8 janvier 2023 - L'Épiphanie du Seigneur — Année A
Lectures de la messe :
Première lecture « La gloire du Seigneur s’est levée sur toi » Is 60, 1-6
Psaume Toutes les nations, Seigneur,
se prosterneront devant toi. Ps 71 (72), 1-2, 7-...
Deuxième lecture « Il est maintenant révélé que les nations sont associées... Ep 3, 2-3a.5-6
Évangile Nous sommes venus d’Orient adorer le roi Mt 2, 1-12
Homélie Épiphanie du Seigneur.
Chers Frères et Sœurs,
Nous apprécions la fête de l’Épiphanie
parce qu’elle apporte un surcroît de rêve. Les mages représentent les nations, c’est-à-dire
chacun d’entre nous. La Bonne Nouvelle est parvenue très loin, les étoiles et
la nature l’ont annoncée à des chercheurs, des chercheurs de Dieu qui tentaient
de percevoir l’avenir dans les étoiles. En même temps, c’était la notoriété qui
arrivait dans la crèche. Était-elle si positive ? Un ange a du demander à
Joseph d’emmener la Sainte Famille et de fuir en Égypte peu après cette visite.
Mais voilà, Jésus est venu pour toutes les nations, pour tous les peuples de
tous les temps.
Nous pourrions nous demander s’il
ne s’agit pas là que d’un pieux récit servant à réjouir les enfants, ce qui n’est
déjà pas si mal. Comme vous êtes presque tous capables de parcourir les cieux du
cyberespace vous pouvez y glaner bon nombre de renseignements qui peuvent
inciter à ne pas suivre le trou noir d’un scepticisme absolu. Pourtant un trou
noir sert à l’équilibre de l’univers, dit-on. Une version du livre de la guerre
des Juifs, un livre de Flavius Josèphe qui est mort vers l’an 100 à Rome, mentionne que des sages venus
de Perse visitèrent Hérode en lui disant que leurs ancêtres avaient recueilli des Chaldéens,
l’astronomie qui est leur science et leur art... « L’étoile leur est
apparue, signifiant la naissance d’un roi qui dominera sur l’univers. » Pourquoi
ne pas se référer aussi aux premières représentations du 2ème
siècle, dans les catacombes de Priscille à Rome, également à la procession des
mages de Ravenne.
Qu’est-ce qui a engagés les mages
à se mettre en chemin ? S’agissait-il d’une conjonction de planètes, d’une
comète ? Qu’importe ! Ces 3 hommes s’interrogeaient, ils cherchaient.
C’est une première attitude qui devrait être la nôtre. Ils en ont eu une
seconde, ils se sont mis en chemin. Dans un troisième temps, une fois arrivés au
terme de leur voyage, ils se sont inclinés vers l’enfant. Nous pourrions dire
que ces 3 rois ont déposé leurs couronnes. Nous le faisons aussi avec celles
que nous avons tirées au sort pour nous, et celles de tous les jours.
Pour explorer les cieux peut-être
utilisons-nous des lunettes d’approches, un télescope du côté de Vicques ou
bien, nous étendons-nous sur une chaise de longue, de nuit par une belle soirée
d’été ? Nous pouvons le faire aujourd’hui par scientifiques interposés. Avec
constance ils paraissent nous dire qu’ils arrivent maintenant à lire dans le ciel
une histoire de notre univers, de son commencement microscopique à la fin de
son extension. Mais nous avons de curieuses habitudes, des traditions bien ancrées
qui ne veulent pas se laisser ébranler par
ce réchauffement climatique scientifique. Les mages cherchaient un nouveau roi,
mais ils cherchaient aussi Celui qui est à l’origine de tout, notre créateur. N’est-ce
pas la finalité, le but de notre présence en ce monde, de notre existence, rechercher
Celui qui est à l’origine de tout et le rejoindre pour l’adorer, c’est-à-dire
l’aimer totalement et se laisser aimer.
La recherche des Mages les a
conduit en un lieu, vers une nation et vers un roi, mais qui n’avait pas de
couronne. Elle les a amenés en un lieu à Bethléem. Ce roi ne venait pas pour régner
comme un potentat ou un despote. Hérode n’a pu le comprendre, il a vu un
concurrent, il a eu peur pour son trône. Le petit roi, est venu pour aimer, nous apprendre à aimer
comme Dieu aime. La Trinité, ce sont trois personnes qui sont un seul Dieu,
trois personnes qui s’aiment, et c’est l’une d’entre elles qui vient nous
apprendre à aimer en vérité. Ce n’était pas une émergence de Dieu parmi d’autres,
mais lui-même qui était venu chez nous, dans notre histoire, en personne.
Levons-nous les yeux pour
rechercher un signe dans nos vies ? Nous sommes-nous mis en chemin pour
rechercher Dieu ? Dans sa règle, Saint Benoît demande d’être attentif au fait
de voir si le novice recherche vraiment Dieu, si revera Deum quærit. Les
yeux du Seigneur du haut du ciel, dit-il ailleurs, cherche un homme qui ait l’intelligence et qui
cherche Dieu. Les Mages regardaient le ciel et étaient regardés eux aussi, aimés
de Dieu. Il était dans le cœur des trois Mages, il est dans le nôtre, comme l’étoile,
mais il veut venir s’y établir pleinement, établir une alliance d’amour pour
toujours avec nous.
Nous avons dit au revoir cette
semaine au Pape Benoît. Il était un chercheur de Dieu, il l’a recherché jusqu’au
bout, de toutes ses forces et de tout son cœur. Cet acteur et dernier témoin du
Concile Vatican II, avait dans son blason une "chape" qui est un
symbole religieux, un idéal tiré de la spiritualité bénédictine. Il y a aussi
une tête de Maure couronnée et une coquille de saint Jacques qui évoque saint
Augustin. Il fait référence à l’histoire d’un enfant qui cherchait à vider la
mer avec un coquillage en la mettant dans un trou creusé dans le sable… Nous
voilà encore avec le thème de la recherche de Dieu. Notre esprit est limité, comme
notre sagesse et notre connaissance, mais Dieu veut que nous le cherchions avec
nos moyens. Il se laisse trouver parce qu’il est un petit enfant. Nous pourrons
le rejoindre par l’amour. Dieu est amour, c’est la clef de toute l’oeuvre de Saint
Augustin et aussi le titre de la première encyclique du pape Benoît qui avait
mis en avant l’amour eros et pas seulement l’agape plus sage. Dieu est amour :
L’amour est la clef pour rejoindre le Seigneur et pour être rejoint de lui, la
clef pour nous rejoindre entre nous. Il a voulu en cette fête de l’Épiphanie
montrer aux hommes de tous les temps qu’il voulait tous les rejoindre. « Alors
tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors
d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des
nations. » Ce ne sont pas ces trésors là qu’il veut, mais bien le cœur de ceux
qui viennent à lui. Le pèlerinage des Mages, pèlerinage extérieur, était une expression de leur cheminement intérieur,
du pèlerinage intérieur de leur cœur (Homélie pour l’Épiphanie, 6 janvier
2013). L’amour amène à l’adoration, l’adoration, c’est la remise totale de
soi-même à celui qui nous a aimé le premier et veut se donner totalement à
nous.
Cette adoration va aujourd’hui à
un petit enfant dans les bras de sa mère. C’est là le sens le plus profond
de ce mystère de l’Épiphanie où une étoile mobilise des Mages, c’est-à-dire des
Sages venus de l’Orient pour les conduire à quoi ? A un petit enfant, un
petit enfant où ils cherchent toute la lumière, toute la beauté, toute la
sagesse, toute la grandeur, toute la vie, un petit enfant où ils reconnaissent
le Dieu vivant.
Aujourd’hui réjouissons-nous
parce que cet enfant vient inscrire nos noms dans les cieux, faire de nous
aussi des étoiles qui conduisent au cœur de Dieu. Amen.
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