12 janvier 2020
Le Baptême du Seigneur — Année A
Fête
Fête
- Première lecture « Voici mon serviteur, qui a toute ma faveur » Is 42, 1-4.6-7
-
Psaume
Le Seigneur bénit son peuple
en lui donnant la paix. Ps 28 (29), 1-2, 3a... - Deuxième lecture « Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint » Ac 10, 34-38
- Évangile « Dès que Jésus fut baptisé, il vit l’Esprit de Dieu venir sur lui »
Intro :
Mes Sœurs, chers Frères et Sœurs,
Bienvenue à chacune et chacun pour célébrer cette fête du
Baptême du Seigneur. Les cieux s’ouvrent, l’Esprit vient descendre et reposer
sur le Seigneur, la voix du Père se fait entendre. Si vous avez eu l’occasion
de faire un pèlerinage en Terre Sainte, vous avez certainement gardé en
mémoire, le lieu où avec un bon degré de probabilité cet événement s’est
produit, à Béthanie de Transjordanie. La Liturgie rend présent ce moment, et
nous n’avons pour ainsi dire pas besoin de prendre l’avion. Nous pouvons
commémorer également notre baptême aujourd’hui. Le pape François nous invite à
nous rappeler la date du nôtre. C’est une occasion également de nous rappeler
nos parrains et marraines de prier pour eux et de leur demander de prier pour
nous, de là-haut ou d’ici. Pourquoi ne pas se rappeler aussi celui ou peut-être
celle qui nous a baptisé ? Pour
moi, c’était 4 jours après ma naissance… par l’abbé Husser qui oeuvrait dans le
Sud. L’histoire de la liturgie nous dit qu’un rite spécifique pour le baptême
des petits enfants a été voulu par le Concile Vatican II. La formulation étant
à l’époque un raccourci de celle destinée aux adultes. Le baptême des petits
enfant qui devait se réaliser le plus tôt possible avait été retardé à cette
époque pour que le maman puisse être présente.
Saint Jean-Paul II avait posé une question célèbre à nos
voisins de l’hexagone, devenu une quasi rengaine : qu’as-tu fait de ton
baptême ? Nous pouvons nous poser cette même question avant de célébrer
l’Eucharistie, c’est l’occasion de demander au Seigneur de revivifier la grâce
reçue, de désencombrer cette porte du ciel ouverte en nous.
....
Chers Frères et Sœurs dans le même Baptême… Aujourd’hui, c’est
l’occasion de nous rappeler le pourquoi de cette adresse très classique dans
les liturgies. Nous sommes frères et sœurs en raison de notre Baptême, frères
et sœurs dans le Christ, enfants de Dieu.
Tous nous avons été baptisés dans l’eau avec la formule
trinitaire, je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Lorsque
nous nous signons avec de l’eau bénite en entrant dans la chapelle, c’est pour
nous rappeler notre baptême.
Vous ayant demandé de vous remémorer si possible la date de
votre baptême, permettez-moi dans cette chapelle du Carmel, de mentionner celui
de deux saintes du Carmel, Thérèse d’Avila et Thérèse de l’Enfant-Jésus. Les
parrains et marraines de la première avaient pour prénom Vela et Maria. Elle
fut baptisée le 4 avril 1515, année facile à se remémorer en Helvétie, donc une
forme d’atténuation des douleurs de notre conscience historique locale. Thérèse
de l’Enfant Jésus fut quant à elle baptisée le 4 janvier 1873, 2 jours après sa
naissance.
Qu’est-ce que le Baptême du Christ ? A l’origine
dans la liturgie, la Nativité du Christ, l’Épiphanie et le Baptême du Seigneur
étaient fêtées ensemble.
L'Épiphanie est la
fête qui célèbre la manifestation de Dieu reconnue par les hommes. C'est le
messie annoncé par les prophètes au peuple juif et par extension aux païens,
aux nations selon les paroles d'Isaïe. La Théophanie célèbre la manifestation
trinitaire de Dieu au moment du Baptême de Jésus, révélée en la personne de
Jésus, Fils de Dieu, par la voix du Père ("Celui-ci est mon Fils
bien-aimé") et la présence de l’Esprit-Saint. En Occident, avec le terme «
ÉPIPHANIE » l'accent se porte surtout sur l'adoration des Mages, et en Orient
avec le terme « THÉOPHANIE » sur le baptême dans le Jourdain. Il n’y a pas besoin de faire 5 ans d’études
pour trouver ces explications, deux clics de souris ou de touches de vos
téléphones vous le permettent. Faites-en un bon usage, vous trouvez facilement
de bonnes choses et même les textes de la liturgie et de l’office divin, y
compris des applications qui vous les servent… dans le train, comme les rois
mages en chemin, ou chez vous. Vous pouvez toujours prier avec l’Église. Pardon
pour cette parenthèse. Nos sœurs peuvent prier pour les internautes, c’est un
apostolat indispensable.
