Une messe figurant dans le Missel des Messes en l'honneur de la Vierge Marie, porte le titre de Notre-Dame du Bon Conseil.
C'est la fête de cette image aujourd'hui et de son sancutaire qui a fêté ses 150 ans. L'invocation dans les litanies de Lorette a été ajoutée en 1903.L'ensemble ci-dessous fleure bon le 19ème siècle, comme le nôtre ne s'est pas encore détaché du 20ème.
http://leblogdumesnil.unblog.fr/…/92-de-limage-miraculeuse…/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre_Dame_du_Bon_Conseil https://ia802701.us.archive.org/7/…/cihm_714…/cihm_71475.pdf
Le Sanctuaire de Genazzano
Notice sur l’Image miraculeuse de la Sainte Vierge à Genazzano
SOMMAIRE DES INDULGENCES ATTACHÉES AU SCAPULAIRE de la Bse Vierge Marie,
Mère du Bon-Conseil (Décret de la S. C. des Rites 19 déc. 1893.)
DECRET
Notice sur l’Image miraculeuse de la Sainte Vierge à Genazzano
Par le R. P. Frédéric de Ghyvelde, O. F. M.
Commissaire de Terre-Sainte
IMPRIMATUR
C.A.
Marojs, V. G.
Quebeci,
die 21 juni 1903
Ex
parte nostri nihil obstat,
Fr. Columbanus Maria, O. F. M.
Comm. prov.
Marianopoli die 19 Julii 1903,
AVANT-PROPOS
•
La publication du récent Décret par lequel
S. S. Léon XIII Ordonne l’insertion, dans les litanies, de
l’invocation de Mater Boni Consilii, O. P. N. » — Mère du Bon-Conseil, P. P. N.
— nous a donné la pensée d’offrir au public pieux, dans une humble brochure,
l’admirable histoire de l’Image miraculeuse de Genazzano (1). Image, qui,
au témoignage même de la sainte Eglise, occupe un rang unique, parmi toutes les
images existantes de la Mère de Dieu. Nous avons choisi, entre les différentes relations,
toutes également intéressantes, celle qui se trouve dans le bel ouvrage de Mgr
Dillon, publiée, il y a quelques années, par la « Société de Saint-Augustin. »
Nous la donnons presque textuellement, après en avoir coordonné les différents
matériaux ; et nous y avons ajouté, en appendice, quelques documents
liturgiques, sur la dévotion à Notre-Dame du Bon-Conseil.
Puisse la lecture pieuse de cette brochure servir à
augmenter encore dans les cœurs l’amour déjà si grand de nos bonnes populations
canadiennes envers l’auguste Reine du Ciel « La Mère du Bon Conseil. »
L’APPARITION MIRACULEUSE
C’était en l’année 1647 vers 4 heures de l’après-midi, le 25
avril, en même temps jour de foire pour les habitants de Genazzano, la foule
compacte réunie dans la piazza de Santa Maria fut bien surprise d’entendre,
dans les hauteurs de l’atmosphère si pure de leur pays, des flots d’harmonie
céleste. Jamais auparavant, ces gens n’aient entendu de tels sons. On eût dit
que les portes du paradis s’étaient ouvertes tout d’un coup et que Dieu avait
permis aux choeurs angéliques de donner aux mortels quelque .Révélation des
joies des bienheureux. Les yeux élevés, les poitrines haletantes et ravis d’une
si délicieuse mélodie, tous cherchaient avec anxiété à trouver d’où venaient
ces sons. Bientôt, au-dessus des plus hautes maisons, au-dessus des clochers
des églises, et des tours des manoirs les plus élevés, ils virent un beau nuage
blanc envoyant dans toutes les directions de vifs rayons de lumière, au milieu
de la musique céleste et d’une splendeur qui obscurcissait le soleil. Il
descendit graduellement, et, à leur grand étonnement, se posa enfin sur la
partie la plus reculée du mur inachevé de la chapelle de Saint-Biagio (1).
