dimanche 8 janvier 2017

Une étoile à l'Orient


« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
Les mages arrivant d’Orient avaient fait sensation à Jérusalem, toute la ville avait déjà parlé d’eux, mais après avoir expliqué ce qu’ils venaient chercher, qu’ils avaient suivi une curieuse étoile : Ce fut assurément le branlebas… Nos médias n’auraient pas pu mieux jeter l’affolement. Nous connaissons les spéculations autour de la célèbre étoile des rois, elle va d’une comète à la conjonction de trois planètes, Mars, Jupiter et Saturne. L’astéroïde du Vorbourg était peut-être de la partie. Se situant dans une célèbre ceinture entre Mars et Jupiter, il serait intéressant de demander à M. Ory où elle pouvait se trouver à la naissance de Jésus, si nous retenons cette possibilité. L’image de l’une d’elles a la forme d’un soulier, elle nous invitait à hâter le pas… et voulait pour avoir son mot à dire. Monter des légendes est une des spécialités locales.
Qui étaient nos mages venant de Perse, des magoï… Certains, dit l’ancien pape Benoît, estiment qu’il s’agissait de membres d’une  sorte de caste sacerdotale perse. On estime que ces personnages étaient certainement porteurs d'une connaissance religieuse et philosophique  et qu’ils étudiaient les étoiles et leurs mouvements. Après le bœuf et l’âne présents dans les écritures, les chameaux et les dromadaires voulurent entrer dans la crèche et les savants provenant d'Orient sont devenus rois parce qu’ils voulurent entrer dans la crèche. L’étoile disparut à Jérusalem pour que l’Ecriture délivre son message sur la naissance du Messie
Nous n’en sommes pas à un étonnement près, pourquoi Hérode ne prit-il pas les devants ?
Pourquoi l’étoile a-t-elle de nouveau prodigué sa lumière ? Pourquoi personne d’autre que les savants n’a-t-il pu leur indiquer le chemin ?
Était-ce un secret si bien caché dans l’Ecriture ?
Le pape François donnait son interprétation avant-hier: « Hérode ne pouvait pas aller adorer parce qu’il n’a pas voulu changer son regard. Il n’a pas voulu cesser de rendre un culte à lui-même. Les prêtres non plus n’ont pu aller adorer parce qu’ils savaient beaucoup de choses, ils connaissaient les prophéties, mais ils n’étaient disposés ni à se mettre en chemin ni à changer. »
Des personnages importants arrivant dans un petit village, voilà de quoi émouvoir et intéresser bien plus que des bergers agités annonçant qu’ils ont vu des anges. Qu’avaient du penser les habitants de Bethléem lorsque les bergers avaient annoncé la Bonne Nouvelle… un peu ce qu’avaient pensé les habitants de Jérusalem à la Pentecôte. Ils avaient peut-être bu un coup de trop pour se réchauffer.
Lorsque tout ce groupe de personnages importants surgit avec les Mercédès ou les grosses quatre / quatre de l’époque, cela éveille de l’intérêt. Les voir s’incliner devant un petit bébé que présente une maman, hors de la ville, c’est un événement.
Que les mages soient devenus des rois, le développement est positif puisqu’ils symbolisent maintenant tous les peuples de la terre rendant hommage au nouveau-né.

L’étoile  a donc conduit les mages jusqu’à l’endroit où était l’enfant. N’est-ce pas extraordinaire ? Cela avait été une sorte de course au trésor. Ils apportaient les leurs et découvraient le plus grand que Dieu ait pu donner, son propre Fils. Ils ouvrirent leurs cassettes : l’or, pour la royauté, l’encens pour la divinité et la myrrhe annonçant sa souffrance. Dieu va nous  dévoiler son secret dans les bras de sa mère, de Marie. Son coffret au trésor est ouvert, l’arche de l’alliance ne tiendra plus scellé et réservé à quelques savants son mystère, tous y accéderont. Elle avait disparu du temple de Salomon et son contenu va nous être donné, distribué même dans l’Eucharistie et les Ecritures.
«Voyons donc, dit Augustin, ce que signifiaient ces présents mystérieux offerts par les Mages, et comprenons qu'ils proclament en Jésus-Christ l'union personnelle de la divinité et de l'humanité. Le Sauveur est vu comme homme, et il est adoré comme Dieu ; il est gisant dans ses langes et il brille parmi les étoiles. Ses langes annoncent l'enfant qui vient de naître, les étoiles proclament qu'il est le souverain Maître de toutes choses. C'est son humanité qui est enveloppée de langes, c'est sa divinité qui est adorée ; les bergers tressaillent sur la terre, les Anges sont remplis de joie dans les cieux. (10e Sermon inédits) »
Pour Jésus, l’arrivée des mages et leurs salutations fut le début des difficultés familiales. Un ange apparut à Joseph la nuit suivante, et nous connaissons la suite. A coup sûr Hérode n’avait pas mis beaucoup de temps pour recevoir des rapports. Il avait d’ailleurs la réputation selon certains historiens, d’avoir des espions partout.
Pour vivre heureux, vivons caché… La finale d’une fable du 18ème siècle, de Jean-Pierre Claris de Florian, est passée dans les proverbes. Elle raconte qu’un grillon enviait un papillon, mais changea d’avis lorsqu’il vit des enfants l’attraper et lui faire subir un mauvais sort. Avec l’attention des puissants viennent toujours ou presque les ennuis. La vie cachée à Nazareth plus tard fut une bénédiction.

Pourtant qu’elle importance que la naissance d’un petit enfant ? Il est très difficile de trouver une documentation sur les petits enfants à cette époque. O avait peu de considération pour eux. Nous savons qu’ils mouraient en grand nombre, même chez les rois. C’était l’affaire des femmes, de tous temps, jusqu’à la cour de France (1). Hérode paraissait avoir bien peu d’assurance devant un tout petit. Il connaissait toutefois les prophètes et ce dont était capable le peuple qu’il gouvernait, avide de liberté et de légitimité. « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Hérode n’était pas un roi légitime et avait à craindre. Ce berger était si pressé qu’il ne voulut pas attendre l’achèvement du Temple d’Hérode, il n’attend pas l’inauguration d’un monument, parce qu’Il est le Temple de Dieu et inaugure son règne et le Royaume.
Jésus sait la souffrance que sa venue va provoquer, il connaissait sa propre souffrance avant de venir dans le monde, et il l’a acceptée et voulue par amour de son Père, et parce qu’il nous aime, il a voulu aimer jusqu’au bout.
L’enfant de la crèche dans les bras de sa mère, nous demande de ne pas craindre. Chacune de nos étoiles nous a conduits vers lui. Il les a disposées dans le ciel de notre cœur pour cela, pour nous conduire à ce centre de nous-même où il demeure, où Marie nous le présente, elle qui est couronnée d’étoile. Il est venu pour dégager ces pierres qui ferment l’entrée de la grotte de Bethléem ayons confiance en Lui et en sa Mère, Marie notre Mère. Amen. 

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