EVANGILE Jn 19,25-27
Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean
Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère
et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas,
et Marie Madeleine.
Jésus, voyant sa mère,
et près d’elle le disciple qu’il aimait,
dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. »
Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. »
Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
Frères et Sœurs,
N’est-ce pas un intolérable spectacle que celui d’une
crucifixion, d’une mise à mort en public ? On représente la mort de Jésus
dans des films, parfois d’une insupportable violence. Ça l’est à un tel point
que nous avons entendu récemment qu’un producteur après la Passion allait
essayer d’en réaliser un sur la résurrection. Sans elle, il n’y a plus que
désespoir. Certes avec les stoïciens il est possible de se faire une raison. La
résurrection est une nécessité pour que tout cela ait un sens, pour que nos
propres souffrances et difficultés en aient un. Même si nous avons la grâce
d’avoir à vivre nos derniers moments de manière sereine, c’est un temps de
douleur et de séparation.
La haine avait eu libre court lors de la condamnation de
Jésus et son exécution. Poings tendus, cris, méchanceté, trahisons,
combinaisons politiques, peurs, fausses excuses que l’on se donnait :
« Il fallait qu’un seul homme meure pour le peuple. ». C’était un
refus de Dieu, de la réconciliation et de son amour pour nous. Un refus de la
Miséricorde exprimé non par n’importe qui, mais bien par les responsables
religieux et politiques qui ne voulaient pas prendre de risque pour leur
carrière.
Nous avons besoin de la miséricorde de Dieu et de la
résurrection qui est miséricorde. Nous fêtions voici deux jours saint Jean
Chrysostome. Dans un commentaire, il disait ceci : « Dieu a créé le
monde par miséricorde. » Il n’était pas obligé de le faire. Il n’était pas
obligé de créer des êtres libres, qui au vu de leur seul nombre allaient
certainement échouer… et briser la communion, avec Lui. Pourtant Dieu a voulu
que sa Miséricorde puisse s’exprimer et œuvrer pleinement. Rien ne peut arrêter
l’amour de Dieu. Il est comme un fleuve qui enfle et déborde, c’est celui qui a
jailli du cœur du Christ sur la croix. Il recrée le monde en son fils, par
miséricorde, il le ressuscite.
Tout cela était partagé et vécu par Marie. « Un glaive
de douleur te transpercera le coeur.» lui avait dit Siméon. Ce moment est
arrivé.
Si, hier nous fêtions disait Benoît XVI, la Croix qui est le
lieu où se manifeste de façon parfaite la compassion de Dieu pour notre monde,
nous contemplons aujourd’hui Marie qui partage la compassion de son Fils pour
les pécheurs. Comme l'affirme saint Bernard, la Mère du Christ est entrée dans
la Passion de son Fils par sa compassion.
Quelle image que celle de Marie, de Jean et des saintes
femmes au pied de la Croix ! Quelle tristesse, quelle souffrance, quelle
force, quelle espérance dans les ténèbres les plus obscures ! Tout
paraissait fini et perdu, et pourtant, tout commençait. Je cite quelques lignes
d’une traduction du Stabat Mater de Jacopone de Todi.
Debout, la Mère douloureuse près de la croix était en
larmes devant son Fils suspendu.
Dans son âme qui gémissait, toute brisée, endolorie, le
glaive était enfoncé.
Qu'elle était triste et affligée, la Mère entre toutes
bénie, la Mère du Fils unique !
Qu'elle avait mal, qu'elle souffrait, la tendre Mère, en
contemplant son divin Fils tourmenté !
Quel est celui qui sans pleurer pourrait voir la Mère du
Christ dans un supplice pareil ?
Près de la croix, Marie avec Jean, le disciple de
l’amour, est témoin des paroles de pardon qui jaillissent des lèvres de Jésus.
Le pardon suprême offert à qui l’a crucifié nous montre jusqu’où peut aller la
miséricorde de Dieu. Marie atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas
de limite et rejoint tout un chacun sans exclure personne. Nous dit le pape
François.
Oui, Marie était là, bien présente, atteinte jusque dans la
racine de son être, mais témoin au pire moment, de voir que du cœur transpercé
de son Fils, jaillit la source d’eau vive. Elle participait par sa compassion à
ce mystère. Ceux qui étaient auprès de Jésus donnant sa vie sur la croix,
avaient dépassé la honte publique qui atteint les amis d’un condamné et sa
famille. Des risques pour une carrière, ce n’était même plus une question
lorsqu’ils voyaient le traitement infligé au bien-aimé. Ils ont osé risquer
leur vie parce qu’ils étaient conduits par un réel amour de Jésus, encouragés
par Marie, par le courage, l’amour et l’exemple de Marie.
Je ne veux pas tomber dans le dolorisme, mais pourquoi ne
pas nous rappeler que nous pouvons rejoindre Marie au pied de la croix, en nous
rapprochant de Jésus dans ses sacrements ?
Il est aussi et bien présent dans ceux qui souffrent ou
passent par des moments difficiles, ceux que nous invitent à rencontrer les « œuvres
de miséricorde ». Notre confiance irait-elle jusqu’à au Seigneur dire avec
Saint Augustin : « Tu rachèteras
ma vie à la corruption, tu me couronneras de compassion et de miséricorde :
ma jeunesse sera renouvelée comme celle de l’aigle. Ps. CII 3-5 livre 11 Conf.)
» Oui ! Et pourquoi ? Il est mort, il est ressuscité, il est vraiment
ressuscité !
Cette proximité de Marie n’oublions pas non plus qu’elle
nous concerne nous, personnellement, lorsque nous passons par l’épreuve. Vous
le savez bien lorsque vous venez vous confier à elle et lui dire : Marie,
toi tu sais, tu es passée par là. Et elle vous écoute, elle nous écoute. Nous lui
avons répété des milliers de fois dans le « Je vous salue », surtout
dans la 2ème partie. Comment oser imaginer qu’elle n’ait pas
entendu ? Et même si une fois, au dernier moment, nous nous adressons à
elle ! Que nous dit-elle ? Mon Fils qui est mort, est ressuscité !
Il est vraiment ressuscité, écoutez-le, ayez confiance en Lui ! Il vous
ressuscitera vous aussi, en lui vous êtes déjà ressuscités. Courage et
confiance, n’ayez pas peur ! Il est la miséricorde du Père nous dit Marie
et je suis sa Mère, la Mère de la Miséricorde. Amen.
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