Tout-à-coup les cloches du haut campanile qui était sous
leurs commencèrent à s’ébranler, quoiqu’ils puissent voir et savoir qu’aucune
main humaine» ne les touchât ensuite, toutes les cloches des églises de la ville
commencèrent à l’unisson à répondre et à sonner à grande volée. La foule était
sous le charme, ravie et pourtant remplie de sentiments pieux. Elle remplit,
avec la plus grande rapidité, l’enceinte clôturée et se groupa autour de
l’endroit où le nuage restait posé. Peu à peu, les rayons de lumière cessèrent
de briller, le nuage commença à s’éclaircir .doucement, et un objet de toute
beauté se découvrit à leurs regards émerveillés. C’était une Image de
Notre-Dame, tenant le divin Enfant-Jésus dans ses bras : elle
(1) Voir pour l’histoire de cette Chapelle et sa
restauration commencée par la B. Petruccia, Tertiaire de l’Ordre des Ermites de
Saint-Augustin, le même ouvrage de Mgr Dillon. C. IV. ET V.
semblait leur sourire et leur dire : « Ne craignez pas, je
suis votre Mère, et vous serez mes enfants bien-aimés.» Il est plus facile de
s’imaginer que de décrire la commotion produite par cet événement, sur un tel
peuple, ainsi placé et dans un tel moment. Les affaires de la foire furent
abandonnées ; on ne pensa plus aux amusements. D’une seule voix, tous les
spectateurs s’écrièrent comme leurs descendants s’écrient aujourd’hui, lorsque
revient l’anniversaire de l’apparition « Evviva Maria / Evviva Maria ! »
Cependant par un instinct de parfaite confiance provenant du
prodigieux événement, les malades, les aveugles, les boiteux et les affligés de
toute condition, se réunirent de toutes les parties de la ville et de localités
bien au-delà de ses limites, pour obtenir de Notre-Dame, des grâces de salut,
grâces qui étaient accordées avec une abondance qui n’a jamais cessé jusqu’à
nos jours.
L’IMAGE VENAIT-ELLE DU PARADIS
D’abord, nous pouvons constater que d’après le témoignage de
l’Eglise, elle occupe un rang unique et suprême parmi toutes les Images
existantes de Notre-Dame, et qu’elle a été honorée par cette même Eglise, avec
un soin merveilleux qui n’est pas inférieur à celui qu’on a de la sainte Maison
de Nazareth. Dans l’Office propre de la fête — celui de Notre-Dame du
Bon-Conseil — nous lisons la notice suivante sur l’Image et sa prodigieuse
apparition : « Et comme rien qui ne fût sublime ne devait se rapporter à la
très sainte Vierge, que l’ange avait saluée pleine de grâces, ce n’est pas sans
un conseil divin que même ses Images ont été tenues en très grand honneur et
ont été rendues plus resplendissantes par les prodiges et les miracles. Parmi
celles-ci, celle qui, il y a trois siècles, sous le pontificat de Paul II,
apparut miraculeusement sur les murs de l’église des Pères de l’Ordre des
Ermites de Saint-Augustin, dans la ville de Genazzano, au diocèse de
Palestrina, a été toujoururs vénérée avec un honneur spécial, cornue il ressort
des diplômes pontificaux et des monuments contemporains. Mû par ces choses, le
• Pape Pie VI concéda aux cénobites de la dite ville, un Office propre à être
récité le 7 des calendes de mai, c’est-à-dire au jour même de l’apparition ; et
ensuite, ayant assigné pour sa récitation perpétuelle, le jour qui suit immédiatement,
il a étendu cette fête sous le rite double majeur à tout l’Ordre précité.
Contemplons donc maintenant la prodigieuse Image. Comme elle
apparaît dans le Sanctuaire, elle n’a pas plus de dix-huit pouces carrés. De
plus, ceux qui l’approchent de plus près, peuvent voir que c’est une fresque
peinte — si jamais main humaine l’a peinte — il y a de longs siècles : quand et
dans quel pays ? les meilleurs juges ne peuvent le dire. Le seul support d’un
tel trésor, est une mince croûte de plâtre commun, pas beaucoup plus épais
qu’un fort papier. Cependant, elle est restée dans ce lieu où on la voit encore
aujourd’hui, quatre cent et dix-sept ans (1), et combien de siècles d’existence
comptait-elle avant cela? Personne ne pourrait le dire. Cependant les couleurs
et les lignes sont aussi fraîches que jamais. Depuis qu’elle demeure là, si
fragile et cependant si bien assurée, les grands murs de l’église qui
l’entourent ont dû être renouvelés trois fois. Les couleurs jetées sur le
canevas par les grands maîtres ont pâli, quoique gardées avec jalousie dans des
lieux bien abrités ou peintes sur des murs aussi forts que
(1) Ceci était écrit en 1884.
l’art pouvait les faire. La seule existence de cette fragile
Image semble un miracle ; la conservation des couleurs en paraît un autre. Mais
il y en a un troisième le plus grand de tous. Elle reste comme elle était,
lorsqu’elle arriva d’abord, non contre le mur, ou rattachée à celui-ci, mais-à
une certaine distance, sans avoir par derrière, aucun support matériel, quel
qu’il soit. Quant à l’Image même, il est bien certain qu’aucune main humaine
n’a jamais été capable de la copier. De belles images ayant quelque degré de
ressemblance ont été produites par les artistes de douze générations.
