Lors de la célébration de l’Epiphanie, nous avons fait mémoire de mon confrère Fr. Paul (François de Cornulier-Lucinière)
Chers frères et sœurs,
Nous avons une pensée particulière ce matin envers les personnes qui nous sont recommandées durant cette
Eucharistie et pour leurs familles. Vous me permettrez quelques mots après le
départ pour la maison du Père de mon confrère, frère Paul. Au commencement de notre ministère ici au Vorbourg, nous étions trois avec le Père Robert, ce qui nous permettait de méditer sur la
Trinité. Certains nous surnommaient les trois rois, ce qui nous amusait bien.
Puis vint le temps où nous nous sommes retrouvés à deux avec fr. Paul, ce qui
permettait de méditer sur les deux natures du Christ. Maintenant je suis pour
ainsi dire contraint de me pencher sur le mystère de Dieu un. La galette des rois aurait dû attendre toute la semaine pour que soit trouvée la fève pour le seul roi disponible, heureusement, j’ai obtenu de l’aide cette année.
Frère Paul qui était diacre est donc finalement parti suite
à une leucémie aiguë le 29 décembre, à l’âge de 80 ans, étant né à Meknès au
Maroc le 10 décembre 1938. Sa famille, de très ancienne tradition, s’en revint
ensuite dans la région de Nantes. Frère Paul y effectua sa scolarité, puis
entra au séminaire et voulut faire son service militaire, ce qui le conduisit
en Algérie, où il sut montrer qu’il n’appréciait pas du tout voir de mauvais
traitements infligés parfois aux prisonniers. Au séminaire, il côtoya,
parmi ses confrères séminaristes 2
futurs martyrs de Tibhirine, récemment béatifiés.
A la fin de son séminaire, ayant rencontré presque par
hasard dans le train, le Père Bonaventure Sodar, un des fondateurs de notre monastère,
il s’était retrouvé en Suisse.
Sa principale amitié spirituelle, il la réservait à Sainte
Thérèse de l’Enfant-Jésus qui l’aidait à faire usage de son ascenseur pour le
ciel et à se simplifier. Il appréciait également beaucoup Saint Louis-Marie
Grignon de Montfort qui avait œuvré dans sa région. Vous l‘avez vu persévérant fidèlement
dans son service et la prière, au cours des 23 ans qu’il a passés ici au
Vorbourg. Si nous avons dans l’esprit l’image de son état de malade, il est
certainement bon de rappeler ses qualités en période où il accomplissait
différemment sa mission. Etre malade, c’est aussi accomplir un service pour
l’Église, la remarque est valable pour tout le monde.
Fr. Paul était connu pour son amour du Latin et ses qualités
de traducteur. Il a d’ailleurs prêté ses services pour traduire bon nombre de
vie de nos saints jurassiens que vous trouvez sur le site abbaye-saint-benoit.ch.
Ici au sanctuaire, il avait la responsabilité du chant en
raison d’une des fonctions occupée et reconnue au monastère du Bouveret où il
était chantre. Il était aussi était féru de poésie, capable de nous débiter tout
un train de quatrain. Par modestie, il tenait fermement que son frère de Nantes,
était bien plus doué que lui dans cet exercice. Tant qu’il le put, il travailla
à la cuisine commune mais s’occupa aussi des fleurs. Il aimait beaucoup
observer les oiseaux et la nature, ce qui est commun aux moines habituellement.
En retournant à la maison du Père, il a retrouvé ses parents
et 5 de ses frères et sœurs, dont l’un Pierre-Noël qui était parachutiste,
avait sauté à Dien Bien Phu. Il en gardait un souvenir ému. Je vous serais
reconnaissant de prier pour son frère Benoît, dernier survivant de la fratrie, qui est affecté par ce départ et
pour lui, bien entendu,. Demandons au Seigneur
et à Notre-Dame de montrer une semblable fidélité à nos missions que lui à la
sienne et à ses vœux (51 ans de vie
monastique).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire