8 AVRIL 2018 - 2ème Dimanche de Pâques — Année B
Lectures de la messe
Première lecture« Un seul cœur et une seule âme »Ac 4, 32-35
Psaume Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Deuxième lecture« Tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde »1 Jn 5, 1-6
Évangile« Huit jours plus tard, Jésus vient »Jn 20, 19-31
Cher Frères et Sœurs,
L’apôtre Thomas nous est cher à tous, non en raison de son
entêtement critique à ne pas croire en la résurrection, mais à cause de la
miséricorde que le Seigneur a témoignée envers lui malgré son manque de foi. Il
mériterait d’être le saint patron des scientifiques, mais c’est Albert le Grand
qui est en place. Il est vrai que Thomas d’Aquin lui a fait honneur, soumettant
ses réflexions à une constante critique, selon sa méthode bien connue : Il
pose une question, énonce une série d’objections, présente une réponse en sens
contraire avec une autorité telle que l’Ecriture, apporte une réponse et donne
des solutions. C’est un art pour trapéziste des universités certes, mais où
l’on a toujours quelque chose à recueillir.
Thomas était intervenu à deux reprises dans saint
Jean : "Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui!" (Jn 11, 16).
Sa détermination à suivre le Maître est exemplaire, mais il n’avait apparemment
pas intégré la résurrection et la foi en la divinité de Jésus, c’est une
évidence. Preuve en est sa deuxième intervention. Il va encore dire à Jésus "Seigneur,
nous ne savons même pas où tu vas; comment pourrions-nous savoir le
chemin?" (Jn 14, 5).
Il va donner la plus splendide profession de foi du Nouveau
Testament disait le pape Benoît : « Mon Seigneur et mon
Dieu ! ». Mais saint Thomas d'Aquin commente: "Celui qui croit
sans voir mérite bien davantage que ceux qui croient en voyant" (In
Johann. XX lectio VI 2566).
Quelles sont nos difficultés de croire à 2000 ans de
distance ? Par beau temps, quand tout va bien, si nous sommes en quelque
sorte sur notre petit nuage, peut-être y parvenons-nous. Ou alors ce beau temps
nous empêche-t-il de nous rappeler à quoi sert la foi ? Si vous avez le
courage de vous pencher sur votre catéchisme nous aurons le bonheur de trouver
dans la table analytique, de quoi nous occuper sur notre petit nuage. La foi nous
permet en quelque sorte de toucher Dieu. Thomas met ses doigts dans les plaies
du Christ. Il le touche en tant que Dieu par sa foi. Elle permet d’adhérer aux
voies mystérieuses de la Toute-Puissance de Dieu (CEC 274). Cette
Toute-Puissance prend des chemins de faiblesse et d’une apparente impuissance.
La mort de Jésus en témoigne. Comment en est-on arrivé à mettre Dieu à mort ?
Comment a-t-il accepté de prendre ce chemin ? Comment n’avoir pas de la
compréhension envers Thomas, en voyant les difficultés que nous avons de croire
en la résurrection lorsque nous sommes touchés par le décès de nos
proches? Ce sont des événements bien réels !
N’est-ce pas les chemins de l’impuissance de Dieu qui nous
effrayent le plus, parce que nous ressentons devant eux un sentiment d’amère de
déception. Nos désirs d’éternités, de bonheur et de sécurité s’évanouissent…
Notre petit nuage dans l’azur s’évapore et nous voilà livrés à nous-mêmes et au
parachute de toutes les incertitudes alors que le sol de nos finitudes se
rapproche de manière inquiétante… belle formule.
Comment alors s’étonner que nous ayons besoin de
miséricorde ? Nous n’avons qu’une vue partielle. Notre décision n’est pas
celle des anges qui voient tout en un moment et choisissent Dieu ou le refusent
radicalement, en un éclair. Nous avons besoin de miséricorde, et Dieu le sait.
Les derniers papes ont insisté avec force sur la miséricorde
de Dieu. Qui de nous a déjà oublié l’année de la Miséricorde ? Et Sainte
Faustine ?
Dieu est riche en miséricorde. Si l’Apôtre Thomas a voulu
toucher les plaies de Jésus mettre ses doigts à la place des clous et la main
dans son côté, Dieu a voulu faire de même pour nous. Il a voulu nous toucher.
Et comment ? « La croix, disait saint Jean-Paul II, est comme un
toucher de l'amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l'existence
terrestre de l'homme, et l'accomplissement jusqu'au bout du programme
messianique que le Christ avait formulé dans la synagogue de Nazareth puis répété devant les messagers de
Jean-Baptiste. » (Dives in misericordia).
A la fin des temps, « la miséricorde se révélera comme
amour, tandis que dans le temps, dans l'histoire humaine qui est aussi une
histoire de péché et de mort, l'amour doit se révéler surtout comme
miséricorde, et se réaliser sous cette forme. » Nous devons être
miséricordieux comme le Père en son Fils qui nous a touché avec lui et l’a
ressuscité. Oui, « Voici que le Fils de Dieu, dans sa résurrection, a fait
l'expérience radicale de la miséricorde, c'est-à-dire de l'amour du Père plus
fort que la mort. » C’est amour de résurrection concerne chacun de nous.
Dieu pardonne, guérit, sauve et ressuscite.
Le nom de Thomas signifie Jumeau nous a dit l’Évangile. Nous
sommes les jumeaux de Thomas, capables aussi avec lui de reconnaître en
Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Et que doit faire
l’Église ? « L'Eglise proclame la vérité de la miséricorde de Dieu,
révélée dans le Christ crucifié et ressuscité, et elle doit l’annoncer… Elle
cherche à exercer la miséricorde envers les hommes
grâce aux hommes », de manière humaine, c’est-à-dire réelle et pas
seulement en paroles.
Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de
Dieu fait homme. Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde
faite chair. La Mère du Crucifié Ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la
miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour.
Marie atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de
limite et rejoint tout un chacun sans exclure personne. (Bulle Misericordiae
Vultus). Reine du ciel, Réjouis-toi ! Alléluia !
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