Quelques-unes de ces copies se sont montrées miraculeuses, mais aucune n’a été
une reproduction parfaite de l’origine.
La fresque consiste en une représentation de la jeune
Vierge-Mère, tenant dans ses bras l’Enfant-Jésus qui l’embrasse avec une sorte
d’amour anxieux. Un de ses petits bras entoure le cou de sa Mère ; et ses
doigts enfantins apparaissent de l’autre côté. L’autre petite main est placée
sur le bord brodé de la modeste robe de traditionnelle couleur verte. L’enfant
est habillé en rouge et l’une et l’autre sont couverts d’un manteau bleu.
Le divin Enfant paraît précisément tel que nous nous le
représentons et tel qu’on se l’imagine, avoir été petit enfant, lorsqu’on voit
son portrait à l’église de Saint-Sylvestre, à Rome. N’ayant ici-bas qu’une
Mère, il apparaît dans chacun de ses traits le vrai Fils de Marie, tout en lui
respire une douceur humaine pleine d’amabilité et d’attraits, et avec une
dignité inexprimable. Il se montre réellement Fils de Dieu dans la nature
humaine. Nulle part ailleurs, pas même dans la Ville éternelle, la métropole
des arts, l’adorable Enfant n’est représenté aussi parfaitement non seulement
désireux, mais anxieux d’adoucir le chagrin que sa Mère endura à cause de lui,
et de le lui prouver, en exauçant chacune des prières qu’elle peut lui offrir.
Ailleurs Marie nous est .montrée plaidant notre cause auprès de Jésus de mille
manières admirables. Ici, Jésus se montre comme cherchant quelque occasion de
faire miséricorde aux pauvres enfants d’Eve, pour lesquels il sait que sa Mère
intercède continuellement afin qu’il n’ait souffert en vain pour aucun d’eux.
Et qui pourrait décrire l’immaculée Vierge-Mère telle qu’elle est révélée ici ?
Les traits sont précisément ceux que nous prêterions à Marie et, chose
singulière, ils se rapprochent tout à fait de ce que nous en disent les
meilleures autorités qui ont écrit sur son extérieur. La couleur de la
chevelure, les sourcils bien arqués, le front majestueux, plein d’intelligence,
la couleur et les proportions des yeux, les joues, la coupe exquise, les lèvres
vermeilles, la robe et ses contours, tout s’y retrouve. Quant à l’expression
nul n’en peut donner une idée ; car, cette expression change, et ces
changements que beaucoup voient et que tous ceux qui ont écrit sur le
Sanctuaire ont soin de noter, sont de perpétuels miracles qui se rattachent à
cette Image vraiment prodigieuse.
Néanmoins, il y a une expression générale qui ne disparaît
jamais, qui ravit celui qui la considère et le tient dans une espèce de
contemplation. Cette expression est si ineffablement douce, si triste, si
suave, si remplie de céleste beauté, si puissante à attirer tous les cœurs par
l’alliance indéfinissable de tout ce que l’esprit peut concevoir de plus
parfait dans un amour, jeune, virginal, innocent et pur, et cependant maternel,
avec tout ce qu’il y a de plus élevé et de plus pur dans la perfection
spirituelle — perfection que l'humanité seule de son Fils à pu surpasser — que
c’est pour le chrétien le véritable idéal qu’il se fait de Marie après la
Présentation de Jésus au Temple. En ce moment, si tristement intéressant, après
avoir présenté son Fils au Grand Prêtre et avoir entendu les terribles paroles
de Siméon, nous la voyons revenir seule et silencieuse à sa demeure ; elle
conserve ses paroles, les méditant avec douleur, et cependant, créature la plus
parfaite, entièrement résignée dans son cœur. De longues années plus tard, elle
révéla à sainte Gertrude que dans ces moments, lorsqu’elle tenait son innocent
Enfant contre son sein immaculé, entrevoyant le terrible avenir et considérant
la fin — les fouets, les épines, la croix, la mort — un torrent de larmes
s’échappait de ses yeux et tombait sur la divine face de Jésus, tandis que lui
qui connaissait la triste cause de tant de pleurs, voulait essayer de la
consoler. Il semble que ce soit l’instant saisi par l’artiste, naturel ou surnaturel,
qui a peint la fresque de la Vierge de Bon-Conseil, pour la représenter avec
son Enfant.
