous sommes ainsi configurés au Christ.
Chez les orientaux, on parle de chrismation, en référence au saint chrême qui
est donné à cette occasion comme chez nous. « Sois marqué de
l’Esprit-Saint, le don de Dieu. ». Vous vous souvenez peut-être de ce que
vous a dit l’évêque ou le vicaire épiscopal. La confirmation renforce notre
baptême.
A quoi cela doit-il donc servir ?
A annoncer la Bonne Nouvelle par toute notre vie et dans
toute notre vie… Glorifier Dieu ! « Lui me glorifiera, car il recevra
ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. », nous a dit Jésus. Que
signifie ce mot connaître ? Une nouvelle surprise en consultant le texte
grec, dont je ne suis pas spécialiste. Il ne s’agit pas des connaissances d’un
dictionnaire ou d’une encyclopédie. Anangelei… cela veut dire annoncer.
Quelle surprise, c’est le mot même de l’Annonciation !
N’est-ce pas curieux, le Seigneur nous parle d’Annonciation
pour la Pentecôte. L’Esprit vient faire naître et grandir le Christ en nous
pour le donner au monde, il veut faire de nous d’autres Christ. L’Église
engendre le Christ total. Comment alors ne pas faire référence à Marie ?
N’est-elle pas experte dans l’humanité et la divinité de son Fils à accueillir
n’est-ce pas elle qui lui donne spirituellement naissance une nouvelle fois, à
la Pentecôte ? Elle est la Mère de l’Église, la Mère du Christ dans
l’Église. La Pentecôte survient avec un moment de grande joie, puis tout avance
dans la discrétion. Je nous souhaite à tous de porter les fruits de l’Esprit et
d’en faire une belle récolte avec Marie : amour, joie, paix, patience, bonté,
bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. (+ quelques
improvisations). Amen.
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