dimanche 30 juin 2024

La fille de Jaïre

 


Source de l'Image : https://www.mbam.qc.ca/fr/oeuvres/7234/ 


30 JUIN 2024 -  13ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du psautier) — Année B

Lectures de la messe

Première lecture« C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde...Sg 1, 13-15 ; 2, 23-...

Psaume Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé.29 (30), 2.4, 5-6ab,...

Deuxième lecture« Ce que vous avez en abondance comblera les besoins des frères pauvre...2Co 8, 7.9.13-15

Évangile « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! »Mc 5, 21-43

Introduction

Chers Frères et Sœurs,

Bienvenue pour célébrer ce 13e dimanche du temps ordinaire. Il est un peu particulier en raison du slowup et des émotions sportives d’hier, Sur nos monts quand le Soleil a soufflé la Vittoria de Nessun Dorma.  

Jésus donne aujourd’hui dans la discrétion un grand signe annonçant à ses proches disciples sa résurrection. Il nous montre l’importance fondamentale de la foi en lui en accueillant la souffrance de parents qui perdent leur enfant. La question du pourquoi de la souffrance reste pourtant bien un mystère. Il y répond en la prenant sur lui.

Homélie 13e dimanche TOB 30 juin 2024

« Talitha koum » - « Jeune fille, je te le dis, lève-toi! »

Chers Frères et Sœurs,

Saint Marc nous parle du ministère de Jésus centré autour du lac de Tibériade. Il y prêche, donne ses paraboles, fait des miracles, et se déplace dans de fréquents aller et retour. Ayant eu une expérience lacustre de 20 ans sur les bords du Léman, je ne peux qu’être sensible à cet environnement, tout comme à celui de nos autres lacs de Romandie en particulier, dont celui de Bienne notre lac du Jura Pastoral. La semaine passée, à la Neuveville, Jésus a arrêté la tempête en commandant aux vents de s’apaiser. Vous vous souvenez de l’interrogation des disciples. « Quel est donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer? ». Une prière pour la paix…

Cet environnement lacustre vient nous rappeler que l’eau n’est pas nécessairement symbole de vie chez les Juifs, mais de mort. Le baptême aussi  nous plonge dans la mort du Christ, pour ressusciter avec lui. Dans la symbolique, atteindre le rivage, c’est fréquemment, y compris chez Saint Jean, parvenir à la vie éternelle, rencontrer le Christ ressuscité. 

Jésus va plus loin encore aujourd’hui et commence par guérir une femme atteinte d’hémorroïsse. Il rend ensuite à la vie cette petite dont le père et la mère sont profondément peinés. Il s’agit bien d’une annonce de la résurrection de Jésus qui est donnée dans ce signe. Il est entouré par les trois futurs piliers, Pierre, Jacques et Jean, mais il demande la discrétion jusqu’à la sienne. Nous pensons aussi Lazare que Jésus appela hors du tombeau et qui a provoqué la colère des tenants de l’autorité religieuse.

Ce geste de Jésus rendant la vie à cette petite fille ne peut que toucher. La perte d’un enfant par des parents est certainement l’épreuve la plus douloureuse qu’ils puissent traverser. La phrase qui revient le plus fréquemment à une telle occasion en ministère est celle-ci : Vous ne pouvez pas comprendre. Les premiers sentiments sont ceux de la douleur, de la plus profonde injustice et de la révolte. Même si nous connaissons mieux aujourd’hui le processus psychologique du deuil, la douleur est bien là. 

Saint Marc, habituellement vu comme très proche de Pierre, a montré l’attention de Jésus envers les femmes en guérissant d’abord la belle-mère de Pierre, c’était la première guérison de son ministère. Aujourd’hui, avant de rendre la vie à cette petite-fille et à ses parents, il a guéri une autre femme atteinte d’hémorroïsse. Sa maladie lui faisait perdre son sang et la mettait en état d’impureté rituelle selon les conceptions de l’époque. Elle devait se tenir en retrait de la communauté en prière. Jésus lui permet de la réintégrer. Nous sommes aussi sensibles à l’attention que Jésus a envers elle en raison de sa condition de femme et à son rapport avec le don de la vie. Elle est touchée physiquement en un endroit d’elle-même qui accueille la vie au commencement. Le pire des ingrats, des sots ou des sottes ne peut oublier celle qui l’a mis au monde. L’attitude religieuse envers cette femme paraît aberrante aujourd’hui. 