Et qui peut concevoir un moment plus propice pour porter
Jésus à lui accorder tout ce qu’elle peut demander, en un moment qui puisse
faire un appel plus tendre au cœur de celui qui se prosterne à ses pieds ? Sur
cette peinture, la tête de la Vierge-Mère s'incline amoureusement, mais
tristement vers le visage de son Enfant ; et les yeux qui sont surtout
rapprochés de Jésus et tournés vers lui sont pleins de ces larmes qui montent
involontairement de son cœur, oppressé par le chagrin. C’est là certainement un
moment où ni le pécheur ni le Dieu des miséricordes ne peuvent résister à la
douce influence de Marie.
Peut-être est-ce là une des raisons du merveilleux pouvoir
de cette Image !
Les Pères de l’Eglise, les Docteurs, les Saints ont dit des
choses merveilleuses, en parlant de la beauté incomparable de la Vierge-Mère :
mais jamais, ni la plume de l’écrivain, ni le crayon du peintre ne pourront la
représenter telle qu’elle est. Depuis son assomption dans le Ciel, il a été
donné à quelques-uns de ses serviteurs privilégiés de la voir, probablement,
telle qu’elle était sur la terre. Mais, sauf en ces circonstances, où elle-même
était vue réellement, nous croyons que rien ne peut donner à ses dévots une
connaissance aussi intime de ce qu’elle était et de ce qu’elle est réellement
que l’Image qu’elle-même voulut donner si miraculeusement à Genazzano. Là, elle
ne semble pas être représentée extérieurement, mais même vivre et se mouvoir et
répondre avec une intelligence céleste à chaque prière,
à chaque désir de ceux qui viennent à elle pleins d’amour et
de foi pour l’honorer et chercher à ses pieds le Conseil et d’autres faveurs.
C’est beaucoup dire, mais ce n'est pas trop. Tous ceux qui depuis quatre cents
ans ont visité dévotement le Sanctuaire où repose la miraculeuse Image sont
témoins du fait, et c’est une des raisons pour lesquelles on l’appelle « La
Madone du Paradis. » Les pèlerins au Sanctuaire en sont tellement impressionnés
qu’un grand nombre d’entre eux s’adressent à Marie comme s’ils la voyaient
personnellement ; et, après quelques instants, tous ceux qui viennent pour
implorer sérieusement quelques faveurs, se trouvent comme s’ils étaient en la
présence visible de la Reine des Anges ; et ainsi, tandis que leur ferveur augmente,
ils sont ravis par l’indescriptible beauté céleste de l’Image dont tous les
traits semblent répondre à la prière et à l’affectueux épanchement du
suppliant. Mais la plus étonnante manifestation de ce pouvoir est le changement
positif, et, par conséquent miraculeux, qui semble s’opérer, quant à la couleur
et à l’aspect, dans les traits de Notre-Dame. Et cependant, dans tout ce qui se
rattache à cette Image la plus miraculeuse de toutes celles de Notre-Dame, il n’y
a pas un fait qu’on expérimente plus souvent que celui-là. Tous ceux qui ont
obtenu quelque secours surnaturel miraculeux en parlent. C’est un fait vraiment
étonnant, mais il est parfaitement établi.
HISTOIRE DE LA MIRACULEUSE TRANSLATION DE L’IMAGE
L’histoire de la miraculeuse translation de l'Image à
Genazzano fut connue par l’apparition de deux étrangers qui n’appartenaient pas
à la race italienne, parmi cette multitude accourant en nombre toujours
croissant pour être témoin du prodige, et demander des faveurs aux pieds de
Marie. Dès que ces étrangers virent l’Image, ils furent remplis d’une joie
indescriptible et ravis comme en extase pouvant à peine se décider à quitter sa
sainte présence. Ils déclarèrent qu’ils ne l’abandonneraient jamais ; qu’ils
voulaient travailler, vivre et mourir sous ses yeux. Et, comme nous le verrons,
ils tinrent fidèlement leur promesse.