Pourquoi Jésus se fait-il baptiser par Jean ? Il n’a
pas besoin de l’être, il a tout, il est le Fils de Dieu, il n’a pas besoin
d’être sauvé. La tradition dit que Jésus rend saintes toutes les eaux de la
terre, pour que nous puissions y renaître. « Je dois être baptisé d’un baptême,
et qu’elle n’est pas mon angoisse jusqu’à ce qu’il soit consommé ! » (Lc 12,
50), dira-t-il plus tard.
Il descend donc dans le Jourdain… les eaux habituellement
symbolisent les ténèbres et la mort, chez les israélites. C’est la première
partie du geste. Mais il va y en avoir une seconde, Jésus va remonter. Saint
Grégoire de Nazianze dans l’office des lectures d’aujourd’hui nous a dit :
« Mais voici Jésus qui remonte hors de l'eau. En effet, il porte le monde.
Avec lui, il le fait monter ; il voit les cieux se déchirer et s'ouvrir.
C’est la résurrection nous avons été baptisé dans la mort et la résurrection du
Seigneur, nous y sommes conformés à lui. Jésus va remonter, mais il ne remonte
pas seul, il remonte avec nous, il nous sauve et nous relève. C’est quand il
remonte que les cieux s’ouvrirent et dit l’Évangile « il vit l’Esprit de
Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci
est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. »
Voilà que se manifestent les trois personnes de la très,
très, très sainte Trinité.
Le Baptême qu’elle importance ? Sainte Thérèse d’Avila
était inquiète pour les luthériens et leur baptême à son époque, sainte Thérèse
de l’Enfant-Jésus pour les enfants qui mouraient sans baptême. L’Église a fait
du chemin depuis le 19ème siècle, et veut, et prie et espère que
tous les hommes soient sauvés. Doit-on pour autant négliger le baptême ?
Se contenter d’un petit bonjour à distance en gardant notre porte bien
fermée, avec un écriteau comme dans les hôtels : ne pas déranger.
Dieu nous aime et veut venir habiter chez nous. Pour cela,
il faut une vraie rencontre, pas d’internet, mais un cœur à cœur, une vie avec
lui, dans son intimité… lui ouvrir notre porte et le prendre chez nous pour
aller chez lui avec le baptême. Il veut une véritable alliance.
Le baptême est le socle de notre vie avec et dans le Christ.
Baptisma, signifie l’acte d’être plongé ou immergé. Nous contentons-nous de
rester en surface ? Si c’est le corps qui est plongé dans l’eau, c’est
l’âme qui est plongée dans le Christ pour recevoir le pardon du péché et
resplendir de lumière divine (cfr. Tertullien, La résurrection des morts, VIII,
3 : CCL 2, 931 ; PL 2, 806).
Anne-Marie Pelletier, très docte et pédagogue laïque, dans
son dernier ouvrage, l’Église des femmes avec des hommes, cite saint Augustin…
Le moment est historique pour moi, avec cette citation d’une citation… : Pour
vous, je suis l’évêque. Avec vous je suis un chrétien. Évêque, c’est le titre
d’une charge. Chrétien, c’est le nom de la grâce. Que le fait d’être racheté
avec vous me séduise davantage que celui d’être votre chef. Ce qui est
premier c’est notre baptême. Encore faut-il l’estimer et le mettre en
valeur ! Comment pourrait-on dire : J’aime le Christ mais je
mésestime mon baptême ou je le néglige ? Chez les religieux, nous disions
parfois à une certaine époque que notre vie en religion était un second
baptême. Est-ce juste ? Ce qui est premier est notre baptême. « Les
membres de tout institut se rappelleront principalement que par la profession
des conseils évangéliques ils ont répondu à une vocation divine … qui
s’enracine intimement dans la consécration du baptême et l’exprime avec plus de
plénitude. » (PC) Notre vie de consacrés est enracinée dans notre baptême…
Il existait et existe un usage ancien de présenter, confier
et même consacrer les nouveaux baptisés à Notre-Dame. Demandons-lui de nous aider
sur notre chemin. Amen.
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