27 novembre 2016
1er Dimanche de l'Avent
1ère lecture : Le Seigneur rassemble toutes les nations dans la paix éternelle du royaume de Dieu (Is 2, 1-5)
2ème lecture : « Le salut est plus près de nous » (Rm 13, 11-14a)
Evangile : Veillez pour être prêts (Mt 24, 37-44)
Frères et Sœurs,
Joyeux avènement, Felix adventus, donc… Vous me
permettez un rappel didactique avant notre méditation. Nous avons déjà entendu
à plusieurs reprises que le mot Avent vient d’une coutume romaine qui célébrait
l’entrée en fonction de l’empereur, ou sa première venue dans une grande ville
qu’il n’avait pas visitée. On retrouve cet événement sur des monnaies de
l’époque et pourquoi ne pas tirer ce symbole vers la couronne de l’Avent, il ne
fait en tout cas pas de mal. Nous attendons la venue du Christ. Elle nous
rappellera déjà que c’est un pasteur réformé qui est à l’origine de cette
coutume. Elle est une invitation à prier pour l’Unité.
Dans la liturgie trois avènements du Christ sont célébrés durant
cette période. Il ne s’agit pas simplement de l’attente de Jésus à Noël. Ce
sera le retour de la lumière, du soleil invaincu et la bonté de Dieu qui nous
est manifestée. Dom Guéranger nous en parle. Il fut le fondateur de l’Abbaye de Solesmes, célèbre pour sa liturgie et le chant
Grégorien. Pour les amateurs de géographie, elle est située à proximité de
Sablé-sur-Sarthe, dans le département de la Sarthe et célèbre pour ses 24
heures du Mans aussi.
Revenons à la liturgie. Ainsi s’exprime dom Guéranger : «
Le mystère de l’Avènement de Jésus-Christ est à la fois simple et triple. Il
est simple, car c’est le même Fils de Dieu qui vient ; triple, car il vient en
trois temps et de trois manières. » Quels sont ces trois avènements ? le 1er,
c’est la venue du Christ en notre chair ; le 2ème, la venue du
Christ en nos âmes ; le 3ème la venue du Christ au dernier jour.
A l’écoute de l’Evangile d’aujourd’hui, vous aurez compris que nous célébrons
ce dernier avènement et qu’en quelque sorte nous remontons le temps.
Jésus nous exhorte à la vigilance, à veiller, être des
veilleurs, des « Grégoire », pour le retour du Fils de l’Homme, la
Parousie. Il prend l’exemple de Noé et du déluge. Il a été sauvé parce qu’il a
été attentif à la voix de Dieu, à l’Esprit symbolisé par la colombe. Noé avait
gardé une oreille attentive aux avertissements et aux invitations du Seigneur à
construire son arche, en prévision du déluge, le mot en grec nous a donné celui
de cataclysme.
Jésus utilise aussi l’exemple des voleurs, ces
perce-murailles d’hier et d’aujourd’hui. Dans le but d’une actualisation, pourquoi
ne pas relier ce que nous dit Jésus aux avertissements que nous donne régulièrement
la police lorsque les jours se font plus courts ? Il nous invite à être
spirituellement sur nos gardes et attentifs.
Jean Chrysostome qui a vécu dans la 2ème moitié
du 4ème siècle et au tout début du 5ème, interprète ces
menaces en disant que le Seigneur veut alerter les plus endurcis. Il n’ignore
pas quand viendra ce jour. Si les hommes savaient précisément le jour de leur
mort, dit-il, ils s’y prépareraient sans doute avec grand soin, mais pour les
tenir continuellement dans une crainte qui leur est si utile. Il ne donne pas
de date, afin qu’en l’attendant à toute heure, nous soyons dans une perpétuelle
vigilance.
Parfois, il patiente longtemps et envoie même 3 papes, comme
auprès du vieux dictateur nonagénaire décédé vendredi soir.
Pourquoi tout cela ? Parce qu’il veut que tous les
hommes soient sauvés.
Pourquoi sortir de notre sommeil, selon la formule de saint
Paul ? Pour monter à la maison du Seigneur, vers la cité sainte…
Le Seigneur ne veut pas que nous laissions s’assoupir notre
espérance…
Mais les motifs de stimuler notre espérance d’aujourd’hui sont-ils
les mêmes que ceux d’hier ? Notre espérance est-elle la messe ? Oui
puisqu’il s’agit du Christ. L’ancien pape Benoît rappelait dans son encyclique
sur l’espérance (Spe
Salvi) qu’au temps de saint Augustin, devant un empire qui se fragilisait,
suite à l’émergence de peuples nouveaux, le devoir du pasteur était d’ancrer
l’espérance solidement, à une base sûre, à ce rocher qu’est le Christ. Il
s'agissait de fortifier le fondement véritablement porteur de cette communauté
de vie et de paix, afin de pouvoir survivre au milieu des mutations du monde.
N’y a-t-il pas des analogies avec ce que nous vivons aujourd’hui où les
changements se produisent non seulement avec les nouveaux arrivants, mais aussi
dans la culture, l’évolution de la technologie, l’automatisation, la quatrième
révolution industrielle qui s'appuie sur les technologies numériques... Notre « paradis
terrestre » s’en trouve déstabilisé et nous sommes à la recherche de
quelque chose de sûr.
Nous ne pouvons avoir d’espérance sûre que si nous
connaissons Dieu. Or, le Seigneur vient bientôt… nous dit l’Ecriture. Il nous
invite à veiller, à nous préparer.
Ce n'est pas la science qui rachète l'homme, disait
Benoît XVI. L'homme est racheté par l'amour. Cela vaut déjà dans le domaine
purement humain. Lorsque quelqu'un, dans sa vie, fait l'expérience d'un grand
amour, il s'agit d'un moment de « rédemption » qui donne un sens nouveau à sa
vie… Un amour humain peut être détruit par la mort. L'être humain a besoin de
l'amour inconditionnel. Il a besoin de la certitude qui lui fait dire: « Ni la
mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni
les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne
pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ » (Rm 8, 38-39).
Nous pourrions ajouter ni la technologie…
Qui est-ce qui revient bientôt ? L’amour de Dieu qui
est Jésus Christ.
Je crois que nous pouvons en rester là tout est dit, que ce
temps de l’espérance du salut dans le Christ qui vient, soit un temps de
joyeuse espérance, se fortifiant dans la prière école de l'espérance.
Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère, Mère de
l’espérance, enseigne-nous à croire, à espérer et à aimer avec toi.
Indique-nous le chemin vers son règne! Étoile de la mer, brille sur nous et
conduis-nous sur notre route! Amen.
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