9e Dimanche du Temps Ordinaire B
Evangile selon saint Marc (2, 23 - 3, 6)
Le Fils de l’homme est maître du sabbat ! Frères et
sœurs, quelle affirmation que celle de Jésus. Dire que le Fils de l’homme est
Maître du sabbat c’est affirmer qu’il est Dieu. La liberté de Jésus face au
sabbat, ne peut laisser indifférent. Il montre qu’il est libre par des
guérisons ce jour-là, en dépassant les distances qu’il était permis de
parcourir, en laissant les apôtres prendre quelques épis pour tromper leur
faim. Ce geste devait être apparemment assimilé à la moisson et au travail… Alors,
il se fâche et profite de l’occasion pour montrer son autorité divine. Le repos
du septième jour, servait à attester de la création du monde par Dieu et aidait
à synchroniser les vies humaines avec le cycle divin de création et de repos. C’est
un témoignage de foi.
Les juifs pratiquants consacrent toujours ce jour à la
famille, à l’étude de l’Écriture et à son écoute à la synagogue. Tout cela est
très bon. Certes, certains préceptes apparaissent très tatillons si vous
creusez le sujet, surtout lorsqu’on fait faire par d’autres des actions
prohibées. Le respect de ce jour ne peut être que loué, dans son esprit d’abord.
Jésus le relève avec force : le sabbat est fait pour l’homme et non
l’homme pour le sabbat. Jésus est venu remettre l’homme au centre du
commandement et de cette manière de sanctifier le temps. Dieu étant Dieu et au-delà
du temps, il n’a en fait nul besoin de sabbat pour lui. Soigner sa relation
avec Dieu, le connaître, n’est en soi profitable qu’à nous. Elle nous permet de
l’adorer, de le mieux connaître et aimer. Des personnes mariées auraient de la
peine à grandir dans leur amour et le faire grandir, si elles passaient peu de
temps ensemble. Un bonjour par messages, whatsap ou autre tous les 15 jours, ça
ne suffit pas… Si on se laisse aspirer par ses affaires, son business, sa
profession, sa vie associative et qu’on en oublie son conjoint et sa famille, et
Dieu lui-même, ce n’est pas la meilleure option. Il y a diverses manières de
vivre à 150km l’un de l’autre ou de monter des barrières ou des murs de
sécurité… Avec Dieu, il en va ainsi. Parfois comme il nous aime trop, il fait
une brèche dans notre beau système de fortifications pour rentrer.
Construire des murs entre lui et nous, il y a diverses
manières de le faire, un juridisme excessif en est un. Il vient enfermer les
personnes dans une sorte d’armure insupportable, où on meurt de chaud, ou bien
de froid et avec laquelle il n’est même plus possible de saluer son voisin…
Supprimer le jour du Seigneur, c’est une manière de dire
Dieu n’existe pas, et en vérité, il s’agit certainement d’une caractéristique
de notre temps. N’éludons pas le syndrome du tiroir-caisse ou des capacités
bancaires et cartes de dépenses
expresses. L’athéisme financier qui ne jauge les personnes qu’au contenu de
leur bourse, et au bénéfice à retirer d’activités commerciales permanentes est
tout aussi nocif que le péché des pharisiens que blâme Jésus.
L’intention de Jésus est de nous libérer d’un carcan pour
nous permettre une véritable rencontre avec son Père qui veut faire de nous ses
fils. Cette relation nous introduit dans la vie éternelle, ce qui n’est pas peu
de chose.
Le Deutéronome énonce le commandement de Dieu qui demande de
sanctifier le septième jour de la semaine. Il demande de se reposer après avoir
travaillé, ce qui veut dire, après avoir collaboré à l’œuvre de la création qui
nous a été confiée. Il est demandé de faire comme Dieu et de se rappeler les
merveilles de miséricordes dont le Peuple a bénéficié, dont nous avons
bénéficiés. Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de participer à une
veillée pascale complète avec toutes les lectures. Vous y entendez le récit de
la création dans la Genèse, et les lectures illustrant l’histoire du salut. Tout
commence avec la création du ciel et de la terre, alors que règne un tohu bohu…
tout est informe, et vide, une sorte de mélange boueux sur lequel plane le
souffle, l’esprit et Dieu qui vient mettre de l’ordre et créer… Dieu dit, parle,
et par sa parole construit son œuvre, crée. Il le fait dans un ordre qui ne
manque jamais de nous étonner. Il créa l’homme le sixième jour après les
animaux de la terre. Le deuxième récit de la création décrit ce moment
spécifique : Dieu tire l’homme de la boue, de la glaise, et lui donne son
souffle. Et Dieu se repose le septième jour. Il fait de l’homme son
collaborateur. Mais qu’a fait le collaborateur ? Sa méchanceté et son péché l’ont conduit à la
mise à mort de celui qui voulait poursuivre son œuvre de libération. Le repos
de Dieu, le sabbat s’est transformé en apparent retour au tohu bohu, puisque ce
fut le jour où le Seigneur reposa dans le tombeau. Il fallait que le souffle de
Dieu, son esprit le ressuscite, qu’il se relève d’entre les morts pour
introduire tous les hommes dans la vie éternelle à sa suite.
Le Fils de l’homme est maître du sabbat, il vient faire de
la résurrection… son jour ! Le huitième jour dépasse en importance le
septième, c’est pourquoi nous le célébrons avant tout. Pour nous aussi la
lumière brillera dans les ténèbres et elle brille déjà lorsque nous sommes
éprouvés. « Partout et toujours nous subissons dans notre corps la mort de
Jésus afin que la vie de Jésus, soit manifestée elle aussi dans notre
corps. » Réjouissons-nous, car nous savons et nous sommes certains, que
l’Esprit du Dieu vivant donne la vie… et la liberté. Aimer le jour du Seigneur
c’est aimer la vie. Ecoutons pour conclure S. Jean-Paul II (Dies Domini).
« Avec Marie, les
fidèles apprennent à se tenir au pied de la croix pour offrir au Père le
sacrifice du Christ et y unir l'offrande de leur vie. Avec Marie, ils vivent la
joie de la résurrection, faisant leurs les paroles du Magnificat qui chantent
le don inépuisable de la miséricorde divine dans le déroulement inexorable du
temps: « Sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc
1,50). D'un dimanche à l'autre, le peuple pèlerin suit les traces de Marie,
dont l'intercession maternelle rend particulièrement intense et efficace la
prière que l'Église élève à la Très Sainte Trinité. » Amen.
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