5 MAI 2024 6ème Dimanche de Pâques (semaine II du Psautier) — Année B
Lectures de la messe
Première lecture« Même sur les nations païennes, le don de l’Esprit Saint avait été ré...Ac 10, 25-26.34-35.4...
PsaumeLe Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations. ou : Alléluia !Ps 97 (98), 1, 2-3ab...
Deuxième lecture« Dieu est amour »1 Jn 4, 7-10
Évangile« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’o...Jn 15, 9-17
Homélie
Vous êtes mes amis a dit le Seigneur dans l’Evangile! Les
amis de mes amis sont mes amis, philoi, plus encore, chers frères et sœurs !
Amis, quels mots surprenant de la part de celui qui est non seulement homme parmi
les hommes, mais Fils de Dieu. C’est plus que d’être l’ami d’un ami d’un
ministre.
Nous sommes dans la seconde partie du second discours d’adieu
de Jésus. Ne restent autour de lui que ceux qui n’ont pas été émondés, coupés
du cep parce qu’ils ne portaient pas de fruits. Que s’est-il passé pour eux,
pour qu’ils soient appelés amis par le Seigneur? Ils ont été perméables à l’enseignement
de Jésus et surtout à son amour. La vie, sa vie circule en eux et ils peuvent
porter du fruit. Les disciples de serviteurs, sont devenus amis. Apprendre à le
connaître nécessite un cheminement avec lui, dans le concret du quotidien.
Pourquoi sont-ils ses amis ? il leur a fait connaître
ce que son Père lui a demandé, ses commandements. Il les leur a donnés à son tour
pour qu’ils les connaissent bibliquement pour ainsi dire. Ils ont une particularité,
celle de se résumer à un seul : « Ce que je vous commande, c’est de
vous aimer les uns les autres comme je vous aimés. »
La suite est une phrase parmi les plus mystérieuses et sibyllines :
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. »
La TOB dit : « Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit
de sa vie pour ceux qu’il aime. » Nous la lisons à la lumière de la
passion et de la résurrection, mais ceux qui l’entendaient ne comprenaient pas
encore. La mort de Jésus sur la croix a été l’expression suprême de son amour
pour le Père, elle a été le sommet de son amour pour le Père et pour ceux dont
il a fait ses amis. Qui aurait pu le comprendre avant la Passion ? Marie
certainement. Mais qui d’autre ? Comment connaître jusque là ce commandement
de l’amour ?
La finalité de l’action de Jésus pour nous est celle de
cette vie pour nous dans l’amour avec ce plus, sans limites, qu’est l’Esprit-Saint,
l’amour du Père et du Fils. Jésus montre son amour pour son Père et pour nous, jusque-là,
jusqu’à la Croix. Ce n’est pas un amour du bout des lèvres, un oui politique et
diplomatique, ou bien la victoire d’un passage d’examen en rase-motte. Que
veut-il ? Il veut nous faire
partager sa joie. « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que
votre joie soit parfaite. » C’est l’amour qui procure cette joie, qui est
celle du Père. Ce don qui nous est fait a pour source et origine son geste d’amour
absolu. Vous m’autorisez à mentionner un auteur grec découvert dans mes plus
jeunes années,
apprécié de Bossuet, mais grand ennemi des latins, Nicolas Cabasilas.
Il commence par faire remarquer que si quelqu’un échange une mauvaise maison contre
une meilleure, il a aussi échangé un
plaisir contre un autre. Pour accueillir la béatitude divine, il n’y a pas d’autre
chemin que le don de soi-même, de ses joies, à soi, limitées pour accueillir
celle du Seigneur. « Je vous ai dit cela pour que ma joie
soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » Si je vous ordonne d’aimer
c’est afin que vous vous réjouissiez du même plaisir qui est en moi et dans les
miens. L’ami de Dieu a transporté sa vie en Dieu. Il participe à la joie de
Dieu.
Traditionnellement on aime à rappeler pour inviter à la
retenue tous ceux qui deviennent amis du Seigneur, que c’est lui qui invite, c’est
lui qui donne la grâce de se rapprocher de lui. Ceux qui s’occupent de leur
jardin savent bien qu’il est inutile de tirer sur la tige d’une plante pour la
faire pousser. Le Seigneur par sa grâce
pourra par contre faire grandir dans l’amour, avec la rapidité qui il voudra et
donner à des enfants de faire la leçon à des parfaits… Ce qu’il n’est pas nécessairement facile d’accepter.
Ce ne sont pas des diplômes et une certaine gnose théologique, la participation
à un courant ou groupement qui nous fait grandir dans l’amour. L’Esprit-Saint a
donné une grande leçon à Pierre et à la jeune communauté chrétienne en descendant
sur tous ceux qui l’entendaient chez Corneille. Dieu veut que tous les hommes
soient sauvés et qu’aucun ne se perde. Il distribue ses dons pour la croissance
non seulement de chacun personnellement mais pour celle de l’Église, qui est le
corps du Christ.
Nous aurions pu nous demander en lisant notre Evangile, s’il
ne s’agissait dans un tel partage et un tel cheminement spirituel, que d’une
question individuelle, d’une réponse uniquement personnelle à donner. Le souci
et la démarche voulues par le pape François vers une Église plus synodale, nous
disent qu’il n’en va pas ainsi. Le Seigneur qui est la vigne, dans ce chapitre
15, s’adresse à ses amis, à son Église. Les contemplatifs portent le souci de l’Église
et de sa croissance. Ils portent le souci de la pastorale, de la mission et de
l’annonce de l’Évangile. Il n’est jamais inutile de rappeler le titre de
docteur de l’Église et patronne des missions de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus,
après une vie passée dans un cloître. Le pape a dit ceci dans une lettre aux
curés qu’il a publiée la semaine passée « Nous ne deviendrons jamais une
Église synodale missionnaire si les communautés paroissiales ne font pas de la
participation de tous les baptisés à l’unique mission d’annoncer l’Évangile le
trait caractéristique de leur vie. Si les paroisses ne sont pas synodales et
missionnaires, l’Église ne le sera pas non plus. ». Quelqu’un un jour n’arrêtait
pas de me seriner : « Une âme est un diocèse ». Nous sommes
parfois bien compliqués, perdus dans nos pensées et nous aurions intérêt à nous
simplifier en vivant cet amour du prochain que demande le Seigneur.
La démarche commune voulue par le Saint-Père nécessite le
désir d’accueillir la Joie que veut nous procurer le Seigneur en gardant son
commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai
aimés. »
Reine du ciel Réjouis-toi le Christ est ressuscité pour nous
donner la vie et nous donner de vivre son commandement. Allléluia.
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