Solennité
Lectures de la messe
Première lecture« C’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas s...Dt 4, 32-34.39-40
Psaume : Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu.32 (33), 4-5, 6.9, 1...
Deuxième lecture« Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; en lui nous cri...Rm 8, 14-17
Évangile « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit »Mt 28, 16-20
Frères et Sœurs,
Parler de la Sainte Trinité et en tenter une explication,
c’est vraiment la quadrature du cercle… La formule ferait penser qu’on
introduit la Vierge Marie dans la Trinité… Rassurez-vous ! Mais elle
occupe bien une place de choix, étant Mère du Fils, et même Mère de Dieu selon
la formule du Concile d’Éphèse.
Un Dieu en trois personnes, nous mesurons mal ce que
signifie cette formule. Qui le pourrait d’ailleurs ? Des théologiens ont
essayé d’utiliser des concepts tels que celui d’opposition relative pour
expliquer la distinction des Trois qui sont un seul Dieu. Avant d’aborder le
sujet, il est tellement complexe qu’il serait mieux de demander à votre médecin
une ordonnance pour prévenir les migraines, dafalgans ou autres,
Ce mystère est pourtant le mystère central de la vie
chrétienne énonce le catéchisme. Nous sommes baptisés au Nom du Père et du Fils
et du Saint-Esprit. Les paroles jointes au geste sont si importantes que la
validité du baptême en dépend. Il avait fallu un accord avec les réformés sur
le minimum nécessaire à la validité de ce sacrement. L’instruction donnée par
le Seigneur à la fin de l’Évangile de Matthieu est explicite : « Baptisez-les au nom du
Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »
Mieux vaut employer des images pour aborder ce mystère. Des
représentations de la Trinité, nous en avons certainement à l’esprit, à
commencer par le fameux trèfle irlandais de saint Patrick. Avec ses trois
lobes, cette herbe est particulièrement parlante. Le trèfle à 4 feuilles n’est pas
seul à porter bonheur. Dans la Trinité règne le bonheur parfait dans lequel
nous sommes invités à entrer et auxquels nous pourrons, si nous le voulons,
participer un jour.
Nous avons également les trois anneaux borroméens, reliés
tous les trois l’un à l’autre, image peut-être issue d’Augustin : il
mentionne trois anneaux d’or tirés d’un lingot de métal. Il y a, dit-il,
trinité d’anneaux et unité d’or (de Trinitate 9,5,7). Il est aussi possible
d’utiliser le triangle tel que figuré sur l’image du Père au-dessus de la Sainte
Famille, à ma gauche.
Un autre symbole connus est celui de l’hospitalité d’Abraham.
La représentation de l’iconographe Roublev a été universellement reproduite.
Les Pères voient dans les trois visiteurs de Mambré une annonce de la Trinité.
A propos de représentations sous forme humaine de la
Trinité, le Père Guy Musy que vous connaissez, rapportait dans sa petite revue
source un épisode presque cocasse qui eut lieu lors d’une restauration de
l’église du petit village de Semsales. Jacques Maritain avait soufflé le nom de
Gino Severini, artiste cubiste, qui avait fait une conversion, à l’abbé Charles
Journet, pour réaliser une représentation de la trinité. Il n’avait guère été
apprécié que l’on choisisse un étranger et il y eut des dénonciations à Rome au
Cardinal Merry del Val, préfet du Saint-Office en 1926. On s’émouvait que les
trois personnes de la Trinité aient été représentées par trois hommes
identiques, mais portant des attributs différents, la croix pour le Fils, un
globe pour le Père et une colombe pour l’Esprit, tous trois étant assis sur un
même trône. L’ordre vint de la modifier, mais Mgr Besson, évêque d’alors,
réussit à empêcher cet iconoclasme romain, en invoquant une décision du pape
Benoît XIV (1745). Celui-ci, suite à une polémique avait déclaré que « Dieu
pouvait être figuré par les artistes tel que l’Ecriture le faisait apparaître
dans ses diverses théophanies. » L’hospitalité à Abraham pouvait
facilement être utilisée comme argument. Les choses en restèrent là.
Chez nous, au Vorbourg, nous pouvons relever des images des
trois personnes de la Sainte Trinité. Le Père au-dessus de la Sainte Famille,
sur le grand crucifix le Fils parfaite image du Père, et l’Esprit-Saint
au-dessus de Marie sous la forme d’une colombe.
Le
pape François disait voici trois ans que la Trinité, est le but ultime vers
lequel est orienté notre pèlerinage terrestre. Le chemin de la vie chrétienne
est en effet un chemin essentiellement « trinitaire ». N’y a-t-il pas aussi une
sorte de pèlerinage dans la Trinité ? N’y a-t-il pas une circulation et une
interpénétration et but atteint sans fin avec l’amour entre le Père, le Fils et
l’Esprit-Saint. Ils se vident d’eux-mêmes pour se retrouver. Les trois
personnes de la Trinité se donnent sans cesse l’une à l’autre et se reçoivent
tout aussi continuellement. Le Père engendre le Fils qui est engendré, le Saint Esprit tient son essence et son être
à la fois du Père et du Fils et Il procède éternellement de l’Un comme de
l’Autre comme d’un seul Principe et par une seule spiration. Le Père étant à
l’origine de tout… Pèlerinage vers la Trinité maintenant et le but étant
atteint, pèlerinage en elle, de l’une à l’autre des personnes divines…
Tous les Trois, quoique vivant un amour parfait, ont voulu
et veulent encore pour ainsi se donner en invitant des créatures à partager ce
bonheur. Dieu se projette pour ainsi dire hors de lui-même et introduit en lui,
emportant ses invités dans une danse. Des explications en profondeur, nous les
aurons en présence de Dieu, lorsque nous le verrons. Il est tout différent de
nous, bien plus que nous ne pouvons l’imaginer, mais Dieu s’étant fait homme
dans le Fils et celui-ci siégeant auprès de son Père, tout est possible. Nous
ne pouvons qu’avancer dans la foi et la confiance en celui qui est ressuscité
des morts et se trouve à la droite de son Père. Il nous a créés à son image.
Celle qui a reçu la plus grande capacité de partager ce
bonheur, il ne faut surtout pas l’oublier en ce dernier dimanche de mai, son
mois, est Marie, Mère du Fils, Fille du Père, Épouse de l’Esprit. Demandons-lui
d’être des témoins de cet amour qui habite les trois personnes de la Trinité,
un amour qui se partage et se communique. Un amour qui va nous ramener à elle
pour l’adorer pleinement en Esprit et en Vérité. « Adorer Dieu, c’est le reconnaître
comme Dieu, comme le Créateur et le Sauveur, le Seigneur et le Maître de tout
ce qui existe, l’Amour infini et miséricordieux. » Amen.
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