Ils étaient tous deux de la ville de Scutari, en Albanie, à
l’autre côté de la mer Adriatique, en face de la côte d’Italie et à la même
latitude, à peu près que Rome. L’un, un véritable Albanais, était un jeune
homme nommé Georgio, et l’autre, plus avancé en âge, quoique né probablement à
Scuta, était de la race des Slavons ou Esclavons et s’appelait De Sclavis. Ils
donnèrent l’histoire de la prodigieuse arrivée de la sainte Image d’une manière
bien différente de ce que l’on supposait et de ce que le peuple de Genazzano
eût voulu croire. Mais toutes les circonstances qui arrivèrent ensuite,
tendirent d’autant plus à confirmer leur histoire que voici :
Environ trois mois auparavant, en janvier 1467, dirent-ils,
le dernier grand monarque d’Albanie mourut, et les Turcs que sa valeur arrêtait
depuis plus de vingt ans, avançaient avec une puissance irrésistible sur leur
infortunée patrie. L’ennemi en avait déjà occupé toutes les forteresses ; et si
Scutari, la ville des étrangers, ne partageait pas encore le sort des autres
villes du pays, c’est qu’elle était gardée par une garnison vénitienne que
Scanderberg y avait appelée. On pouvait cependant prévoir le moment où, elle
aussi, tomberait entre les mains des Turcs, comme cela arriva, en effet, peu de
temps après. Dans ces conjonctures, tous ceux qui désiraient conserver leur foi et leur
liberté tâchèrent d’émigrer dans les pays chrétiens voisins du lepr : et parmi
le grand nombre de ceux qui délibéraient sur cette tentative, figuraient
Georgio et De Sclavis.
Ils avaient de plus, paraît-il, la garde d’une belle petite
église située au pied de la montagne sur laquelle s’élevait la forteresse de
Scutari, et près de la jonction des deux rivières, la Bojana et la Drina sur
lesquelles la ville est bâtie, ou, du moins, ils avaient une grande dévotion à
cette petite église qui était dédiée à la Mère de Dieu, sous le titre de son
Annonciation. C’était le principal Sanctuaire de Marie dans les domaines de
leur ancien monarque et, non seulement le peuple de Scutari y affluait pour
satisfaire sa dévotion et obtenir des grâces et des faveurs, mais on y venait
de Croja, la capitale de l’Epire et de toute l’Albanie et la Slavonie. La raison
de cette grande dévotion, disaient-ils, c’était que, environ deux siècles
auparavant, et exactement à l’époque où la Dalmatie et l’Italie retentissaient
de la miraculeuse Translation de la Sainte-Maison de Nazareth à Lorette, une
Image de Notre-Dame fut apportée miraculeusement à la petite église de
l’Annonciation et était supposée venir de l’Orient. Elle remplit l’Albanie de
dévotion à la Mère de Dieu ; et, en vérité, c’est bien celle qui se trouvait
là, exposée aux regards de tout le peuple de Genazzano.
La petite église des faubourgs de Scutari était donc chère à
tout le pays et à toutes les populations des provinces chrétiennes situées
entre les eaux de l’Adriatique et celles de la mer Noire. Mais hélas ! on
devait admettre que la dévotion se refroidissait. Le schisme faisait son triste
chemin en Albanie. Les mœurs du peuple s’abaissaient avec la pureté de sa
religion. La dévotion envers Notre-Dame languissait même à Scutari. L’invasion
turque, punition visible du ciel, ne put appeler au repentir la masse de la
population. Comme un écrivain, se plaignant à ce sujet, dit avec émotion « les
jeunes gens et les jeunes filles ne se plaisaient plus à orner l’autel de Marie
à Scutari ; et, à cause de cela, le châtiment ne pouvait pas être éloigné. »
Néanmoins plusieurs étaient restés fidèles ; et parmi eux, le héros que les
Albanais aiment encore à appeler à présent « le fulminant lion de la guerre »
le grand roi Georgio Castriota ou Scanderbeg. Il aimait le Sanctuaire de Marie
d’un amour dévoué et enthousiaste ; et Marie, en retour, ne fit pas seulement
de lui un modèle de perfection chrétienne, mais lui donna aussi un pouvoir
invincible, qui sauva non seulement l’Albanie, mais aussi la chrétienté durant
son règne. Lorsqu’il mourut, Notre Dame parut n’avoir plus, rien à aimer dans
ce pays et ainsi, quoiqu’elle fût venue à lui pour le bénir, elle résolut de
l’abandonner à son destin, et c’est ce qu’elle fit dans les circonstances
suivantes :
Tandis que Georgio et de Sclavis considérant les infortunes
de leur patrie, projetaient de la quitter pour toujours, ils eurent d’abord
recours au cher Sanctuaire pour demander à Marie lumière et direction. Là
prosternés devant la sainte Image, ils implorèrent son assistance. Ils
souffraient cruellement à la pensée d’abandonner leurs amis et leur pays et ils
ne savaient vers quelle contrée porter leurs pas. Mais ce qui leur était plus
sensible que tout cela, c’était la perspective d’abandonner pour toujours leur
bien-aimée Madone, la sainte Image qu’ils avaient vénérée si tendrement depuis
leur enfance. Ceci les fit même hésiter sur le parti à prendre : ils ne
savaient s’ils devaient partir ou rester. En versant d’abondantes larmes, ils
allèrent donc conjurer Notre-Dame de leur venir en aide ; et ce secours ils l’obtinrent
d’une manière bien inattendue, mais avec la plus vive reconnaissance. Ils
devaient partir, mais ils ne perdraient pas leur précieux trésor.
Il est une chose très digne de remarque, c’est que ceux qui
visitent la Madone de Genazzano lorsqu’ils sont dans l’affliction et le doute
et qui dans leur détresse, font ce que firent ces dévots serviteurs de Marie,
aux pieds de sa sainte Image, à Scutari, constatent qu’ils sentent, par quelque
admirable inspiration surnaturelle ce qu’ils ont à faire. La direction est
souvent aussi claire que si elle était exprimée verbalement. C’est sans doute
une inspiration de ce genre que reçurent Gorgio et De Sclavis. Tous deux
éprouvèrent quelque chose, comme si Marie leur eut parlé. Outre cela, ils
eurent un songe de la même importance. Marie leur dit de préparer toutes les
choses nécessaires pour leur voyage et de fuir pour jamais ce malheureux pays,
et elle ajouta qu’elle allait elle-même, dans la sainte Image qu’ils aimaient
tant, s’err aller de Scutari, échapper à la profanation des Turcs qui allaient
bientôt s’en emparer, et se rendre dans une autre contrée pour répandre là ses
grâces et ses bénédictions dont l’Albanie s’était rendue indigne.
Enfin, elle leur ordonna de la suivre dans son Image,
partout où elle irait.
Ceux qui sont conduits par la main de la Mère de Dieu ne
sont jamais dans le doute ni dans des troubles d’esprit sous sa direction. Ils
croient, et en réalité, ils connaissent le pouvoir de Marie sur son Fils ; ils
connaissent sa tendresse, sa charité, ses soins pour eux, et les manifestations
de sa miraculée miséricorde ne les surprennent jamais.
Les heureux émigrants retournèrent donc le lendemain matin à
l’église, tout prêts à quitter l’Albanie. Ils entrèrent dans le petit
Sanctuaire, et voilà que, s’agenouillant pour la dernière fois à Scutari devant
l’Image bien-aimée, soudain celle-ci commence à se détacher du mur. De la même
manière qu’elle était venue deux siècles auparavant, elle laissa la niche
qu’elle avait si longtemps occupée ; elle s’arrêta au milieu de l’air et un
nuage blanc l’enveloppa tout-à-coup. A travers ce nuage, cependant, elle
restait visible à leurs veux. Elle se dirigea vers la porte de l’église, la
franchit et alors, s'élevant légèrement, elle voyagea doucement, ne s’avançant
pas plus vite qu’ils ne pouvaient marcher, et alla vers la mer, à une distance
de vingt-quatre milles environ de Scutari.
Là, le nuage blanc ne continua pas sa course à travers les
airs, mais il passa sur les eaux. Les deux pèlerins, conduits par l’esprit de
Dieu, savaient que l’assistance divine ne leur manquerait pas ; et, plus fermes
que les anciens Israélites, se confiant en la protection de Marie, ils ne
marchèrent pas seulement entre les eaux mais sur les flots. Les vagues leur
paraissaient aussi dures que le sol sous leurs pieds, et ils suivirent l’Image
jusqu’à ce qu’elle atteignît les rivages opposés de l’Italie. Les eaux étaient
devenues pour eux comme le diamant. Quand vint la nuit, le nuage blanc qui les
préservait de la chaleur du jour, s’illumina et devint pour eux comme la
colonne de feu des Hébreux dans le désert. Ils franchirent ainsi montagnes et
rivières, mers et vallées, jusqu’à ce qu’enfin, la large plaine de la campagne
du Latium s’ouvrit devant eux et qu’ils virent à une certaine distance, les
tours et les dômes de Rome.
Là, le nuage avança jusqu’à ce qu’il eût atteint les portes
de la ville ; puis, tout-à-coup, à leur inexprimable chagrin, il disparut à
leur vue, absolument comme l’étoile de Bethléem avait disparu pour les Mages.
Ils cherchèrent dans toutes les églises de Rome avec l’espoir de la trouver dans
quelqu’une d’elles. Ils visitèrent toutes les rues de la grande ville. A cette
époque, un grand nombre de leurs compatriotes se trouvaient dans toute
l’Italie, forcés par la même raison qu’eux à quitter la terre de leurs aïeux.
