lundi 7 janvier 2019

Au revoir, fr. Paul




Lors de la célébration de l’Epiphanie, nous avons fait mémoire de mon confrère Fr. Paul (François de Cornulier-Lucinière)

Chers frères et sœurs, 

Nous avons une pensée particulière ce matin envers les personnes qui nous sont recommandées durant cette Eucharistie et pour leurs familles. Vous me permettrez quelques mots après le départ pour la maison du Père de mon confrère, frère Paul. Au commencement de notre ministère ici au Vorbourg, nous étions trois  avec le Père Robert, ce qui nous permettait de méditer sur la Trinité. Certains nous surnommaient les trois rois, ce qui nous amusait bien. Puis vint le temps où nous nous sommes retrouvés à deux avec fr. Paul, ce qui permettait de méditer sur les deux natures du Christ. Maintenant je suis pour ainsi dire contraint de me pencher sur le mystère de Dieu un. La galette des rois aurait dû attendre toute la semaine pour que soit trouvée la fève pour le seul roi disponible, heureusement, j’ai obtenu de l’aide cette année.
Frère Paul qui était diacre est donc finalement parti suite à une leucémie aiguë le 29 décembre, à l’âge de 80 ans, étant né à Meknès au Maroc le 10 décembre 1938. Sa famille, de très ancienne tradition, s’en revint ensuite dans la région de Nantes. Frère Paul y effectua sa scolarité, puis entra au séminaire et voulut faire son service militaire, ce qui le conduisit en Algérie, où il sut montrer qu’il n’appréciait pas du tout voir de mauvais traitements infligés parfois aux prisonniers. Au séminaire, il côtoya, parmi  ses confrères séminaristes 2 futurs martyrs de Tibhirine, récemment béatifiés.
A la fin de son séminaire, ayant rencontré presque par hasard dans le train, le Père Bonaventure Sodar, un des fondateurs de notre monastère, il s’était retrouvé en Suisse.
Sa principale amitié spirituelle, il la réservait à Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui l’aidait à faire usage de son ascenseur pour le ciel et à se simplifier. Il appréciait également beaucoup Saint Louis-Marie Grignon de Montfort qui avait œuvré dans sa région. Vous l‘avez vu persévérant fidèlement dans son service et la prière, au cours des 23 ans qu’il a passés ici au Vorbourg. Si nous avons dans l’esprit l’image de son état de malade, il est certainement bon de rappeler ses qualités en période où il accomplissait différemment sa mission. Etre malade, c’est aussi accomplir un service pour l’Église, la remarque est valable pour tout le monde.
Fr. Paul était connu pour son amour du Latin et ses qualités de traducteur. Il a d’ailleurs prêté ses services pour traduire bon nombre de vie de nos saints jurassiens que vous trouvez sur le site abbaye-saint-benoit.ch.
Ici au sanctuaire, il avait la responsabilité du chant en raison d’une des fonctions occupée et reconnue au monastère du Bouveret où il était chantre. Il était aussi était féru de poésie, capable de nous débiter tout un train de quatrain. Par modestie, il tenait fermement que son frère de Nantes, était bien plus doué que lui dans cet exercice. Tant qu’il le put, il travailla à la cuisine commune mais s’occupa aussi des fleurs. Il aimait beaucoup observer les oiseaux et la nature, ce qui est commun aux moines habituellement.
En retournant à la maison du Père, il a retrouvé ses parents et 5 de ses frères et sœurs, dont l’un Pierre-Noël qui était parachutiste, avait sauté à Dien Bien Phu. Il en gardait un souvenir ému. Je vous serais reconnaissant de prier pour son frère Benoît, dernier survivant de la fratrie, qui est affecté par ce départ et pour lui, bien entendu,. Demandons au Seigneur et à Notre-Dame de montrer une semblable fidélité à nos missions que lui à la sienne et  à ses vœux (51 ans de vie monastique).

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