Face à ces 2 exemples, quelle est notre perception de la souffrance et de l’obscurité qui l’entoure ? Le cheminement de Dieu et l’évolution de sa relation avec nous et en nous est des plus mystérieux et nous rend pour le moins perplexe. Je crois que nous dirions à peu près tous, j’aurais fait autrement, si j’avais été Lui… En nos temps d’automatisation, d’informatique et maintenant d’intelligence artificielle c’est encore pire qu’il y 30 ans. 

Nous nous sentons tellement petits, limités et emprisonnés dans nos limites matérielles ! L’auteur du livre de la Sagesse paraît aussi déconcerté que nous dans ses tâtonnements. Comment allez-vous expliquer à votre petit dernier  ou à l’avant-dernière plus savante le début de son propos. « Dieu n’a pas fait la mort, et il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. » L’original du modèle réduit du Tyrannosaure Rex qu’ils ont devant eux avait environ 58 dents bien aiguisées de 30 cm, signe d’un appétit assez extraordinaire. Il est mieux d’écarter les interprétations littérales. 

Ce qu’il y a de plus mystérieux encore c’est que Jésus, c’est que Dieu ait pris un corps et une âme humaine et qu’il se soit fait l’un de nous.

La deuxième partie nous parle peut-être davantage : « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. » 

Le centre de nos lectures est bien le don de la vie qui est vie éternelle. Dieu nous a voulus pour nous-même et pour demeurer toujours avec lui. Nous pouvons nous appuyer sur l’Evangile de la vie de saint Jean-Paul II qui cite le début de notre passage du livre de la Sagesse.  « L'Évangile de la vie, proclamé à l'origine avec la création de l'homme à l'image de Dieu en vue d'un destin de vie pleine et parfaite (cf. Gn 2, 7; Sg 9, 2-3), fut contredit par l'expérience déchirante de la mort qui entre dans le monde et qui jette l'ombre du non-sens sur toute l'existence de l'homme. » 

Ces développements donnent un peu de lumière, à une  certaine obscurité qui entoure le ministère de Jésus. Il est la lumière et nous montre un chemin particulier dans ce brouillard et parfois dans cette nuit obscure, celui de la foi. Jésus veut nous le voir prendre pour atteindre le rivage de notre vie avec les moyens que nous a indiqué Saint Paul. « Puisque vous avez tout en abondance, la foi, la Parole, la connaissance de Dieu, toute sorte d’empressement et l’amour qui vous vient de nous, qu’il y ait aussi abondance dans votre don généreux ! » Nous avons donc des moyens pour accomplir cette traversée, la foi, la parole, la connaissance de Dieu et la charité. Elles vont, toutes au féminin, nous conduire au port de la vie éternelle, au port de la volonté de Dieu qui est amour. 

Le Pape François nous rappelait un élément important hier lors de la fête des saints apôtres Pierre et Paul, c’est la nécessité de croire en l’action de Dieu dans nos vies. Tout ne se fait pas à la force du poignet. Une porte doit être ouverte. Nous allons bientôt célébrer une année sainte qui commencera par l’ouverture de la fameuse porte. C’est Dieu qui ouvre la porte, c’est Lui qui libère et ouvre le chemin. Il nous donne par l’Esprit la clef de la compréhension de l’Ecriture, de sa parole. L’Esprit fait croître la charité. Marie Reine des Apôtres obtiens pour nous l’Esprit de ton Fils. Amen.   



dimanche 23 juin 2024

La tempête apaisée

 



23 JUIN 2024

 12ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine IV du Psautier) — Année B

Première lecture« Ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots ! »Jb 38, 1.8-11

PsaumeRendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour ! 

 Alléluia !106 (107), 21a.22a.2...

Deuxième lecture« Un monde nouveau est déjà né »2 Co 5, 14-17

Évangile« Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéis...Mc 4, 35-41

Ce sont plutôt des notes d'homélie, vu qu'iol y a eu passablement d'improvisations et des raccourcis.


Chers Frères et Sœurs,

J’ai donc la chance de venir célébrer chez vous au bord de votre lac avec un Évangile qui ne peut que vous parler. Ayant passé pour ma part de nombreuses années, une vingtaine, sur les bords valaisans du Léman, au Collège et dans un monastère, je ne puis que l’apprécier. Lorsque venait la tempête, c’était tout un spectacle, mais mieux valait se tenir à bonne distance. Parfois un voilier se faisait prendre. Un bol d'or provoqué aussi des chavirages impressionnants.

