Lectures de la messe du jour
1ère lecture : « Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël » (2 S 5, 1-3)
2ème lecture : « Dieu nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé » (Col 1, 12-20)
Evangile : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23, 35-43)
Frères et Sœurs,
Recevoir l’onction royale sur une croix et avoir celle-ci pour
trône, quelle contradiction ! Celui qui est le Messie, l’image du Dieu invisible,
le premier-né, avant toute créature, en qui tout fut créé, dans le ciel et sur
la terre se retrouve là pitoyable, exécuté comme un criminel de l’époque.
L’inscription qui était au-dessus de la tête de Jésus crucifié
indiquait le motif de sa condamnation :
« Celui-ci est le roi des Juifs. » Les passants ricanaient : « Si
tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »… « Il n’a pas voulu
descendre pour Lui, afin de ressusciter pour moi », explique Ambroise de
Milan (tr. Sur l’Evangile n°121). Les deux condamnés à côté de lui
connaissaient sa réputation. La conversation qu’ils entament dans les pires
douleurs est saisissante. La conclusion de Jésus l’est tout autant. « Amen, je
te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » « Magnifique
témoignage, qu’il faut travailler à se convertir puisque le pardon est si vite
prodigué au larron, et la grâce plus abondante que la prière, commente Ambroise.
Le Seigneur accorde toujours plus qu’on ne lui demande. » « La vie
consiste à être avec le Christ : où est le Christ, là est le
Royaume. » Jésus est miséricordieux envers ce compagnon d’infortune qui
met son espérance en lui. A l’autre il ne répond pas. Nous comprenons sa
révolte, ce type de justice et sa violence nous heurtent. Mais il nous faut
être attentif au fait que la miséricorde n’écarte pas la notion de justice, le
pape le disait dans sa bulle du Jubilé : « Qui se trompe devra
purger sa peine, mais ce n’est pas là le dernier mot, mais le début de la
conversion, en faisant l’expérience de la tendresse du pardon. Dieu ne refuse
pas la justice. Il l’intègre et la dépasse dans un événement plus grand dans
lequel on fait l’expérience de l’amour, fondement d’une vraie justice. »
Jésus est roi, pourtant il mourut le premier sur la croix,
ouvrant le chemin, il passe devant. Les soldats brisèrent les jambes des deux
autres condamnés avec une barre de fer le crurifragium. Ce ne fut pas le
cas de Jésus. Conformément à l’Ecriture : « Il veille sur chacun de ses os
: pas un ne sera brisé. (ps 33, 21) », dit l’Ecriture.
A quoi sert au bon larron, l’acte de miséricorde de Jésus
s’il meurt ? A ouvrir les portes du Paradis qui avaient été fermées à ce
compagnon d’infortune d’abord. Il en va de même pour nous. Ce roi meurt et va
revenir « pour faire la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous
les êtres sur la terre et dans le ciel. »
A Byzance lorsque les empereurs perdaient le pouvoir, la
populace et leurs successeurs les traitaient de manière terrible, estimant
qu’ils avaient perdu la faveur divine… Nos voisins ont remplacé leur roi et
l’ancien régime par des rois sans couronne. Restent de beaux châteaux,
Versailles, Amboise, etc… à visiter pour les amateurs. Mais qui voudrait
revenir à cette époque, y compris sous les princes évêques. Quoique les
dictateurs mégalomanes construisent d’immenses palais appelés à disparaître. Si
le Seigneur est roi, s’il revient c’est pour nous introduire dans une demeure
totalement différente, par miséricorde. Il ne revient pas pour faire la guerre,
mais pour nous donner la paix. Elle concerne tous les êtres sur la terre et
dans le ciel, toute la création, revue corrigée, transformée et élevée en Dieu.
Pendant mes vacances, j’ai eu la chance de voir un ancien château sur les bords
de la Loire. Il se reflétait partiellement dans quelques flaques d’eau… Toutes
les images que nous pouvons nous faire du Royaume de Dieu, du Paradis et de
Dieu ne peuvent qu’être partielles et imparfaites, y compris la nature et les
expressions de la puissance humaine.
Que sera le retour du Christ que nous célébrons aujourd’hui ?
L'image du Jugement final est en premier lieu non pas une image terrifiante,
mais une image d'espérance; pour nous peut-être même l'image décisive de
l'espérance. Mais n'est-ce pas aussi une image de crainte? Je dirais: c'est une
image qui appelle à la responsabilité, disait Benoît XVI. (Spe
Salvi)
Comment dépasser cette crainte ? Nous avons passé toute
cette année à nous rappeler que Dieu est miséricorde. Elle est un des
attributs les plus significatifs de Dieu. « L’Eglise vit d’une vie authentique
lorsqu’elle professe et proclame la Miséricorde, attribut le plus admirable du
Créateur et du Rédempteur, et lorsqu’elle conduit les hommes aux sources de la
Miséricorde du Sauveur, dont elle est la dépositaire et la dispensatrice ». (Misericordiae vultus/Dives in misericordia)
Notre Père, disait hier le Pape aux nouveaux
cardinaux, nous aime parce qu’il a choisi de nous aimer, il nous aime parce
qu’il nous a donné le statut de fils. Il nous a aimés même lorsque nous étions
ses ennemis (cf. Rm 5, 10).
Le regard de Dieu sur nous est bon, c’est pour cela qu’il
nous a envoyé son Fils et qu’Il le fera revenir au dernier jour, pour nous
rassembler et pour qu’Il soit tout en tous. Nous devons lui demander de
purifier notre regard.
Nous avons parcouru avec l’Eglise ce chemin non pas pour
fermer une porte mais pour apprendre à redécouvrir la divine miséricorde qui
est le visage du Christ, ainsi que le dit le pape dans sa prière : Tu
es le visage visible du Père invisible, du Dieu qui manifesta sa toute-puissance
par le pardon et la miséricorde. Comme l’image du château dans l’eau,
de manière partielle et avec nos limites, nous sommes invités tous les jours à
être les témoins de cette miséricorde et de Jésus sur la croix : Fais que
l’Église soit, dans le monde, ton visage visible, toi son Seigneur ressuscité
dans la gloire et qui revient bientôt avec Marie mère de Miséricorde.
« Oui, je viens sans tarder. » – Amen ! Viens, Seigneur
Jésus !
Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous ! (Apoc).
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