Cloître du Pater
Les commentaires du Notre Père sont extrêmement nombreux :
catéchisme, saint Cyprien, notre ancien pape Benoît, insurpassable. Nous avons
tous pris conscience du fait que la version proposée par saint Luc est plus
brève que celle de Matthieu.
M’étant penché sur les réflexions proposées par le cardinal Christophe
de Vienne, en cette année de la miséricorde, j’en ai retenu qu’il a surtout été
arrêté et surpris par le fait que Jésus insiste sur les demandes dans la prière
qu’il enseigne. Il paraît vouloir apprendre à ses disciples comment demander et
que demander. Ils avaient été attirés par cette sorte de manière d’entrer en
relation intime avec son Père et ils auraient souhaité y entrer. Or, ce n’est
pas de la haute mystique qui lui est proposée, une sorte de condensé de la
montée au carmel de Jean de la Croix, mais
il enseigne à demander. N’est-ce pas désarçonnant ? Il nous dit de
demander chaque jour, jour après jour. Il insiste pour que nous demandions la
grâce nécessaire pour mener une vie conforme à sa volonté, c’est-à-dire pour
rester en communion avec lui. La grâce de bien faire, de bien agir, de
conformer notre agir à ce qu’il souhaite. Cela sent à plein nez, l’éthique ou
la morale que nous avons évacuée très souvent, au profit du « on fait
comme on peut ».
C’est un travail qui nous est demandé et quel travail, mais
avec sa grâce. Qui n’a pas l’impression que Dieu aime parfois se faire prier
très fort, avec insistance ? Veut-il nous entendre dire que nous croyons
en lui, que nous l’aimons vraiment ? C’est la grâce majeure à demander :
l’aimer jusqu’au bout et au-delà de nos forces, grâce à lui. Il est étrange
notre Dieu, il aime la matière, nos lenteurs, nos interrogations et notre
persévérance. Aime une humanité qui sue et s’interroge… ?
C’est cela aussi la mystique de Jésus : aimer son Père
au jour le jour et tous les jours, de toute son âme, de toute sa force et de
tout son esprit, avec la grâce et le saint Esprit. Il est venu en quelque sorte
habiter les conséquences du premier non que nous lui avons adressé, pour en
faire du positif. Il veut nous relever.
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