Aujourd’hui nous sommes impressionnés par cet Evangile pour diverses raison. Un vent violent vient brusquement du désert et secoue la bateau. Le Seigneur savait pourtant bien ce qui allait arriver, mais il dit lui-même à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. ». Et voilà qu’il s’endort épuisé, à l’avant du bateau. Il est fatigué par son ministère et les apôtres aussi. Le contexte symbolique n’est pas trop difficile à décrypter, accompagné par les autres lectures que nous avons entendues, ainsi que le psaume 106. Il était déjà présent dans la liturgie des heures d’hier.

Le lac et l’eau n’avaient pas bonne presse dans la mentalité du peuple juif qui n’était pas un peuple de marin. Les eaux représentaient la mort, ce qui relève de l’évidence aujourd’hui. Ils avaient peur d’être engloutis. Ils avaient vu les miracles accomplis par Jésus, entendu ses belles paroles de vie. Voilà que surgissent le danger de périr noyés et la mort. Que fait-il ? Il dort. Il devait être vraiment très fatigué.

Les paroles étonnées des apôtres sont des plus directes : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? ». Jésus ordonne au vent de se calmer. N’est-ce pas le psaume ? Il parle, et provoque la tempête, puis il réduit la tempête au silence, fait taire les vagues. Notre première surprise réside dans le fait qu’il réussit à crier dans la tempête et à se faire entendre. Un chanteur d’opéra arrive à 120 décibels, mais une tempête étouffe tout. Ce qu’il y a de surprenant aussi, c’est l’efficacité de sa voix qui ne peut que nous ramener à la puissance de l’action de Dieu et à la création au commencement.

Jean Abitbol, un grand médecin, spécialiste contemporain de la voix rappelle dans un ouvrage récent que : « Dans la Genèse, c’est parce que Dieu dit « que la lumière soit », que la lumière est. Le dire est le faire exister. C’est parce qu’Il nomme le monde qu’Il le crée. » Tout est donc soumis à l’action de la voix de Dieu ce qui est d’ordre symbolique. Comment parler sans air… Le Seigneur montre donc qu’il est Dieu par cette action. Nouvel étonnement pour nous face à la remarque de Jésus : « « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Ils s’interrogent encore : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » Il a donc voulu les conduire vers la foi qui nous permet d’entrer en contact avec le mystère de Dieu dans une certaine obscurité. Il se laisse deviner par des signes, et nous enseigne par sa parole comment le rejoindre. Le rejoindre où ? Il est dans la barque avec nous, certes mais il veut nous entraîner et nous attendre en définitive sur la rive, c’est-à-dire dans le Royaume. N’est-ce pas ce qui est sous-entendu par la dernière lecture ? « L’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. »

La question de fond est donc d’abord pour nous, notre difficulté de croire en la puissance de la résurrection de Jésus, lorsque nous sommes confrontés à nos limites, à nos peurs, à nos craintes, à la méchanceté humaine, à la maladie, au chagrin, le nôtre et celui de ceux que nous aimons et finalement au grand passage avec le Seigneur pour le retrouver. Le livre de Job nous parle certainement, il avait tout et il a tout perdu, fortune, famille, santé, considération. Et il se révolte, il crie sa peine vers le Seigneur, il le remet en question et voilà qu’un de ses amis en particulier, vient lui faire un beau sermon en défendant la grandeur et la toute-puissance de Dieu. Le Seigneur l’a mis à l’épreuve et la première partie paraît cinglante : « Ceins donc tes reins comme un homme. Je vais t’interroger, et tu m’instruiras. » Mais au final il le défend et affirme qu’il est juste.

Je crois que personne d’entre nous ne songe un instant à faire le malin lorsqu’il est touché par une épreuve, une trahison. C’est l’angoisse des Apôtres et de Job. Le parcours que nous avons à faire est parsemé de mystères joyeux, lumineux et douloureux pour attendre la rive et le port de sa volonté qui nous permettra de voir son visage.

Une autre difficulté que nous avons pour rejoindre le Seigneur est le fait qu’il ait voulu que son message de vie et de résurrection nous parvienne par d’autres, par ses disciples, par des intermédiaires qui ne sont pas parfaits. Mais c’est lui qui est là et vient nous toucher au cœur. Sa parole, c’est à chacun de nous de la vivre et d’y croire en songeant à celui qui l’a donnée. Nous sommes tous responsables de l’annonce.

