Le Bon Samaritain (Vincent van Gogh)
14 JUILLET 2019
dimanche, 15ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C
Lectures de la messe
Première lecture« Elle est tout près de toi, cette Parole, afin que tu la mettes en pr...Dt 30, 10-14
Deuxième lecture« Tout est créé par lui et pour lui »Col 1, 15-20
Évangile« Qui est mon prochain ? »Lc 10, 25-37
Frères et Sœurs,
Nous avons entendu tout à l’heure le splendide hymne aux
Colossiens que Benoît XVI avait analysée dans une audience : Le cœur de
l'hymne est constitué par les versets 15-20, dans lesquels le Christ entre en
scène de manière directe et solennelle, il est défini comme « image » du « Dieu
invisible » (v. 15). Le terme grec eikon, « icône », est cher à l'Apôtre: dans
ses Lettres, il l'utilise neuf fois en l'appliquant aussi bien au Christ, icône
parfaite de Dieu (cf. 2 Co 4, 4), qu'à l'homme, image et gloire de Dieu (cf. 1
Co 11, 7). Toutefois, avec le péché, celui-ci « a changé la gloire du Dieu
incorruptible, contre une représentation, simple image d'hommes corruptibles »
(Rm 1, 23), choisissant d'adorer les idoles et devenant semblable à elles.
Celui qui est au-dessus de tous est venu à nous en se
dépouillant de sa divinité. Il s’est fait homme, petit enfant. Il s’est fait serviteur
et a donné sa vie. C’est un anéantissement au terme duquel, il est relevé,
exalté à la droite du Père où et d’où il va tous nous attirer.
Nous parlions de couronnes au début de cette célébration, ce
qui fait frémir nos cœurs de démocrates. Ils le font également devant la description
de Paul si nous en prenons la mesure. Qui donc est au-dessus de nous et de
la volonté commune et collective ? Nous avons toutefois une hésitation
devant notre fragilité perceptible tous les jours et nos limites bien
palpables. Sommes-nous vraiment maîtres du bien et du mal ou « Par-delà le
bien et mal… » pour prendre le titre d’un ouvrage connu de Friedrich
Nietzsche philosophe et professeur de philologie à Bâle. Une sorte de surhomme,
serait-il né en notre temps ? Le philosophe disait selon certains que «
Dieu est mort ». Un autre personnage, Loisy ironisait avant lui : « Jésus
annonçait le royaume, et c’est l’Eglise qui est venue ».
Si nous ne sommes pas au-delà de Dieu, si nous ne sommes pas
comme Dieu, nous avons la faculté de l’approcher. « J’ai dit : Vous
êtes des dieux… ». Certes, mais par participation. Comment atteindre Dieu, comme le toucher,
comment toucher la frange de son manteau ? Comment se laisser toucher par
lui ? Par le moyen des commandements et de la loi.
Le docteur de la loi posait à Jésus tout à l’heure une
question qui paraît un peu cérébrale. Jésus le fait répondre lui-même : « Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta
force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Où est-elle donc cette parole de Dieu ? On pourrait imaginer
une immense bibliothèque virtuelle avec un moteur de recherche ultrapuissant…
qui nécessite encore d’autres programmes pour trier les résultats ?
Comment assimiler et embrasser tout ça ? En opérant une première
réduction…
Nous n’avons pas besoin de courir chercher cette Parole au-delà
des mers, sur les rivages de nos vacances, nous n’avons pas besoin d’escalader
les montagnes : « Elle est tout près de toi, cette Parole,
elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique.
»
Un évangile, c’est tout petit, on peut l’apprendre par cœur,
ou le porter sur soi, sur son cœur et même aller avec lui au-delà des mers ou
sur des rivages, on peut faire la file pour escalader le Mont-Blanc, et
l’Everest si on en est capable… Tant mieux ! Mais le Seigneur est là tout
près. Il est aussi tout près de nous. Lire c’est bien, mettre en pratique cette
parole, c’est encore mieux.
Deuxième réduction et retour au réel et tangible, celui du
prochain ! Le pape François dans une audience commentait : « cet
homme pose une question, qui devient très précieuse pour nous : « Et qui est
mon prochain ? » (v. 29), en sous-entendant : « Mes parents ? Mes concitoyens ?
Ceux de ma religion ?... ». En somme, il veut une règle claire qui lui permette
de classifier les autres entre les « prochains » et les « non-prochains »,
entre ceux qui peuvent devenir prochains et ceux qui ne peuvent pas devenir
prochains. » C’est exactement cela. Il y a mes proches prochains et mes
pas du tout prochain, surtout mon voisin qui pourrait être plus discret parce
qu’il a des problèmes trop visibles. Quant on se considère comme étant vraiment
très bien on a de la peine à trouver des prochains et on porte de ces lunettes
d’étoffe noires pour faire la sieste en plein jour. Cool, je ne vois personne…
Donc « Moi, Je suis ! » Ego eimi. Je suis tout seul en effet,
alors que j’ai besoin de pouvoir décoller dans la vie spirituelle.
Qui est donc mon prochain ? Nous avons bien souvent
l’occasion de répondre… Cent fois en regardant autour de nous aujourd’hui. Cela
nous fait cent fois cent prochain… de quoi nous emmêler, pire que sur la toile
internet… Vous connaissez ces sortes de liens dessinés entre des bustes de bons
hommes. On aime dire que le mot de religion vient de relier, tisser des liens.
Avec Dieu en haut dans le ciel, certainement, mais aussi tout près entre les
hommes. Il est dans leur coeur. Cela permet de créer une immense toile pour
nous faire voler jusqu’au ciel, jusqu’au Père qui nous attrape. Voilà un
trampolino spirituel, si vous aimez les images.
Oui le Christ est l’image du Dieu invisible, oui il siège à
la droite de son Père, oui tout pouvoir lui a été donné, mais pour nous
apprendre à aimer et ce pouvoir est celui de l’Esprit-Saint qui nous
accompagne.
Salut, Reine, Couronnée d’étoiles, Mère de Miséricorde,
notre Vie, notre Douceur, et notre espérance, salut. Tourne donc, ô notre
Avocate, tes yeux miséricordieux vers nous. Amen !
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