Mais aucun ne put leur donner le moindre renseignement. Peut-être aucun ne
pouvait-il comprendre, ou au moins croire leur étrange histoire. Ainsi
affligés, comme Marie quand elle-même perdit autrefois son Fils et son Dieu à
Jérusalem, ils continuèrent comme des hommes inconsolables, ou peut-être, comme
le pensaient ceux qui qui entendaient raconter leur histoire, comme des
cerveaux dérangés, à chercher ce nuage blanc et la belle Image qu’ils avaient
perdue.
Mais bientôt arriva à Rome la nouvelle de l’étonnante apparition
d’une Image de Marie, absolument telle qu’ils la décrivaient, reposant sur les
murs non achevés d’une église commencée mais abandonnée, à Genazzano. On
parlait aussi d’un nuage blanc répandant des rayons de lumière et qui avait
accompagné sa venue, au milieu des concerts d’une musique angélique, de l’Image
restant suspendue en l’air, des innombrables guérisons miraculeuses obtenues à
ses pieds et des multitudes accourant à son Sanctuaire.
Le peuple de Rome commença à suivre l’exemple de ces
derniers et se rendit en pèlerinage à Genazzano. Ceux qui avaient regardé les deux
Albanais comme fous, commencèrent alors à les considérer comme de vrais
serviteurs de Marie, et à croire que l’Image perdue était celle qu’ils avaient
suivie, comme ils l’attestaient, par terre et par mer. A peine la nouvelle
était-elle arrivée aux pèlerins qu’ils se hâtèrent de partir pour Genazzano.
Là, à leur grande joie, ils virent par-dessus les milliers de têtes de ceux qui
étaient prosternés, au milieu de fleurs et de lumières innombrables, tandis que
des ouvriers construisaient au-dessus d’elle un magnifique dais en marbre,
l’Image bien-aimée qu’ils n’avaient perdue que pour un temps. Les habitants de
Rome qui avaient vu leur détresse après l’avoir perdue, comprenaient alors leur
joie.
Les pèlerins étaient bien déterminés à ne plus quitter leur
Image bien-aimée. Tous deux se fixèrent à Genazzano où ils se marièrent et
laissèrent leur famille après eux. La famille De Sclavis ne s’éteignît en ligne
directe que pendant le siècle dernier. Celle de Georgio existe
jusqu’aujourd’hui ; elle est une des plus nombreuses et des plus respectables
de Genazzano.
APPENDICE
SOMMAIRE DES INDULGENCES ATTACHÉES AU SCAPULAIRE de la Bse Vierge Marie,
Mère du Bon-Conseil (Décret de la S. C. des Rites 19 déc. 1893.)
INDULGENCES PLÉNIÈRES
Tous les fidèles de l’un et de l’autre sexe, moyennant la
confession et la communion, peuvent gagner une Indulgence Plénière, applicable
aux âmes du purgatoire, aux jours suivants :
1. — Le jour où ils reçoivent le scapulaire de la Bse Vierge
Marie, Mère du Bon-Conseil, ou le dimanche, ou un jour de fête qui suit
immédiatement.
2. — Le 26 avril, fête ce N.-D. du Bon-Conseil, ou un jour
dans l’octave.
3. — À l’article de la mort, si confessés et ayant reçu la
sainte Eucharistie, ils invoquent, au moins de cœur, s’ils ne le peuvent de
bouche, le très saint Nom de Jésus.
4. — Aux fêtes de l’immaculée Conception, de la Nativité, de
l’Annonciation, de la Purification et de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge
Marie : de même, à la fête de saint Augustin évêque, confesseur et docteur de
l’Eglise.
INDULGENCES PARTIELLES
1 — Une indulgence de sept ans et de sept quarantaines,
également applicable aux âmes du purgatoire, aux fêtes de la Présentation et de
la Visitation de fa Bienheureuse Vierge Marie, pourvu qu’avec un cœur contrit,
ils visitent une Eglise ou un Oratoire public, et qu’ils y prient quelque
temps, aux intentions du Souverain Pontife.
2. — Cent jours d’indulgence, toutes les fois que de cœur ou
de bouche, ils invoqueront le Conseil de la Vierge, Mère de Dieu.
3. — De même, cent jours d’indulgence, toutes les fois que,
d’un cœur contrit et pour la conversion des pécheurs, ils accompliront quelque
bonne œuvre.
NATURE ET FORME DU SCAPULAIRE
Le scapulaire de N.-D. du Bon-Conseil est en étoffe de laine
blanche, de la grandeur des autres scapulaires ordinaires.
Il porte à la partie antérieure l’image de N.-D. du
Bon-Conseil, copie de l'image miraculeuse de Genazzano.
