28 janvier 2018 - dimanche, 4ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B
Première lecture « Je ferai se lever un prophète ; je mettrai dans sa bouche mes parole... Dt 18, 15-20
Psaume Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur,
mais écoutez la voix du Seigneur. 94 (95), 1-2, 6-7abc...
Deuxième lecture La femme qui reste vierge a le souci des affaires du Seigneur, afin d’... 1 Co 7, 32-35
Évangile « Il enseignait en homme qui a autorité » Mc 1, 21-28
Frères et Sœurs,
Nous continuons à suivre ce matin Jésus au début de son
ministère. Il a été baptisé par Jean, s’est retiré au désert et après son
emprisonnement commence d’appeler ses premiers disciples. Voilà que, dans l’Evangile
de Marc, il se rend dans la synagogue de Capharnaüm pour sa première
prédication. Elle impressionne par son autorité.
Déjà, nous avons été surpris de la réponse rapide des
premiers apôtres. Ils ont été saisi, sous un charme et par une emprise inédite,
pris par cette parole, plus que s’ils l’étaient par des filets. La dernière épître celle de saint Paul aux
Corinthiens, nous donne l’exemple de réponses totales. Jésus voulait ses
Apôtres totalement à son service. Paul nous explique qu’il est mieux de ne pas
être marié pour se donner ainsi. Il songe à sa propre condition. Ce sera aussi
celle des femmes qui se mettront au service des communautés, vierges
consacrées, veuves.
Après la première prédication de Capharnaüm Jésus va opérer
des guérisons dont celle de la célèbre belle-mère de Pierre qui va s’occuper
aussitôt de Jésus et des Apôtres. Mais nous n’en sommes pas encore là.
Ce qui surprend le plus les auditeurs de Jésus, c’est l’autorité
(eksousian) de sa Parole. Il parle comme un roi, si vous voulez. Pour commenter
l’Écriture, à l’époque où Jésus vivait, les rabbins lisaient un passage de
l’Écriture et pour dire quelque chose, s’appuyaient sur des autorités et leurs
connaissances, Ils essayaient d’en donner le sens et de
faire une application selon les circonstances et les temps de l’année. Aujourd’hui
ils procèdent de manière variée et analogue. Les juifs faisaient mémoire hier
de la libération des camps à la fin de la 2ème guerre. Certains
rabbins étaient à cette époque, l’un d’eux en hurlant quasiment, d’après ce que
j’ai lu, disait : « Nous nous sommes rendus coupables de péchés qui ne
figurent pas dans le livre de prière… Combien de fois nombre d'entre nous,
avons-nous prié en disant : Maître de l'univers, je n'ai plus la force, prenez
mon âme afin que je n'aie plus à réciter la prière d’action de grâce ? » … Nous
devons demander au Tout Puissant de restaurer notre foi et notre confiance en
Lui. ‘Comptez sur lui en tous temps... Devant lui épanchez votre coeur …’ »
En temps ordinaire, il leur arrive ce qui arrive à tous vos
prédicateurs du dimanche. Les juifs alsaciens racontent un bon mot sur une
déception : - « Monsieur le rabbin, après votre dernier sermon
prononcé hier au soir, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit... - Vous a-t-il à
ce point impressionné ? - Ce n'est pas tout à fait cela. Quand je dors dans la
journée, je ne peux plus dormir la nuit !!! » Quant à nous, c’est
plutôt la nuit qui précède que nous ne dormons pas. Après il y a parfois des
regrets sur la manière dont nous avons procédé.
La particularité de Jésus est qu’il n’avait pas besoin de
référence, d’invoquer les docteurs, Hillel ou Gamalaliel, ou la tradition orale
juive. C’est Dieu lui-même en la personne de Jésus qui vient donner son
enseignement. « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en
homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. » Nous nous souvenons
de certaines de ses expressions dans le sermon sur la Montagne : « On
vous dit telle chose… Eh bien Moi, Je vous dis. » La première lecture nous
a expliqué que dans le désert, les Hébreux avaient supplié Dieu de ne pas leur
parler directement parce qu’ils en avaient peur. Moïse leur annonce qu’il leur
donnera un prophète comme lui. « Au milieu de vous, parmi vos frères, le
Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous
l’écouterez. » Moïse lui-même bégayait et avait demandé que son frère
Aaron parle à sa place…
Jésus venant donner la parole, c’est Dieu qui le fait sans
intermédiaire et de manière à ne pas effrayer. « Le Verbe s’est fait
chair. » Ses auditeurs perçoivent la force de cette parole, qui agit non
seulement dans les cœurs, mais sur l’esprit impur qui tourmente l’un d’eux. Il
ne peut s’empêcher de réagir, il a senti le danger : « Je sais qui tu
es : tu es le Saint de Dieu. » La réponse de Jésus ne se fait pas
attendre : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » On a l’impression qu’il
voudrait que la révélation de son identité ne soit que progressive, il ne veut
pas faire peur et fomenter une sorte de révolte violente, mais il vient
enseigner pour transformer les personnes et sauver. Faire tout, tout de suite
et avec puissance ce n’est pas la méthode et le rythme de Dieu pour nous. Saint
Thomas d’Aquin que nous fêtons aujourd’hui mérite pour cette raison, une
mention, même brève. Dans un premier temps il se pose la question de savoir si
c’est une bonne chose qu’ait fait ce démon, puisqu’il a dit la vérité « Tu
es le Saint de Dieu ». Mais tout de suite Thomas rétorque que l’homme
approche progressivement de la vérité par sa raison, ce qui n’est pas le cas de
l’ange dont la volonté adhère immédiatement à son objet d'une façon fixe et
immuable. (Somme Théologique, I Qu.64 a.2). Il voit tout en un éclair et sa
décision est irrévocable. Son intention ne peut être bonne dans l’Evangile. Il
est curieux de voir que les paroles de ce mauvais esprit se retrouveront dans
la bouche de Pierre lorsqu’il fait sa confession de foi dans la même Synagogue,
d’après l’évangile de saint Jean, alors que
tout le monde s’en va (Jn 6, 69). « Nous
avons reconnu que tu es le Saint de Dieu ». C’est la conséquence d’une
adhésion et d’une découverte progressives de l’identité de Jésus. Il ne peut
pas le quitter, il s'est laissé saisir par lui.
Demandons-nous simplement ce matin, si nous considérons la
parole de Jésus comme la parole de Dieu. Quelle attention portons-nous aux
Écritures ? Le pape nous invite à porter les évangiles sur nous. Dieu se
laisse toucher, approcher et trouver, il nous parle simplement et directement. Il
a aussi besoin de nos services pour se rendre proche de ceux qui nous
entourent. Il a besoin de notre temps, comme il a voulu avoir besoin de ses
Apôtres et de ses disciples. Combien lui en donnons-nous ?
Ô Marie de Nazareth, Mère de Dieu, Prie pour nous, sainte
mère de l'Église, afin que nous soyons de fidèles disciples de Jésus, toujours
remplis de joie et d'espérance. Obtiens-nous la faveur de vivre en parfaite
union avec ton Fils et avec nos frères et sœurs. JP II
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