Homélie
« Veillez ! »
Chers Frères et Sœurs,
Durant tout le
mois de Novembre nous avons été invités à vivre dans la vigilance le retour annoncé
du Seigneur à la fin des temps. A nouveau la liturgie nous demande de veiller !
Veiller, c’est une attitude qui traverse toute l’Écriture. Pouvons-nous y
parvenir seuls ? Au jardin des oliviers les Apôtres n’y étaient pas
arrivés, même une heure.
Une veille
imposée est une torture particulièrement odieuse et insupportable. Il vous
suffit de jeter un coup d’œil sur la toile. La méthode ne date pas d’aujourd’hui.
Dans un répertoire plus léger, lorsque le sommeil nous surprend, nous pensons
peut-être au Cantique des Cantiques : « Je dors mais mon coeur veille...
C'est la voix de mon bien-aimé ! Il frappe : " Ouvre-moi, ma soeur, mon
amie, ma colombe, mon immaculée. »
Laisser son cœur
veiller, n'est-ce pas la solution que nous pouvons apporter à cette invitation
du Seigneur ? Comment soigner son cœur, comment lui permettre de veiller ?
La règle de Saint Benoît commence par ces
mots : « Écoute ô mon fils, les préceptes de ton Maître, prête-moi l’oreille
de ton cœur. » Il se réfère au livre des Proverbes (chapitre 4), qui se poursuit
ainsi : « 21 ne les perds pas de vue, garde-les au profond de ton
cœur : 22 pour qui les trouve, ils sont la vie, la guérison de son être de
chair. Le passage se conclut : 23 Par-dessus tout, veille sur ton cœur,
c’est de lui que jaillit la vie. »
Dans le
répertoire des analogies, j’ai lu et entendu, que les mamans ont une sorte de 6ème
sens pour percevoir quand les bébés commencent à s’agiter, avant la grande
alerte bruyante dans la nuit et elles les tranquillisent pour qu’ils puissent se
rendormir et ne pas réveiller toute la maison. Voilà aussi un exemple de cœur qui
veille et de patience, merci aux mamans. Autre question, n’est-ce pas un
nouveau-né qui doit nous réveiller ?
En matière
spirituelle, les lampes qui nous sont données dans notre obscurité pour traverser
la nuit sont au nombre de deux : Veillez et priez nous dit le Seigneur. Notre
portier intérieur, notre cœur est-il apte à attendre et à entendre, à prévoir
et à prévenir la venue de celui qui va venir ?
Où trouver la
lumière ? Les Mages scrutaient depuis longtemps le ciel dans l’attente de
l’étoile. Scrutons-nous le ciel de notre cœur ? N’y voyons-nous que l’obscurité
produite par l’hypertrophie de notre moi, sans percevoir aucune lumière? Notre cœur
est fait pour aimer. Il attend de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ. Et
que faut-il faire ? encore et toujours veiller et prier.
Jésus va venir
pauvre parmi les pauvres, un enfant exilé, mais un enfant aimé dans une petite
famille aimante.
Vous savez
certainement que notre pape François a eu un accroc de santé avec ses pauvres
poumons. Il a du être mis sous antibiotique. Mais son message à la Conférence
des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques, la Cop 28, a tout de même été publié. Il y manifeste son attention
pour les enfants. Ils vont être un peu les rois des fêtes de Noël qui s’annoncent
avec les expositions de crèches, et la fête de Saint Nicolas cette semaine.
Nous nous réjouissons avec eux, mais le pape François mentionne les enfants pauvres
dans un passage de son message :
« Les
tentatives de faire retomber la responsabilité sur les nombreux pauvres et sur
le nombre de naissances sont particulièrement frappantes. Ce sont des tabous
auxquels il faut absolument mettre fin. Ce n’est pas la faute des pauvres
puisque près de la moitié du monde la plus pauvre n’est responsable que de 10 %
à peine des émissions polluantes, alors que l’écart entre les quelques riches
et les nombreux démunis n’a jamais été aussi abyssal. »
Être éveillés
et prier. Le sommeil intérieur vient du fait de toujours tourner autour de
nous-mêmes et de rester bloqués, enfermés dans sa propre vie avec ses
problèmes, ses joies et ses douleurs, mais tourner toujours autour de
nous-mêmes, dit ailleurs le pape François. Et cela fatigue, cela ennuie, cela
ferme à l’espérance. C’est là que se trouve la racine de la torpeur et de la
paresse dont parle l’Evangile. Quand la solitude nous surprend-elle ? Un
exemple nous est donné par Saint Charles de Foucauld. Il s’était fait cette
réflexion en revenant sur sa jeunesse : « J'étais dans la nuit. Je ne voyais
plus Dieu ni les hommes : Il n’y avait plus que moi. » Il avait ensuite fait du
service militaire où il avait dilapidé son million, à la manière du jeune homme
de la parabole, notamment avec une actrice. Puis il avait trouvé la lumière.
L’Avent nous
invite à la vigilance, en regardant hors de nous-mêmes, en élargissant notre esprit
et notre cœur pour nous ouvrir aux nécessités de nos frères et au désir d’un
monde nouveau. Vers ceux qui souffrent de la faim, de l’injustice, de la guerre
de la pauvreté, de toutes les faiblesses humaines, des solitudes des pauvres,
des faibles, des abandonnés, nous avons des pistes de lumière à trouver. La
venue de Jésus doit apporter chaleur et réconfort. L’Avent est un temps pour
cette préparation.
Que la prière
soit présente, bien sûr par la méditation des Écritures et l’oraison. Nous faisons tous les efforts possibles pour
créer une atmosphère positive destinée à vivre une lumineuse et belle fête de
Noël. Ce n’est pas facile. Prier n’est-ce pas la première manière d’apprêter
notre étable intérieur pour accueillir celui qui va venir. Nous avons le bonheur de célébrer aussi cette
semaine, l’Immaculée Conception vous ai-je dit. Prions-la pour conclure : Tu
es la Toute Belle, ô Marie ! En toi se trouve la joie parfaite de la vie
bienheureuse avec Dieu. Fais que nous ne
perdions pas le sens de notre chemin sur la terre : que la douce lumière de la
foi éclaire nos journées, que la force consolante de l’espérance oriente nos
pas, que la chaleur contagieuse de l’amour anime notre cœur, que nos yeux à
tous restent bien fixés là, en Dieu, où se trouve la vraie joie. Sainte
Mère du rédempteur, porte du ciel toujours ouverte, étoile de la mer, viens au
secours du peuple qui tombe et qui cherche à se relever. Tu as enfanté, ô
merveille, celui qui t’a créée. Tu demeures toujours vierge, accueille le salut
de l’ange Gabriel et prends pitié de nous, pécheurs. Amen.
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