23 JUIN 2024
12ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine IV du Psautier) — Année B
Première lecture« Ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots ! »Jb 38, 1.8-11
PsaumeRendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Alléluia !106 (107), 21a.22a.2...
Deuxième lecture« Un monde nouveau est déjà né »2 Co 5, 14-17
Évangile« Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéis...Mc 4, 35-41
Ce sont plutôt des notes d'homélie, vu qu'iol y a eu passablement d'improvisations et des raccourcis.
J’ai donc la chance de venir célébrer chez vous au bord de votre lac avec un Évangile qui ne peut que vous parler. Ayant passé pour ma part de nombreuses années, une vingtaine, sur les bords valaisans du Léman, au Collège et dans un monastère, je ne puis que l’apprécier. Lorsque venait la tempête, c’était tout un spectacle, mais mieux valait se tenir à bonne distance. Parfois un voilier se faisait prendre. Un bol d'or provoqué aussi des chavirages impressionnants.
Aujourd’hui nous sommes impressionnés par cet Evangile pour diverses raison. Un vent violent vient brusquement du désert et secoue la bateau. Le Seigneur savait pourtant bien ce qui allait arriver, mais il dit lui-même à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. ». Et voilà qu’il s’endort épuisé, à l’avant du bateau. Il est fatigué par son ministère et les apôtres aussi. Le contexte symbolique n’est pas trop difficile à décrypter, accompagné par les autres lectures que nous avons entendues, ainsi que le psaume 106. Il était déjà présent dans la liturgie des heures d’hier.
Le lac et l’eau n’avaient pas bonne presse dans la mentalité du peuple juif qui n’était pas un peuple de marin. Les eaux représentaient la mort, ce qui relève de l’évidence aujourd’hui. Ils avaient peur d’être engloutis. Ils avaient vu les miracles accomplis par Jésus, entendu ses belles paroles de vie. Voilà que surgissent le danger de périr noyés et la mort. Que fait-il ? Il dort. Il devait être vraiment très fatigué.
Les paroles étonnées des apôtres sont des plus directes : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? ». Jésus ordonne au vent de se calmer. N’est-ce pas le psaume ? Il parle, et provoque la tempête, puis il réduit la tempête au silence, fait taire les vagues. Notre première surprise réside dans le fait qu’il réussit à crier dans la tempête et à se faire entendre. Un chanteur d’opéra arrive à 120 décibels, mais une tempête étouffe tout. Ce qu’il y a de surprenant aussi, c’est l’efficacité de sa voix qui ne peut que nous ramener à la puissance de l’action de Dieu et à la création au commencement.
Jean Abitbol, un grand médecin, spécialiste contemporain de la voix rappelle dans un ouvrage récent que : « Dans la Genèse, c’est parce que Dieu dit « que la lumière soit », que la lumière est. Le dire est le faire exister. C’est parce qu’Il nomme le monde qu’Il le crée. » Tout est donc soumis à l’action de la voix de Dieu ce qui est d’ordre symbolique. Comment parler sans air… Le Seigneur montre donc qu’il est Dieu par cette action. Nouvel étonnement pour nous face à la remarque de Jésus : « « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Ils s’interrogent encore : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » Il a donc voulu les conduire vers la foi qui nous permet d’entrer en contact avec le mystère de Dieu dans une certaine obscurité. Il se laisse deviner par des signes, et nous enseigne par sa parole comment le rejoindre. Le rejoindre où ? Il est dans la barque avec nous, certes mais il veut nous entraîner et nous attendre en définitive sur la rive, c’est-à-dire dans le Royaume. N’est-ce pas ce qui est sous-entendu par la dernière lecture ? « L’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. »
La question de fond est donc d’abord pour nous, notre difficulté de croire en la puissance de la résurrection de Jésus, lorsque nous sommes confrontés à nos limites, à nos peurs, à nos craintes, à la méchanceté humaine, à la maladie, au chagrin, le nôtre et celui de ceux que nous aimons et finalement au grand passage avec le Seigneur pour le retrouver. Le livre de Job nous parle certainement, il avait tout et il a tout perdu, fortune, famille, santé, considération. Et il se révolte, il crie sa peine vers le Seigneur, il le remet en question et voilà qu’un de ses amis en particulier, vient lui faire un beau sermon en défendant la grandeur et la toute-puissance de Dieu. Le Seigneur l’a mis à l’épreuve et la première partie paraît cinglante : « Ceins donc tes reins comme un homme. Je vais t’interroger, et tu m’instruiras. » Mais au final il le défend et affirme qu’il est juste.
Je crois que personne d’entre nous ne songe un instant à faire le malin lorsqu’il est touché par une épreuve, une trahison. C’est l’angoisse des Apôtres et de Job. Le parcours que nous avons à faire est parsemé de mystères joyeux, lumineux et douloureux pour attendre la rive et le port de sa volonté qui nous permettra de voir son visage.
Une autre difficulté que nous avons pour rejoindre le Seigneur est le fait qu’il ait voulu que son message de vie et de résurrection nous parvienne par d’autres, par ses disciples, par des intermédiaires qui ne sont pas parfaits. Mais c’est lui qui est là et vient nous toucher au cœur. Sa parole, c’est à chacun de nous de la vivre et d’y croire en songeant à celui qui l’a donnée. Nous sommes tous responsables de l’annonce.
Il ne s’agit pas simplement de se remémorer d’événements ou de paroles du passés, mais d’actualiser dans nos vies ce message de vie. La parole de Dieu n’est pas un message figé. Une petite histoire trouvée chez le médecin cité tout à l’heure peut aider à le rappeler. Une légende juive explique que Moïse était devenu bègue enfant parce qu’il avait touché un charbon avec sa bouche. Plus tard, il a vu Dieu dans le buisson ardent, mais ce fut son frère excellent orateur qui transmit la parole reçue et parla à sa place. La parole agit par elle-même et s’adresse à nous personnellement, c’est elle qui vient faire de nous une créature nouvelle.
Notre-Dame de l’Assomption conduis-nous vers le Père. Amen.
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