Frères et Sœurs,
Que représente l’Ascension ? C’est la question que pose
le résumé du catéchisme. Il n’est certainement pas de grande utilité de faire
des rapprochements avec l’escalade ou certains exploits astronautiques qui vont
promener des voitures dans l’espace à fin publicitaire, selon ce qu’on nous a
montré récemment sur tous nos écrans petits et grands. Aujourd’hui, seuls les
disciples sont témoins de l’Ascension du Seigneur. Le fait, mais aussi le symbole
puisque nous ne sommes pas dans la vision béatifique et avons besoin de signes
à notre mesure, vise à nous faire comprendre que le Seigneur entre dans une
autre dimension avec son humanité, dans la gloire de Dieu. Lors de la
Transfiguration, nous avions compris que sur la Montagne, dans les hauteurs,
Dieu dialoguait avec son Fils, Elie et Moïse, sur sa mission et avec les
apôtres qui étaient là. Les montagnes touchent le ciel et aujourd’hui le
Seigneur entre définitivement avec son humanité dans un monde qui nous dépasse
et nous touche. Le ciel de Dieu commence au-dedans de nous. Jésus à l’Ascension
disparaît dans la nuée qui symbolise la présence de Dieu. A la Transfiguration
il était resté avec ses Apôtres pour accomplir sa mission.
« Après quarante jours pendant lesquels il s’est
manifesté à ses Apôtres sous les traits d’une humanité ordinaire qui voilaient
sa gloire de Ressuscité, le Christ est monté au ciel et s’est assis à la droite
du Père. Il est le Seigneur qui règne désormais avec son humanité dans la
gloire éternelle de Fils de Dieu et qui sans cesse intercède en notre faveur
auprès du Père. Il envoie son Esprit et nous donne l’espérance de le rejoindre
un jour, là où il nous a préparé une place. »
Sur ce qu’on ne connaît pas par expérience, il est difficile
de disserter. Mais nous avons bien là une promesse. L’Ascension a une telle
importance que lorsqu’il fallut choisir un disciple pour prendre la place de
Judas comme Apôtre, saint Luc la mentionne dans les critères de choix :
« 21 Or, il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le
temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du
baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous. Il
faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection.
».
Qu’est-ce que le ciel, comment est-ce que ce sera au
ciel ? Où est-il ? De manière plutôt étrange, ce sont les anges qui
ramènent les douze sur terre. « Galiléens, pourquoi restez-vous là à
regarder vers le ciel ? »
Le message est clair, c’est l’annonce de la Bonne Nouvelle
qui est la mission la plus importante qui nous soit confiée, sinon nous serions
tous au ciel immédiatement après notre baptême. Être disciple du Christ ne
nécessite pas non plus que chacun de nous devienne un Augustin, un Thomas
d’Aquin ou un Hans Urs von Balthasar. La simplicité du langage évangélique,
nous invite à être simples nous-mêmes. Nous avons à mettre nos pas dans ceux de
Jésus après son baptême et avons pour mission d’apporter l’Évangile autour de
nous. L’Évangile est le témoignage des Apôtres, nous devons être porteur de la
joie de l’Évangile.
Cela ne nous empêche pas de méditer sur le premier message
que nous donne l’Ascension, dans la personne du Christ, c’est l’Homme qui entre
dans la gloire de Dieu. Par grâce, cela devient possible pour chacun de nous.
Les orientaux parlent de divinisation, d’énergies incréées, les occidentaux de
grâce de la vision béatifique, une expérience qui ne peut qu’attirer tout notre
intérêt…
« Lorsque mon Fils unique retourna vers moi, quarante
jours après la résurrection, dit le Père dans les dialogues de ste Catherine de Sienne, un pont s'éleva
de terre, c'est-à-dire de la société des hommes, et monta au ciel par la vertu
de ma nature divine pour s'asseoir à ma droite, à moi, son Père éternel. Je vous ai fait d’abord un pont visible qui
est mon Fils, quand je l'envoyai vivre parmi les hommes. »
Quant à la grâce de la vision béatifique, elle nous sera
donnée plus gratuitement que toutes, elle nous est due encore moins que les
autres.
Il est important aussi de rappeler en ce temps où la nature
humaine est mise en cause par nos grands timoniers idéologiques, que c’est tout
l’homme qui entre dans la proximité et l’intimité de Dieu. Toucher à l’homme,
c’est toucher au Christ, c’est toucher à la Révélation et à Dieu. Le pape
François a produit voici 2 jours un commentaire sur des textes choisis de
Joseph Ratzinger qui invitent à ne pas négliger ce sujet : « D’apparents
« droits » humains actuels qui sont totalement orientés vers l’autodestruction
de l’homme ont pour unique dénominateur commun une seule et grande négation :
la négation de la dépendance à l’amour, la négation que l’homme soit une
créature de Dieu, faite amoureusement par Lui à son image pour qu’il le désire,
comme le cerf cherche l’eau vive (Ps 41). Quand est niée cette dépendance entre
la créature et le créateur, cette relation d’amour, on renonce au fond à la
véritable grandeur de l’homme, on s’attaque au rempart de sa liberté et de sa
dignité. » En effet, séparer l’homme de Dieu, c’est vouloir sa destruction
et la signature d’un auteur bien connu.
Avec Marie en ce temps qui nous prépare à la Pentecôte,
demandons la grâce du don de l’Esprit qui nous sera indispensable
personnellement, pour l’Église et pour le monde qui a besoin de plus de
Sagesse. Notre-Dame du Cénacle, priez pour nous et avec nous. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire