Solennité de Pentrecôte - Messe du jour
Première lecture« Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres...Ac 2, 1-11
Psaume
Ô Seigneur, envoie ton Esprit
qui renouvelle la face de la terre !
Deuxième lecture« Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là son...Rm 8, 8-17
Séquence
Évangile« L’Esprit Saint vous enseignera tout »Jn 14, 15-16.23b-26
Frères et sœurs,
L’image de la Pentecôte que nous retenons et qui est
représentée le plus souvent les artistes, est celle de la descente de l’Esprit-Saint
sous forme de langues de feu sur ceux qui étaient réunis autour de Marie et de
tous les Apôtres. Matthias, désigné par tirage au sort entre l’Ascension
Pentecôte, était là aussi. La méthode était celle utilisée par les prêtres du
temple.
Qui était vraiment présent au Cénacle ? S’agissait-il
des 120 disciples ayant participé au choix de Matthias ? Les Actes relèvent
la présence de Marie au Cénacle avec les Apôtres demeurant dans l’attente et la
prière. Qui plus qu’elle, pouvait attirer l’Esprit alors qu’elle en est
l’épouse, lui qui l’avait prise sous son ombre. Au pied de la croix, elle avait
été investie d’une nouvelle maternité non seulement envers Jean, mais tous les
disciples. Au cénacle, elle avait prié pour que chacun reçoive des dons à la
mesure de la mission qui allait lui être confiée. Les douze avec Marie
représentent l’Église. « Il n'y a pas d'Église sans Pentecôte. Et je
voudrais ajouter : il n'y a pas de Pentecôte sans la Vierge Marie. » disait
Benoît XVI. Le jour de la Pentecôte, cinquante jours après Pâques, le Peuple
Juif célébrait également le don de la Loi au Sinaï. « Si vous m’aimez,
vous garderez mes commandements » nous a dit Jésus dans l’Évangile. Il
nous a laissé le commandement de l’amour qui inclut tous les autres. C’était
aussi la fête des Moissons, et pourrait-on dire dans une optique chrétienne, la
fête de la récolte et de la distribution du trésor de grâces que Jésus avait
accumulé.
Vous me permettrez un contraste un peu délicat que s’était
autorisé le pape Benoît XVI dans son « Jésus de Nazareth ». Il avait
mentionné un passage de Flavius Josèphe dans son livre sur la guerre des Juifs.
A la Pentecôte peu avant l’année 70 et la destruction du Temple, il rapporte
que les prêtres auraient entendu dans celui-ci des mouvements, des grondements
et de curieuses paroles : « Votre maison va vous être laissée déserte » -
« Partons d'ici ! »
C’est l’inverse pour l’Église en prière réunie dans le
Cénacle : « Un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la
maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. » L’Esprit vient
reposer sur elle, habiter en elle et la rend féconde, comme Marie.
Un des éléments qui intrigue le plus nos contemporains est
celui du don des langues. Tous comprenaient ce que disaient les Apôtres et
Pierre qui s’exprime avec éloquence. C’est l’inverse du phénomène provoqué par
la construction de la tour de Babel. Ce n’est plus une demeure construite par
la main de l’homme pour atteindre les cieux qui va s’édifier, mais l’Église,
dont l’architecte et l’inspirateur est l’Esprit-Saint. Il va se faire entendre
de tous ceux qui participeront à la construction de cet édifice spirituel qui
va durer jusqu’à la fin des temps. Il va assurer la cohésion de ceux qui y
collaboreront et en seront en même temps les pierres vivantes.
Quelle est cette
langue que tous comprennent ? Le Latin, grand Dieu non ! diront les
grecs, les coptes, les arméniens, les syriaques et presque tous nos prêtres de
l’Église latine aujourd’hui. Pour nous, c’est de l’Hébreu ! Il est vrai que certains n’en ont pas que des
rudiments.
Quelle est la langue de l’Esprit aujourd’hui? Comment
reconnaître ses appels pour aujourd’hui ? Comment représenter
l’Esprit-Saint aujourd’hui ? Quelles formes vont revêtir ses appels ?
« Tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu.
» disaient ceux qui entendaient les Apôtres à la Pentecôte. Cela se comprend de
tous les hommes de tous les temps.
Saint Ephrem le Syrien, surnommé la harpe du Saint-Esprit, et
fêté aujourd’hui, décrit la Pentecôte dans un de ses poèmes. : 8 L’Esprit
Lui aussi / Vêtit les Apôtres / Et les envoya / Des quatre Côtés / Accomplir
leurs tâches.
Quand l’hiver de Satan fut mâté : 26 Alors
gazouillèrent / Les moineaux du ciel / En nouveaux ramages, / Bravant
l’épervier, / Méprisant l’hiver.
27 Voilà ce qu’opère / La chaleur ; et puis / Voilà ce qu’achève
/ L’Esprit Saint aussi : / Qui donc y suffit ?
Quel est le vêtement dont l’Esprit-Saint veut nous revêtir
nous, pour cette année et pour la Nouvelle Évangélisation ? Nous pouvons
nous inspirer des interpellations de l’Église à commencer par Gaudium et Spes, L'Église
dans Le Monde de ce Temps et Evangelii Gaudium du pape François, La joie de
l’Évangile, si vous n’avons pas le don du latin. L’annonce de l’Évangile est un
l’axe principal du pontificat du Pape François. L’Église doit se transformer
pour être en ‘sortie’ missionnaire. Le Carmel en sortie, c’est particulier…
nous avons nos manières propres d’annoncer l’Évangile dans les médias, par
l’accueil, mais aussi par la prière. Il est coutumier de rappeler que Sainte
Thérèse de l’Enfant-Jésus est patronne des missions avec François-Xavier. Pour
la mission de proximité, au noviciat, elle a aussi de grandes qualités.
L’annonce de l’Évangile ce n’est pas que l’affaire des
agents pastoraux patentés et méritants qui ont des tentations disait le pape François
dans son document, c’est l’affaire de tout le Peuple de Dieu.
Mais c’est aussi celle du prédicateur… Une homélie devrait se baser sur la
conviction que c’est Dieu qui veut rejoindre les autres à travers le prédicateur,
et qu’il déploie sa puissance à travers la parole humaine.
Mon Dieu comme c’est difficile, de donner à manger et à
boire, alors qu’il y a tant de goûts différents : l’entrée, le rôti, le
roastbeef, le veau de Pentecôte, les frites, la dinde de thangsgiving, le
couscous et le méchoui, les frites, pas de salades, les loukoumi, les
pâtisseries très sucrées du côté du Liban et de la Syrie, les glaces, les
fraises ou la tarte et je ne sais quoi, sans parler des vins, symboles de la
joie de Pentecôte. Il ne faut surtout pas oublier les végétariens. Pierre aura
droit peu après à une immense nappe avec toutes les nourritures de la création.
Je ne connais pas le menu du Carmel aujourd’hui, mais la joie et la prière y
ont certes une bonne part. Difficile de tout placer en quelques mots d’une
prédication. Il y a aussi les remèdes à administrer. Avec ou sans antalgique. Autrefois
au service militaire il n’y avait encore qu’un remède universel, le Treupel
toujours en service… Il en faut de plusieurs variétés en Église. Parfois, on
applique le vieil adage aimé de Molière « corriger les mœurs en riant ».
Il est en latin, mais vous en avez eu déjà assez. D’autrefois il faut aussi,
mission pénible, se transformer en Jonas, sonner le réveil et être bien entendu.
« Tout à tous » : l’Esprit-Saint
est passé maître en cet art. Mais il doit aussi aider à comprendre… Nous ne
pouvons parler qu’en une langue et manifestement, il a fait office de
traducteur, mieux que Google et sans fautes. Qu’il pallie à nos difficultés et
nos limites.
Chacun de nous a reçu l’Esprit-Saint au baptême et à la
Confirmation, je ne vous demande pas de vous rappeler votre date de Confirmation,
peut-être le nom de celui qui vous l’a donnée… Je vous propose simplement une
petite minute de silence, pour essayer de savoir si le Maître de votre cœur et
la source de toutes vos bonnes et saintes idées, ne vous propose pas quelque
chose… Si vous ne l’entendez pas, il vous attend peut-être après la célébration
et vous inspirera lorsque vous vous exprimerez sur ce que vous direz de Jésus. Quel
menu allez-vous servir ? Va-t-on nous comprendre ? Comment vous
représentez-vous l’Esprit-Saint ? Comment annoncer et faire aimer Jésus,
comment transmettre la joie de la résurrection ? Comment reconnaissons-nous l’inspiration de
l’Esprit-Saint dans les paroles de nos interlocuteurs ? Comment
écoutons-nous ? N’oublions jamais que l’Esprit donne de parler, mais aussi
d’écouter. S’il n’intervient pas dans le cœur des auditeurs, rien ne passe.
Pour grandir et pour que grandisse l’Église demandons le don de la parole, mais
aussi celui de l’écoute.
Viens, Esprit-Saint, en nos coeurs, et envoie du haut du
ciel, un rayon de ta lumière. Donne mérite et vertu, donne le salut final,
donne la joie éternelle. Amen. Et merci de votre patience.
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