dimanche 11 juillet 2021

Baptisés, annoncer le Christ!


11 juillet 2021 dimanche, 15ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B 

(Fête de Saint Benoît, patron de l'Europe.)

Lectures de la messe

• Première lecture « Va, tu seras prophète pour mon peuple » Am 7, 12-15

• Psaume Fais-nous voir, Seigneur, ton amour,

et donne-nous ton salut. Ps 84 (85), 9ab.10,...

• Deuxième lecture « Il nous a choisis dans le Christ avant la fondation du monde » Ep 1,3-14

• Évangile « Il commença à les envoyer » Mc 6,7-13

Chers Frères et Sœurs,

Nous venons d’entendre un passage de l’Évangile de saint Marc sur l’envoi en Mission des douze, après que Jésus ait été mal reçu à Nazareth. Le contraste est notable avec la manière dont saint Matthieu traite du même sujet en lui consacrant tout un chapitre. Il porte même un titre, celui de « discours sur la Mission ». Le Seigneur envoie ses apôtres porter la Bonne Nouvelle, chasser les esprits impurs, guérir et faire des onctions d’huile aux malades. Ce discours est placé après le Sermon de Jésus sur la Montagne chez Matthieu, alors que ce dernier n’est pas explicitement présent chez Marc, ici. Dans saint Luc, Jésus choisit ses disciples sur la Montagne, puis descend dans la plaine donner cet enseignement. La manière dont ces événements sont rapportés témoignent du fait que la Bonne Nouvelle passe par des témoins, et par ceux qui bénéficient d’un charisme particulier d’inspiration. Rappelons que « Selon la foi de l’Église, tous ces écrits, l’Écriture Sainte, sont inspirés, ont Dieu pour auteur — Dieu s’étant servi d’hommes choisis par lui pour leur rédaction. Du fait de leur inspiration divine, les livres bibliques communiquent la vérité. Leur valeur pour la vie et la mission de l’Église est liée à leur inspiration et à leur vérité. » Il y a eu sur ce sujet toute une réflexion d’un synode des évêques en 2008 sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église. Benoît XVI avait à sa suite demandé une réflexion sur l’inspiration et la vérité dans l’Écriture Sainte. Si vous avez du temps puisque la pluie nous tient compagnie en plus de la pandémie, vous avez là un terrain d’exercice, en sus des jeux de cartes et autres distractions épuisées.

Les apôtres sont envoyés aujourd’hui en Mission par le Seigneur, sans les Évangiles, sans le Nouveau Testament, sans formation exégétique, ni docteurs, ni Pères de l’Église, ni documents du Saint-Siège. Les voilà envoyés avec un bagage ultra léger et le Saint-Esprit, bien avant la Pentecôte, obéissant au Seigneur. Tout cela est mystérieux, et surtout encourageant. En effet, pour annoncer la Bonne Nouvelle, nous voilà déjà avec une assurance, celle de ne pas avoir nécessairement besoin d’une bibliothèque et d’un titre universitaire, ni de vérifier sans cesse, la justesse de notre propos sur une base de donnée. Nous devrions nous réjouir de pouvoir voyager sans soucis. Il est vrai cependant que le Pape François nous conseille avec constance, d’avoir un évangile dans notre poche pour le méditer. Vous avez aussi tout ce qu’il faut sur votre électronique avec l’application de l’AELF. Par la méditation, la parole entre dans notre cœur et y vient y habiter. Une fois qu’elle s’est installée chez nous, et pas seulement sur vos appareils, elle est vivante et le Seigneur peut ouvrir une fenêtre sur le monde, même s’exprimer par votre bouche. Mais ne nous prenons pas pour le balcon de Saint-Pierre… (Le pape était de toutes façons à celui de Gemelli ! Prions pour lui!) et détenteurs de la vérité, il n’y a pas que les politiques à se faire piéger.

En lisant le texte de saint Marc, il semble que l’accent a été mis sur le choix et l’envoi des disciples par Jésus. Saint Luc montre bien qu’ils ont fait l’objet d’un choix particulier de sa part, symboliquement, sur la montagne. Il s’agit de personnes, pas de bibliothèques et de diplômes qui sont envoyés.

Le prophète Amos que Dieu avait mis à part prêchait à Béthel en Samarie, malgré le mécontentement des responsables du sanctuaire. Ce lieu se trouvait en Samarie et dépendait du roi d’Israël et non de Juda d’où il venait. Dieu lui avait dit : « ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ » Il avait bénéficié d’un appel et avait été envoyé. Dieu n’a pas écrit, il n’a pas mis un sceau et une signature sur un beau parchemin : signé Dieu, sous tel figuier où paissait la vache « pâquerette » et son veau, en moins 750 au royaume de Juda. Dieu l’a inspiré de franchir la frontière et de délivrer son message. Amos avait eu 5 visions. A Béthel, lui qui n’avait pas de diplôme de prophète local, est prié de rentrer chez lui. Sur le mode léger, c’est son histoire, selon ce que disent les sources consultées.

En Église pour venir annoncer la Bonne Nouvelle ici dans le Jura, nous bénéficions de ce qu’on appelle une mission canonique renouvelable. Nous sommes envoyés en mission. La mission d’un baptisé ne concerne cependant pas seulement un territoire déterminé, éventuellement une église. Nous recevons tous de par notre baptême et notre confirmation, la mission d’annoncer le Christ ressuscité autour de nous.

Le psaume nous disait tout à l’heure que le Seigneur voulait la paix pour son peuple et ses fidèles, il parlait de salut, de gloire, d’amour et de vérité, de justice et de paix, de bienfait. Dieu veut établir avec chacun une relation qui corresponde à notre nature et à notre mission. Sa présence en nous permet d’y faire croître l’amour et de le transmettre. La mission nous fait nous-mêmes grandir.

Ce psaume commence par un petit mot : écoute. Puisque nous fêtons aussi saint Benoît patron de l’Europe, rappelons que sa règle commence par le même mot : « Ecoute ô mon fils, les préceptes de ton Maître, prête-moi l’oreille de ton cœur. » Ce passage est tiré du livre des proverbes. Benoît parle ensuite de l’obéissance à ce que demande le Maître. Annoncer l’évangile nécessite une écoute et une obéissance à un appel reçu, une obéissance à un cœur qui aime et qui veut apprendre à aimer, à se communiquer et à faire grandir. 

Parler d’Europe, pour nous c’est relativement grand... La pandémie nous a rappelé que nous avons un monde intérieur à habiter et un invité à recevoir qui nous demande de lui prêter l’oreille de notre cœur. Il nous y transmet une parole vivante. Saint Benoît n’a jamais cherché à conquérir de grands territoires, sa méthode a été de vouloir rejoindre Dieu et de laisser sa parole le rejoindre d’abord au fond d’une grotte, dans son propre cœur. Et puis, les choses se sont faites, Dieu lui a amené des bergers du voisinage, des frères. C’est la méthode monastique. Tout n’a pas été facile entre les jalousies des clercs, les révoltes des frères et les tentatives d’empoisonnements (en milieu fermé tout peut arriver), les guerres. Mais saint Benoît a pu remplir sa mission. En plus de la sienne, il y a d’autres méthodes indispensables, celles de l’annonce directe, non seulement par les agents pastoraux, mais par nous tous, autour de nous, avec toujours ces moyens fondamentaux et indispensables de l’Écoute et de la Prière. C’est le Seigneur qui construit sa demeure, qui est l’Église. Il nous demande de le laisser vivre en nous. Puissions-nous faire nôtre l’hymne aux Éphésiens et transformer notre vie en louange au Père : Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Marie Mère de l’Église, prie pour nous. Amen.

 

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