A l’autre partie, il porte la triple Tiare avec les clefs et
les paroles suivantes : « Filit acquiesce consiliis ejus » tirées, mais
non textuellement de la sainte Ecriture, et placées là par Sa Sainteté Léon
XIII, lui-même.
PRIÈRE A N.-D. DU BON-CONSEIL
O très-glorieuse Vierge, choisie par le Conseil éternel pour
être la Mère du Verbe Incarné, la Trésorière des grâces divines et l’Avocate'
des pécheurs, moi, le plus indigne de vos serviteurs, j’ai recours à Vous, afin
que Vous daigniez être mon guide et mon conseil dans cette vallée de larmes.
Obtenez-moi, par le très précieux sang de votre divin Fils, le pardon de mes
péchés, le salut de mon âme, et les moyens nécessaires pour y parvenir* Obtenez
à la sainte Eglise le triomphe sur ses ennemis et la propagation du règne de
Jésus-Christ par toute la terre.
Ainsi soit-il.
Indulgence : Cent jours, une fois le jour, quand on récite
cette prière d’un cœur contrit et avec dévotion (Léon XIII, 23 nov. 1880.}
DECRET
Traduction du Décret (Decretum Urbis et Orbis) par
lequel N. S. P. le Pape ordonne l’insertion, dans les Litanies de la Sainte
Vierge, de l’invocation : « Mère du Bon-Conseil, P. P. N. » (1).
Depuis que la Bienheureuse Vierge Marie, remplie des grâces
de l’Esprit-Saint et resplendissante de ses lumières, accepta les desseins
éternels de Dieu et le mystère de l’Incarnation du Verbe, avec la soumission et
l’amour de son cœur, et qu’elle devint Mère de Dieu, elle mérita d’être appelée
aussi Mère du Bon-Conseil. Instruite, en outre, des enseignements de la divine
sagesse, elle se plaisait à répandre sur ses proches les paroles de vie qu’elle
avait apprises de son Fils et qu’elle conservait dans son cœur.
Ce ne fut pas seulement aux noces de Cana en Galilée que les
serviteurs obéirent aux conseils de cette nouvelle Rébecca ; il est permis de
(1) La Semaine religieuse de Québec, 13 juin 1903.
croire que les âmes pieuses, les autres disciples du
Seigneur et les saints Apôtres reçurent ses conseils et son aide. Cette
prérogative a été reconnue et confirmée par Jésus-Christ lui-même, lorsque, à
sa mort, près de la croix où se trouvait sa Mère et le disciple bien-aimé, il
dit à sa Mère : « Femme, voilà votre Fils. » Puis s’adressant à saint Jean : «
Voilà votre Mère. » Et dès ce moment, Jean la reconnut comme telle.
La tradition des Pères de l'Eglise déclare que Jean
représentait alors tous les chrétiens. De même, avec l’approbation du
Saint-Siège, dès les temps les plus reculés, la bienheureuse Vierge Marie fut
saluée du titre glorieux de Mère du Bon-Conseil par le clergé et le peuple chrétien
qui imploraient à l’envi son secours. Aussi N. S. P. le Pape Léon XIII, à cause
de la dévotion particulière des fidèles envers la Mère du Bon Conseil et de la
grande vénération dont son image est l’objet au Sanctuaire de Genazzano, après
avoir approuvé, par Décret de la Sacrée Congrégation des Rites (1884) un nouvel
Office, avec messe pour le jour de la fête, et concédé en 1893, son scapulaire
avec indulgence, vient d’élever cette année 1903 son Sanctuaire, embelli déjà à
ses frais devant le nouvel hospice, au titre et à la dignité tous les droits et
privilèges par des lettres apostoliques en forme de Bref …, pour étendre
davantage l’honneur et de le culte de la sainte Vierge sous lettre ci-dessus…, Sa Sainteté par
un Décret de la Sacrée Congrégation des Rites, signé du cardinal préfet,
rapporteur a décidé et décrété qu’aux Litanies de Lorette, après cette
invocation : Mère admirable, soit ajoutée cette autre : Mère du
Bon Conseil priez pour nous ; espérant fermement que, au milieu de
tant de calamités et de ténèbres, cette pieuse Mère, appelée par les saints
Pères, trésorière des grâces célestes, et conseillère universelle, se
montrera à tous la Mère du Bon Conseil si elle est invoquée partout sous ce
titre, et qu’elle nous obtiendra cette grâce du Saint-Esprit qui illumine les
cœurs et les âmes, à savoir le don de Bon Conseil.
S. Card. Cretoni,
préfet
Diomède Panici, secrétaire.
22 avril 1903,
FIN
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