Il ne s’agit pas simplement de se remémorer d’événements ou de paroles du passés, mais d’actualiser dans nos vies ce message de vie. La parole de Dieu n’est pas un message figé. Une petite histoire trouvée chez le médecin cité tout à l’heure peut aider à le rappeler. Une légende juive explique que Moïse était devenu bègue enfant parce qu’il avait touché un charbon avec sa bouche. Plus tard, il a vu Dieu dans le buisson ardent, mais ce fut son frère excellent orateur qui transmit la parole reçue et parla à sa place. La parole agit par elle-même et s’adresse à nous personnellement, c’est elle qui vient faire de nous une créature nouvelle.

Notre-Dame de l’Assomption conduis-nous vers le Père. Amen.

dimanche 16 juin 2024

Du blé, de la moutarde, un cèdre et des cieux

 


16 JUIN 2024 - 11ème dimanche du Temps Ordinaire B

https://www.aelf.org/2024-06-16/romain/messe 

Lectures de la messe

Première lecture« Je relève l’arbre renversé »Ez 17, 22-24

PsaumeIl est bon, Seigneur, de te rendre grâce !91 (92), 2-3, 13-14,...

Deuxième lecture« Que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre ambition, c’es...2 Co 5, 6-10

Évangile« C’est la plus petite de toutes les semences, mais quand elle grandit...

Quelques éléments sur les lectures

Saint Marc nous propose deux paraboles du Seigneur pour nous expliquer ce qu’est la croissance du Royaume, la venue du règne de Dieu. Qu’est-ce que le mot de règne évoque pour nous ? Celui d’une société bien organisée où tout fonctionne dans l’harmonie, où chacun a sa place et contribue à la croissance de l’ensemble, elle paraît vouloir s’étendre à l’infini en conquérant de nouveaux espaces.

La première parabole donne l’exemple du grain de blé qui grandit on ne sait comment jusqu’à produire un bel épi. Aujourd’hui, dans le contexte des connaissances de nos agronomes, si nous admirons la poésie de cette comparaison, peut-être avons-nous quelques interrogations face à ce tableau. Rien ne se passe facilement, surtout dans l’agriculture.

Après le mystère de la croissance de l’épi, l’autre image, celle de la graine de moutarde, se réfère à la petitesse de la graine qui va donner un arbre immense. Tout commence dans l’humilité pour toucher et atteindre le Royaume. Nous reconnaissons sans peine l’idée de la première lecture avec son cèdre. Les cèdres sont des arbres que j’aime beaucoup, on les associe à tout un environnement lumineux. Ils touchent les cieux, leur odeur embaumait toute la montagne du Liban, ils ont servi à la construction du temple. On dit que dans une vallée de la montagne du Liban, trois ont mille ans et dix de plus de mille ans. A Genève, nous en avons parmi les plus vieux d’Europe qui ont vu passer Napoléon. Le thème du réchauffement climatique paraît vouloir nous les amener.

Mais ce n’est pas notre sujet, nous avons une piste connue dans la littérature chrétienne sur la cité d’en-haut et celle d’en-bas, avec Saint Augustin et sa célèbre cité de Dieu. Il a mis 13 ans à la composer pour répondre aux questions que se posaient les gens après le sac de Rome, la ville éternelle, en 410. Éternelle, elle ne l’était pas comme on l’avait longtemps pensé, et c’est l’Eglise qui lui a permis de perdures. Il s’agit d’un cité spirituelle à construire et cette cité c’est l’Église. Où trouver récemment la mention de ce règne et de ce Royaume de Dieu ? Dans les Actes du Concile Vatican II et dans Lumen Gentium d’abord. Par exemple dans cette phrase : « L’Église, qui est le règne de Dieu déjà mystérieusement présent, opère dans le monde, par la vertu de Dieu, sa croissance visible. » Et encore dans celle-ci qui contient une citation de notre Evangile : « Ce Royaume brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la présence du Christ. La parole du Seigneur est en effet comparée à une semence qu’on sème dans un champ (Mc 4, 14) : ceux qui l’écoutent avec foi et sont agrégés au petit troupeau du Christ (Lc 12, 32) ont accueilli le Royaume lui-même ; puis, par sa propre vertu, la semence germe et croît jusqu’au temps de la moisson (cf. Mc 4, 26-29). » 

L’Eglise a toujours eu beaucoup de peine à une certaine époque de se distancer de l’exercice d’un pouvoir temporel pour se protéger et répandre son message et le Royaume. Cela sous certains aspects peut se comprendre, il est nécessaire de disposer d’un minimum de moyens matériels.

