Frères et Sœurs,
Comment aborder l’Épiphanie ? L’habitude la plus ancrée
dans nos traditions est celle de la galette des rois. Vous trouverez
certainement des explications sur internet qui la feront remonter à l’antiquité
romaine païenne. Aujourd’hui, chacun aborde précautionneusement son morceau de
gâteau espérant la couronne. Le problème, outre les risques encourus pour les
dentitions est qu’il n’y a qu’un roi, parfois accompagné d’une reine. Un roi
terrestre ne peut qu’être seul dans son royaume, surtout dans un contexte où la
royauté était considérée comme de droit divin. Hors les rois de l’Évangile, qui
sont des sages, des magoï, étaient trois. Il suffit de modestes
recherches pour trouver très facilement des explications sur les origines de ce
glissement royal qui n’a rien d’un faux-pas. Il commença par Tertullien, puis
s’approfondit avec Origène, tous deux figurent parmi les plus anciens auteurs
ecclésiastiques et commentateurs de l’Écriture.
Les rois évoquent des idées de pouvoir, de gloire, de
richesse, tout ce que nous n’avons pas. Ceux d’aujourd’hui nous sont si
sympathiques que nous nous sentons tous appartenir à un environnement qui
paraît attirant. Or, que font ces mages ? Ils viennent dans une étable
s’incliner devant un jeune enfant… qui serait le Messie, un terme qui va
effrayer Hérode. Ils ont suivi l’étoile de l’Orient, fait un long voyage…
poursuivant avec anxiété et ardeur cet astre qui s’éclipse au-dessus de
Jérusalem. Mystérieusement, ils ne trouveront leur chemin que par l’intermédiaire
des prêtres et des scribes qui connaissaient les Écritures et le lieu où devait
naître le Messie. L’indication est valable pour nous aussi qui recherchons le
Seigneur. L’Écriture nous apporte une lumière, elle brille avec plus de force
encore pour nous, depuis que le Seigneur a ouvert nos esprits à leur
compréhension. La recherche de la vérité et du Messie, de l’Enfant-Dieu produit
immédiatement des réactions de la part des forces du mal… Prêtres et scribes
donnent leur réponse devant Hérode seul. Et c’est Hérode lui-même qui envoya les
Mages à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur
l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille,
moi aussi, me prosterner devant lui. ». Il paraît s’être méfié du lieu puisqu’il
avait déjà construit tout près de là, une immense
forteresse où il aura son tombeau.
N’est-ce pas mystérieux ? Dieu lui-même utilise Hérode
comme intermédiaire et messager auprès des mages. Il utilise pour révéler aux
représentants de toutes les nations, celui qui veut la mort de son Fils.
Pourquoi ? C’est une grande question. Pourquoi l’étoile s’éteint-elle, pourquoi
Dieu met-il son Fils en danger ? Pourquoi l’envoie-t-il déjà en Egypte
avec ces personnages ? Voir les mages arriver, ce n’est pas du tout la
sécurité, mais déjà l’envoi en mission et le commencement de la lutte contre le
mal, par la fuite.
« L’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait,
(hors de Jérusalem) jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où
se trouvait l’enfant. »
Et les trois sages s’inclinent, non à l’Hérodion mais devant
l’étable. Avec eux, tous les hommes viennent s’agenouiller devant ce petit
pauvre et déposent leurs trésors, l’or, l’encens et la myrrhe. Benoît XVI
relevait dans une de ses homélies pour l’Épiphanie que « selon
la mentalité qui régnait à cette époque en Orient, ces cadeaux représentent la
reconnaissance d'une personne comme Dieu et Roi: Ils sont donc un acte de
soumission. Ils veulent dire qu'à partir de ce moment, les donateurs
appartiennent au souverain et reconnaissent son autorité. »
Pour cette raison, ils n’obéiront plus à Hérode, comme ils
l’ont fait à Jérusalem. Ils changent de roi et vont aussi changer de chemin
pour rentrer.
Un auteur ancien, Maxime le Confesseur, nous résume à sa
manière l’Épiphanie. (Centuries sur la charité). Il ne s’agit plus seulement de
changer de souverain terrestre, il faut aller plus loin : « L'étoile
venue de l'Orient apparaît et elle conduit les Mages à l'endroit où se trouve
le Verbe incarné ; elle montre ainsi de façon mystérieuse, qu'elle dépasse la
parole contenue dans la Loi et les Prophètes, et qu'elle conduit les nations
vers la lumière de la connaissance supérieure du Verbe incarné. L'étoile,
considérée avec piété, conduit ceux qui répondent volontiers à l'appel de la
grâce. »
A quoi sert la grâce ? Elle est notre étoile
intérieure, elle nous apporte la miséricorde de Dieu et veut faire de nous, des
enfants de Dieu, des rois avec ce petit roi de la crèche ; il s’agit de rois
qui avec lui et avec elle, doivent se bouger et se mettre en chemin, selon la
thématique chère au pape François.
Que manque-t-il souvent dans notre cœur ? « A la
fin, ce qui manque, c'est l'humilité authentique, qui sait se soumettre à ce
qui est plus grand, mais également le courage authentique, qui conduit à croire
à ce qui est vraiment grand, même si cela se manifeste dans un Enfant sans
défense. »
Aujourd’hui nous nous sommes retrouvés pour fêter les rois,
n’est-ce pas pour fêter avec les rois, l’Enfant sans défense ? Il nous
invite à devenir comme lui.
Regarde-donc autour de Toi, petit Roi des Juifs et Roi du
ciel, dans les richesses qui sont là, les nations qui ne savent pas que Tu les
aimes.
Marie pourra te raconter qu'avec nous, après les bergers
tout l'univers s'est rassemblé sous ton étoile. Amen.
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