Frères et Sœurs, nous voici donc de plain-pied dans le temps ordinaire puisque nous en célébrons aujourd’hui le 2ème dimanche sur un thème qui doit parler au plus grand nombre : les noces de Cana.
Il ne nous faut pas en négliger un second, celui de l’Unité des chrétiens. Je vous ai déjà signalé que dans notre chapelle qui a connu un développement important à des époques où ce n’était pas le premier souci, nous avons une représentation de Notre-Dame qui constitue en quelques sorte une pierre d’attente. Il s’agit de l’ex-voto sur ma droite qui est une copie d’un tableau de Cranach l’ancien. Elle se trouve à Innsbruck et a connu une certaine popularité dans les régions germaniques au nord des Alpes. Je vous laisse tapoter sur vos claviers d’ordinateurs ou vos tablettes et autres téléphones pour d’autres infos. Le thème pour cette semaine de l’unité des chrétiens nous vient d’Indonésie 265 millions d’habitants, 86% de musulmans, le plus grand pays musulman. Il compte toutefois environ 10% d’indonésiens chrétiens de traditions diverses. Il va sans dire qu’il nous faut prier pour eux, le contexte est difficile. Le Thème qu’ils nous proposent : TU RECHERCHERAS LA JUSTICE, RIEN QUE LA JUSTICE (Dt 16,18-20) et celui plus spécifique à cette journée : Le Seigneur est bienveillant et miséricordieux (Psaume 145,8)
Au début de cette Eucharistie demandons au Seigneur de nous faire goûter à la grâce de sa miséricorde dont la qualité et l’abondance dépasse celle de tous les grands crus. Reconnaissons que nous sommes pécheurs.
Evangile des noces de Cana
Homélie
Mais où se cache la mariée ? Frères et Sœurs, c’est
habituellement la question que posent les commentateurs de cet évangile des
noces de Cana. Elle est extrêmement discrète. Voilà qui peut nous rappeler une
tradition, celle que la mariée se fasse attendre et désirer lorsqu’on célèbre
un mariage en ces murs vénérables qui ont vu défiler tant de couples.
Les noces de Cana se déroulent dans un village à environ 8
km au nord-est de Nazareth et Jésus va y accomplir le premier des 7 signes que
nous rapporte saint Jean. Cana devrait signifier roseau, nom qui devrait aujourd’hui
surtout nous inviter à penser, si nous nous mettions à l’école de Pascal.
Quand cet événement s’est-il passé ? Ceux qui nous ont
préparés ce passage dans le lectionnaire ont donné un coup de ciseau au texte.
Saint Jean précise que c’était le troisième jour. Le premier Jésus est baptisé
par Jean-Baptiste dans le Jourdain, le deuxième il appelle ses premiers
disciples et le troisième, il se rend à cette fameuse noce. Je vous avais
rappelé le jour de la fête des rois, que nous appelons épiphanie., nous
regroupons sous ce nom la visite des rois, le baptême du Christ et Cana.
On utilise aussi le terme de théophanies, pour qualifier les
jours où Dieu se manifeste. Celle d’aujourd’hui se déroule le troisième jour,
il peut être intéressant de relever que dans l'Ancien Testament, le
troisième jour est le jour de la théophanie, comme par exemple dans le récit
central de la rencontre entre Dieu et Israël au mont Sinaï (cf Benoît XVI
JN I).
Nous n’allons
pas nous n’allons pas rendre le risque de nous perdre dans la symbolique des
chiffres.
Au début de notre
modeste parcours, nous nous étions demandés : mais où donc est passée la
mariée dans cet Évangile. Le même type de question m’est venu à l’esprit en
recherchant une illustration. Je suis tombé sur un tableau célèbre de Véronèse
intitulé justement les noces de Cana. La représentation est gigantesque… Elle
se trouvait dans le réfectoire des bénédictins de l’église saint George à
Venise. Ils doivent aujourd’hui se contenter d’une copie, Napoléon ayant
emporté l’original dans ses bagages. Il se trouve au Louvre et la France n’a
pas voulu le restituer. Ce tableau a ceci de particulier qu’on voit en son
centre le Christ et Marie. Mais où sont donc passés les mariés ? Parmi un
ensemble de personnage Vénitiens d’un certain âge et qui ne sont pas dépourvus
de biens, on retrouve de manière inopinée nos tourtereaux dans un bout de
table. Le positionnement est curieux. Quel contraste entre les richesses
déployées et le mariage de l’Évangile.
La place de
Jésus et de Marie dans ce tableau a toutefois son importance, parce qu’elle
manifeste l’importance de ce qui s’est déroulé à Cana. A Cana, il n’y avait
plus de vin pour mettre de la joie au cœur des invités. Et Jésus vient se
mettre au service de notre joie, de la joie de tous les hommes et pas seulement,
mais aussi de celle de ce petit couple qui a eu bien de la chance.
Marie a remarqué la gêne dans laquelle ils allaient se
retrouver et elle demande à Jésus d’intervenir. La réponse paraît
bougonne : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Il annonce son heure, celle de sa mort et de sa résurrection le troisième
jour. Ce n’est pas simplement ce petit couple qui n’a plus de vin, mais
bien Israël et toute l’humanité qui a besoin du plus extraordinaire, de la
grâce de Dieu.
« Les grandes amphores de pierre que Jésus fait remplir
d’eau pour les transformer en vin (v. 7), dit le pape François, sont le signe
du passage de l’ancienne à la nouvelle alliance : à la place de l’eau utilisée
pour la purification rituelle, nous avons reçu le sang de Jésus, versé de
manière sacramentelle dans l’Eucharistie et de manière sanglante dans la
Passion et sur la Croix. » Il n’y avait que de l’eau, et maintenant c’est
le vin des noces qui nous est servi.
Jésus a commencé
son ministère par un mariage, parce que le thème du mariage est d’une très
grande importance dans la symbolique juive. Il traduit l’union de Dieu avec son
Peuple Israël. Si Jésus et Marie sont au centre de notre attention, c’est que
Jésus est l’époux et que Marie représente l’Église. Les allusions au banquet
messianique de la fin des temps où le roi marie son fils, sont fréquentes dans
le nouveau testament, jusque dans l’apocalypse.
Nous pouvons aussi tirer un enseignement qui a son intérêt. Le
Seigneur vient remettre l’homme et la femme au centre du tableau des noces, réconciliés
avec Dieu, ils vont pouvoir à nouveau jouer leur rôle, participer à la restauration
du monde que Dieu a créé et aime, a toujours et continuera toujours et
définitivement d’aimer.. C’est important pour nous de nous rappeler ce
relèvement qu’opère Jésus. Il nous invite à découvrir ou à redécouvrir
l’importance du mariage comme un signe porteur de la grâce de Dieu, un grand
signe positif et de vie.
Marie nous fait une prière, pouvons-nous lui présenter un
refus, que faire d’autre que d’y accéder ? Sa mère dit à ceux qui
servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Amen.
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