Mais il se construit avant tout par la parole reçue en nous et vécue, c’est-à-dire par une adhésion personnelle, par la charité vécue, par l’amour de Dieu et du prochain, à la suite du Seigneur lui-même. Il vient vivre en nous et avec nous pour que son Royaume s’y établisse. Nous utiliserions volontiers d’autres images plus techniques que les images bibliques, aujourd’hui, pour exprimer cette croissance du Royaume, mais ce n’est pas l’image qui est vraiment importante, c’est le lieu de croissance, le cœur de l’homme, de tous les hommes.

Notre évêque a adressé un message aux agents pastoraux dans lequel il fait remarquer que nous passons à une autre étape de l’annonce de l’Évangile que l’a été le Synode 72, pour ceux qui l’on connue. Nous sommes essoufflés et nous ne pouvons plus nous contenter de vivre sur de vieux souvenirs historiques et pastoraux. Il nous dit ceci : « Ce qui me semble le plus important, à relever, c’est que croire en Dieu ne va plus du tout de soi! Pour toujours plus de gens, la question de la foi et de la religion ne se pose même plus. » Dans sa lettre pastorale il nous invitait à la conversion intitulée « Se convertir ». Il s'agit de me détourner non seulement de la culpabilité, des dysfonctionnements, des insuffisances, mais de prendre un  nouveau départ. Il y donne 4 points dont nous verrons tous plus tard les développements. Mais il est certain qu’il ne s’agit pas seulement d’un changement de peau ou de déguisement, ou d’une mue. C’est le Christ qui doit croître en nous et dans son Église.

Nous pourrions peut-être nous dire que prenant de l’âge, étant malades, nous pourrions en rester à ce que nous avons toujours connu. C’est vrai que cela demande de plus en plus d’efforts. Il paraît parfois plus simple de regarder de vieux feuilletons télés que nous connaissons par cœur, Colombo, ou quelques cascades de Belmondo et autres. Aujourd’hui ça n’est plus que du numérique avec des prises de vues d’acteurs intégrées dans des catastrophes virtuelles et accélérées.

Le Christ et l’annonce du Royaume c’est du vrai. Alors pour coller à la réalité utilisons ce moyen qui nous reste celui de la prière du cœur à cœur avec Jésus et Marie. La marche vers le Royaume passe d’abord par la rencontre avec lui dans notre cœur. L’Église a d’abord besoin d’un cœur comme dit sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et vous  êtes ce cœur. Amen.


dimanche 2 juin 2024

La main guérie. Dimanche : restauration de l'amitié entre Dieu et l'homme







2 JUIN 2024 - 9ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année B

Suisse |

Lectures de la messe

Première lecture« Tu te souviendras que tu as été esclave en Égypte »5, 12-15

Psaume Criez de joie pour Dieu, notre force.80 (81), 3-4, 5-6ab,...

Deuxième lecture« La vie de Jésus est manifestée dans notre corps »4, 6-11

Évangile« Le Fils de l’homme est maître, même du sabbat »

« Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat. Voilà pourquoi le Fils de l’homme est maître, même du sabbat. » Jésus dit à l’homme : « Étends la main. » Qui d’autre que le Fils de l’Homme peut agir ainsi ?

Chers frères et sœurs,

Les lectures de ce 9ème dimanche du temps ordinaire viennent nous donner le sens du jour du Seigneur. Il n’est plus seulement le jour du repos de Dieu que nous assimilons parfois au samedi saint. Le Seigneur est descendu lui-même habiter le lieu où demeuraient ceux qui n’étaient pas en en communion avec lui. Il y est descendu pour briser les portes de l’absence de Dieu et délivrer de leur solitude ceux qui habitaient ces lieux de demi-vie. Il est l’époux de l’humanité qui vient à sa rencontre et lui tend la main. La communion avec Dieu et sa vie est rétablie par-delà la mort et ses représentations que ce soit dans la pensée d’Israël ou de la Grèce antique. Il vient les introduire dans ce fameux huitième jour où il nous établira tous un jour. Le dimanche, le jour de la résurrection vient éclairer toute la vie humaine et donner un sens nouveau à toute la création.

