dimanche 14 janvier 2018

Où demeures-tu?


Intro
Frères et Sœurs, merci de venir célébrer ce 2ème dimanche du temps ordinaire avec Notre-Dame du Vorbourg. Vous voyez que le sapin a laissé sa place au palmier.
Nous avons lu ou entendu des propos indélicats attribués à un chef d’état, à propos de personnes d’autres pays ou réfugiées ces jours. Bien que rien ne soit simple, je me suis permis de mettre en évidence une image de la fuite en Égypte, pour nous rappeler que le Seigneur lui-même a du s’expatrier avec sa famille. Il y a une merveilleuse légende qui raconte qu’un palmier en s’inclinant, avait offert ses fruits, son ombre et de l’eau à la Sainte Famille. En remerciements Dieu transplanta une de ses branches au paradis et c’est de cet arbre qu’on distribue les palmes aux martyrs. Rien de tel qu’une belle histoire pour nous enseigner ce qui est beau, bon et vrai.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, le Seigneur commence à rassembler ses premiers disciples. Saint Jean-Baptiste lui envoie les deux premiers.  Si nous recherchons le Seigneur, il nous invite à demeurer chez lui.
C’est à cette invitation que nous répondons ce matin. Nous nous y préparons en reconnaissant que nous avons besoin de sa miséricorde.

14 JANVIER 2018
 2ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B

Lectures de la messe
Première lecture« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute »1 S 3, 3b-10.19
PsaumeMe voici, Seigneur,
je viens faire ta volonté.39 (40), 2abc.4ab, 7...

Deuxième lecture« Vos corps sont les membres du Christ »1 Co 6, 13c-15a. 17-...

Évangile« Ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui »

Frères et Sœurs,
Dimanche dernier nous célébrions le baptême de Jésus. Il appelle ses premiers disciples aujourd’hui. L’évangile de saint Jean est très particulier par rapport aux trois autres évangiles appelés synoptiques, puisque cet appel ne survient pas après la tentation au désert et l’arrestation de Jean.
Saint Jean met en lumière sur trois jours, la mission du baptiste et une partie de celle de Jésus. Le baptiste explique qu’elle est la sienne : il est celui qui prépare les chemins du Seigneur, le premier jour, qui désigne l’Agneau de Dieu et même le Fils de Dieu, au moment du baptême le deuxième jour et le troisième envoie ses propres disciples à sa suite. Nous pouvons remarquer aussi un entrelacement de jours. Après l’appel des premiers disciples survient le mariage de Cana que l’apôtre Jean appelle le troisième jour, le troisième jour de la mission du Christ qui a commencé avec son baptême. Baptême, appel des disciples, Cana, un déroulement en 3 temps. Le symbolisme du mariage est très fort, raison pour laquelle l’Église lui attache une grande importance. Il appelle ses disciples pour les conduire à un mariage. Ne trouvez-vous pas cela étrange ? Ils vont devenir pour ainsi dire les serviteurs du mariage, de l’union de Dieu avec son Peuple, du Xt avec son Église.
Avant d’en arriver là, que remarquons-nous ? Jean a désigné à ses deux disciples Jésus, avec ce titre « Voici l’Agneau de Dieu. », c’est la seconde fois qu’il utilise l’expression. Un prédicateur qui envoie ceux qui le suivent à un autre, serait pour le moins étrange, si Jean-Baptiste n’était prophète. Tous deux l’écoutent et se mettent à suivre Jésus.
Dans un endroit désertique, deux personnes qui en suivent une autre, aurait de quoi inquiéter la première. Ce n’est certainement pas le cas de Jésus, ici. Il leur demande : « Que cherchez-vous ? » La question n’est pas adressée à une certaine périphérie, ce n’est pas un objet qu’ils veulent, pas plus qu’une bourse qu’il n’a pas, mais il y a une attente spirituelle très forte en eux. Ils lui répondent : « Rabbi, Maître, où demeures-tu ? » Ce mot de demeurer, de rester, revient aussi trois fois.
Jean-Baptiste l’a utilisé déjà à deux reprises lors du baptême. Nous sommes en droit de penser que les disciples avec ce mot, veulent parler « d’habiter » au sens physique, mais aussi qu’ils veulent demeurer avec Jésus, parce que l’Esprit-Saint est descendu sur lui et qu’il y demeure. Ils veulent avoir part à ce don de Dieu qui ne leur sera donné qu’après la Pentecôte, alors que Jésus aura été enlevé auprès de son Père pour y demeurer et régner avec lui dans son humanité. Le mot est beaucoup employé chez saint Jean, 67 fois dans l’Évangile et les épîtres. Il l’est 47 fois avec la préposition dans « demeurer dans » «Demeurez dans mon amour»…  «Je demeure dans son amour», dans l’amour de mon Père…  L’Esprit-Saint, amour du Père et du Fils nous fait aimer la volonté du Père et l’accomplir, à la manière de Jésus, devenant ainsi fils et filles dans le Fils. Il vient demeurer en nous.
Les deux premiers disciples se rendent donc là où Jésus demeure, ils vont avec lui. Il s’agissait d’André, le frère de Simon et certainement de Jean lui-même, mais il reste discret là-dessus.
On ne dit rien du lieu où demeurait Jésus, de manière un peu surprenante, mais André appelle assez rapidement Simon-Pierre, son frère. André annonce à Pierre qu’ils ont trouvé le Messie : « Nous avons trouvé le Messie. » et sa réponse est immédiate, il le suit. Nous n’avons pas l’épisode de la pêche miraculeuse chez saint Jean. Que fait Jésus ? Il pose son regard sur Simon et lui donne tout de suite sa mission, comme s’il s’empare pour ainsi dire de la foi qu’il a manifesté dans la parole de son frère. Il en fait un roc et change son nom. Jésus sait qui il est, il le connaît et il l’aime« Tu es Simon, fils de Jean ». Comme Abraham, il reçoit un nouveau nom et un changement définitif s’opère pour lui : « Tu t’appelleras Kèphas – ce qui veut dire : Pierre. ».
Nous savons que Jésus va demeurer chez lui, ce qui n’est pas sans importance. La maison du pêcheur est-elle un prototype du Vatican ? Bien modeste, vous me le concédez. Cette modestie nous concerne au premier chef, elle est notre terrain d’action. Quel est notre appel ? Notre vocation… ? Comment construire l’Église et appeler le plus grand nombre à y demeurer ? Nous avons entendu tout à l’heure dans la première lecture le touchant appel de Samuel et sa réponse. « Parle, ton serviteur écoute. »
Que nous dit personnellement  le Seigneur ? Saint Paul dans la deuxième lecture, l’épître aux Corinthiens, nous invite d’abord et en premier lieu, à la sainteté, à mener une vie qui nous fasse respecter ce temple de Dieu que nous sommes nous-mêmes. « Vous avez été achetés à grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. »
Chacun de nous a reçu aussi au moment de son baptême, un appel qu’il a fallu discerner et des dons à exercer au service des autres. Qui sont-ils ces autres? Nos plus proches, notre famille d’abord et aussi l’Église, est-ce que je fais tout ce qui m’est possible pour aider, à la liturgie, dans la catéchèse, dans les associations d’entraide, dans la société. On ne peut nier la générosité qui est déjà manifestée. Il ne s’agit pas de s’éparpiller, mais de correspondre au mieux à ce à quoi le Seigneur nous a appelés. La dernière question est-ce que je veux demeurer avec le Seigneur comme les Apôtres ? Comment faire ?

Il y a des jours dit  Charles Péguy, où les patrons et les saints ne suffisent pas. Alors il faut prendre son courage à deux mains. Et s'adresser directement à celle qui est au-dessus de                                                                                    + tout. Être hardi. Une fois. S'adresser hardiment à celle qui est infiniment belle. Parce qu'aussi elle est infiniment bonne. Amen. 

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