Le Tintoret
Homélie de Pâques - Messe du Jour
Frères et Sœurs,
Non ce n’était pas une mauvaise farce, Jésus-Christ, Fils de
Dieu, Sauveur est bien ressuscité. Saint Augustin nous rapporte que le poisson
symbolise justement ce nom en grec, mentionnant par la même occasion que la sibylle d’Erythra aurait fait une
prédiction sur le Christ (Cité de Dieu 17,23). « Il mourra et s’endormira
durant trois jours. Et puis retournant à la lumière, il montrera aux élus les
prémices de la résurrection ». Nous sourions en pensant à la sibylle des
anciens, mais faisons-nous mieux avec nos auteurs de science-fiction qui font
les prophètes ?
Par les eaux du baptême, Jésus revient nous sauver. Le même
Augustin va identifier la première résurrection et le règne des mille ans
mentionnés dans l’apocalypse, au régime de la vie nouvelle offert à tous ceux
qui auront reçu le baptême. Déjà maintenant nous régnons avec le Christ et la
vie éternelle a déjà commencé. Je ne sais que trop bien que nous sommes encore
dans un état de semi-obscurité et que vivre en ressuscité avec le Christ relève
du miracle tant cela est parfois difficile.
Mais j’aime aussi beaucoup me rappeler alors ces paroles de
saint Paul : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est
vaine… Si nous avons mis notre espoir
dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de
tous les hommes. » Or, le Christ ressuscité, oui il est vraiment
ressuscité ! C’est le ressuscité qui nous sauve !
Au matin de Pâques, Marie-Madeleine, court prévenir les
Apôtres, non pas que le Christ est ressuscité mais qu’ « On a enlevé le
Seigneur de son tombeau, et (que) nous ne savons pas où on l’a déposé. » La
pauvre n’a même plus un corps sur lequel pleurer. On lui a pris « son »
Jésus. Les Apôtres ne courent pas non plus pour voir le ressuscité, mais pour vérifier
les paroles de Marie-Madeleine et contempler un tombeau vide. Loin d’eux l’idée
d’aller annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Ils vont constater une
disparition, Jésus est aussi leur Maître, leur Ami, leur Jésus !
Alors se produit, d’après saint Jean quelque chose
d’extraordinaire et un complet retournement pour lui : Jean court plus
vite que Pierre, le laisse entrer et « Il
vit et il crut ! » Il ne croit que le corps de Jésus a été volé, mais
il croit en la résurrection. Il comprit
« que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les
morts. »
Et Pierre ? rien ne dit qu’il n’ait pas cru. Ont-ils
cru simplement sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, devant le tombeau vide ?
La disposition des linges ayant enveloppé Jésus les a-t-elle aidés ? L’Évangile
ne le précise pas ici. Que firent-ils ? « Ensuite, les disciples
retournèrent chez eux. » Alors seulement, deux anges et le Seigneur vont
apparaître à Marie-Madeleine… Il vient la consoler d’abord. Jean s’était trouvé
seul au pied de la croix avec elle, Marie et d’autres femmes. Il a été
consolé par la foi. Le message ne doit pas nous être indifférent. Croire en
Jésus, c’est déjà le rencontrer et trouver en lui, avec lui, notre consolation,
car il est vraiment ressuscité.
La technologie cherche tant de moyens de nous prolonger la
vie que nous en oublions ce moyen extraordinaire que nous procure Jésus
aujourd’hui, pour un avenir tout différent.
Pour son
message pascal de l’an 2000 saint Jean-Paul II avait commenté la fameuse
séquence pascale Victimae Paschali Laudes. Il avait commencé par la troisième
strophe : la mort et la vie se sont affrontés dans un duel prodigieux. Le
maître de la vie mourut, vivant, il règne. Aujourd'hui, disait-il, l'Église
s'arrête près du tombeau vide, encore une fois stupéfaite. Comme Marie
Madeleine et les autres femmes, venues embaumer le corps du Crucifié, comme les
Apôtres Pierre et Jean, accourus sur la parole des femmes, l'Église s'incline
sur le tombeau dans lequel le Seigneur a été déposé après la crucifixion.
Le jour de
Pâques, ce ne sont pas les moyens d’une science humaine qui ont remporté la
victoire. Je me souviens de vieux feuilletons de fiction, où on réparait des
morts en les faisant passer dans une machine, ou bien ils revenaient je ne sais
combien de fois à la vie pour remplir
leur mission. Avec Jésus, c’est autre chose. Avec les armes de l'amour, Dieu a
vaincu le péché et la mort. En se dépouillant lui-même pour prendre la condition du
serviteur obéissant jusqu'à la mort sur la croix (cf. Ph 2, 7-8), il a vaincu
le mal à la racine, il a ouvert aux cœurs repentants le chemin du retour au
Père. Il est la Porte de la Vie qui triomphe sur les portes de l'enfer. Il est
la Porte du salut, grande ouverte pour tous, et la porte de la divine
miséricorde. La mission, ce n’est pas un éternel retour à la vie qui permet de
la remplir, c’est le Christ présent dans son Eglise et vivant en chacun de
nous.
S’il n’y avait
eu en action une force qui les dépassait infiniment, comment les Apôtres
auraient-ils pu annoncer un message si surprenant qu’il ait traversé les
siècles ? Ils avaient été humainement et spirituellement, complètement
détruits, anéantis par la passion. Chacun voulait rentrer chez soi, retrouver
son métier, sa famille ses habitudes. Mais une force s’est emparée, cette force
c’est Jésus ressuscité. Il les a guéris , relevés et envoyer annoncer l’Evangile
Ayant reçus le Baptême, Saint Paul nous invite avec cette même force à devenir des témoins du ressuscité. Et à vivre dans une toute autre perspective. Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut
Reine du ciel réjouis-toi ! Alléluia ! Le Christ est vraiment ressuscité, Alléluia !
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