Le dimanche est le jour de la victoire de Jésus sur la mort par sa résurrection. Il change l’ordre des choses et vient nous faire dépasser notre temps. Le dimanche, « c'est la Pâque de la semaine, jour où l'on célèbre la victoire du Christ sur le péché et sur la mort, l'accomplissement de la première création en sa personne et le début de la « création nouvelle » (cf. 2 Co 5,17). » La résurrection de Jésus « est un événement merveilleux qui ne se détache pas seulement d'une manière absolument unique dans l'histoire des hommes, mais qui se place au centre du mystère du temps. » Ce bouleversement, ceux qui contestent l’attitude de Jésus ne peuvent pas le comprendre. Il ne va pas seulement changer le calendrier religieux traditionnel, modifier une date parmi d’autres, voulue de Dieu, mais il va en quelque sorte le dépasser. Il s’agit d’un jour de libération : « J’ai ôté le poids qui chargeait ses épaules ; ses mains ont déposé le fardeau. Quand tu criais sous l’oppression, je t’ai sauvé. »

Les gardes du tombeau n’ont pas pu empêcher la résurrection de Jésus, pas plus que les gardiens de l’ancien ordre des choses et de la tradition. Jésus vient nous libérer non seulement d’une manière de faire, mais de limites et nous donner une autre manière d’être avec lui. Pourquoi ces pharisiens n’ont-ils pas pu le reconnaître ? C’est un des mystères du passage de Dieu dans nos vies et de la manière dont nous parvenons à le reconnaître ou non. Jésus leur donne des signes, parmi eux celui de la guérison de cet homme à la main paralysée et atrophiée. La main de Jésus rejoint celle de cet homme. J’ai à l’esprit la main de Dieu qui approche celle d’Adam dans la grande fresque de Michel-Ange au Vatican, pour lui donner la vie. Il vient inviter ce malade à partager le pain de sa table, le pain de l’eucharistie. Il vient lui rendre la vie. L’eucharistie est plus que les pains de proposition dans le temple. La main de Jésus est celle de la toute-puissance divine qui guérit et donne à cet homme de pouvoir accéder au pain de vie. Le Seigneur vient l’inviter à construire un monde plus juste er fraternel, habité par l’amour de Dieu. Nous avons tout à l’heure entendu que Dieu a dit : Du milieu des ténèbres brillera la lumière. Elle a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. » Dieu a brillé dans le cœur de cet homme, il vient briller dans les nôtres, même si nous sommes des vases d’argiles, aussi fragiles que le Seigneur l’a été en venant parmi nous : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. » « j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre. »

« Toujours nous portons, dans notre corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps. »

Nous avons besoin de nos mains pour toucher la main secourable de Dieu et prendre ce pain de vie. Il nous donne la force de suivre Jésus dans sa mort et sa résurrection, il est le pain de la vie et le pain de l’amour de Dieu. Le pain de la Trinité.

Dans un très beau texte sur le sacrement de l’Eucharistie « Sacramentum caritatis », Benoît XVI disait ceci : « Dans l'Eucharistie se révèle le dessein d'amour qui guide toute l'histoire du salut (cf. Ep 1, 10; 3, 8-11). En elle, le Dieu Trinité, qui en lui-même est amour (cf. 1 Jn 4, 7-8), s'engage pleinement avec notre condition humaine. Dans le pain et le vin, sous les apparences desquelles le Christ se donne à nous à l'occasion du repas pascal (cf. Lc 22, 14-20; 1 Co 11, 23-26), c'est la vie divine tout entière qui nous rejoint et qui participe à nous sous la forme du Sacrement. »

Ce mystère célébré particulièrement le dimanche, se développe dans le temps et dans l'espace, mais il les dépasse. Les mots utilisés par l’Église sont très forts : Par le don de lui-même, Jésus a objectivement inauguré le temps eschatologique.

Le dimanche est le premier jour de l’action de Dieu qui vient relever le monde, mais aussi « le huitième jour », qui évoque le commencement du temps et son terme, dans le « siècle à venir ». Selon Saint Basile le dimanche représente aussi le jour vraiment unique qui suivra le temps actuel, le jour infini qui ne connaîtra ni soir ni matin; le dimanche est l'annonce constante de la vie sans fin, qui ranime l'espérance des chrétiens et les encourage sur leur route. Comment ne pas rappeler que le jour de la Pentecôte était un dimanche, premier jour de la huitième semaine après la pâque juive.

Marie de là-haut, nous montre à nous, pèlerins dans le temps, le but eschatologique que le sacrement de l'Eucharistie nous fait goûter dès maintenant. L’eschatologie, c’est le temps dépassé, le temps de la vraie vie avec Dieu et en lui. La rencontre est toute proche et d’une certaine manière presque réalisée sous des apparences si pauvres et si communes. Comment lui dire non, alors que Jésus est venu nous rejoindre au plus profond de nos misères. Salut reine du ciel , mère de miséricorde. Amen.